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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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maintenant.
    Léonie retrouva enfin l’usage de sa langue.
    — Tante Isolde, de grâce, pardonnez ma grossièreté.
    — Il n’y a rien à pardonner, lui répondit Isolde en souriant. À présent, asseyez-vous. Nous allons d’abord prendre le thé, puis Marieta vous montrera vos chambres.
    Dès qu’ils furent installés, on leur apporta une théière en argent, une cruche de limonade fraîche, ainsi que des plateaux de délicieuses friandises.
    Isolde se pencha en avant et servit le thé.
    — Quel parfum merveilleux, dit Anatole en respirant un arôme délicat de bois de santal ! Qu’est-ce ?
    — C’est mon propre mélange de lapsang souchong et de verveine. Je le trouve tellement plus rafraîchissant que ces thés anglais et allemands si prisés, trop forts à mon goût.
    Isolde tendit à Léonie une coupelle de porcelaine remplie de lamelles de citron.
    — Le télégramme de votre mère acceptant l’invitation que je vous avais adressée était tout à fait charmant. J’espère avoir bientôt l’occasion de la connaître. Peut-être pourrait-elle venir au printemps prochain ?
    Léonie songea au peu de sympathie que sa mère avait pour le Domaine où elle ne s’était jamais sentie chez elle, mais par souci des convenances, elle mentit allègrement.
    — Maman en serait ravie. Elle n’était pas bien en début d’année, un coup de froid dû à la rigueur de l’hiver, sinon elle n’aurait pas manqué de venir rendre les derniers hommages à l’oncle Jules.
    Isolde sourit, puis se tourna vers Anatole.
    — J’ai lu dans les journaux que la température était descendue bien en dessous de zéro à Paris. Est-ce possible ?
    Les yeux d’Anatole s’allumèrent.
    — En effet. On se serait cru en pleine glaciation. La Seine elle-même était gelée, et tant de malheureux mouraient la nuit dans les rues que les autorités ont dû leur ouvrir les gymnases, les salles d’armes, les écoles et les bains publics. On a même installé un asile de nuit au Champ-de-Mars dans le palais des Arts libéraux, à l’ombre de la fameuse tour de M. Eiffel.
    — Les salles d’armes aussi ?
    — Oui, pourquoi ?
    — Pardonnez-moi, dit Isolde, mais en voyant la marque que vous avez au-dessus de l’œil, je me suis dit que vous faisiez peut-être de l’escrime.
    — Anatole a été agressé il y a quatre nuits, intervint Léonie. Le fameux soir des émeutes du palais Garnier.
    — Léonie, je t’en prie, protesta-t-il.
    — Vous avez été blessé ? s’enquit Isolde avec vivacité.
    — Juste quelques égratignures et quelques bleus. Rien de grave, répondit-il en jetant un regard noir à Léonie.
    — Vous n’en avez pas entendu parler ? s’étonna Léonie. Les arrestations des abonnés ont fait les gros titres des journaux, à Paris.
    Isolde gardait les yeux fixés sur Anatole.
    — On vous a dérobé quelque chose ? lui demanda-t-elle.
    — Ma montre de gousset, que je tenais de mon père. Mais ils ont dû s’enfuir au beau milieu de leur larcin.
    — Ce n’était donc qu’un simple vol à la tire ? répéta Isolde comme pour mieux s’en persuader.
    — Mais oui, rien de plus qu’un mauvais coup.
    Un drôle de silence s’installa.
    Puis, se rappelant soudain ses devoirs, Isolde se tourna vers Léonie.
    — Votre mère a passé une partie de son enfance ici, au Domaine de la Cade, n’est-ce pas ?
    — En effet.
    — Elle a dû se sentir bien seule sans autre enfant pour lui tenir compagnie.
    Léonie sourit, soulagée de n’avoir pas à mentir à ce propos, et répondit sans réfléchir.
    — Avez-vous l’intention de vous installer ici ou de retourner vivre à Toulouse ?
    Les yeux gris d’Isolde se voilèrent.
    — À Toulouse ? Je ne vois pas…
    — Léonie ! dit vivement Anatole.
    Elle rougit, mais soutint le regard de son frère.
    — À ce que maman m’a dit, il m’a semblé comprendre que tante Isolde venait de Toulouse.
    — Ne craignez rien, Anatole, je n’en prends pas ombrage, dit Isolde. En fait, j’ai grandi à Paris.
    Intriguée, Léonie se pencha en avant en ignorant délibérément son frère. Elle était de plus en plus curieuse d’apprendre comment sa tante et son oncle avaient fait connaissance. D’après le peu qu’elle savait sur l’oncle Jules, leur couple semblait bien mal assorti.
    Mais Anatole la devança, et l’occasion fut ratée.
    — Avez-vous des contacts avec Rennes-les Bains ?
    — Très peu, car mon défunt mari

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