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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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aux livres d’histoire locale. C’était sans doute là qu’Anatole était tombé sur la monographie de M. Baillard, supposa-t-elle. En s’enfonçant dans l’espace confiné, plus sombre, plus humide, elle sentit l’excitation la gagner.
    Elle parcourut les rangées serrées de livres jusqu’à la lettre B et n’y découvrit aucun espace. Déconcertée, elle glissa quand même le mince volume là où elle pensait qu’était sa place, puis retourna vers la porte.
    Alors seulement elle remarqua trois ou quatre vitrines contre le mur situé à droite de la porte, qui devaient contenir les ouvrages les plus précieux. Un escabeau coulissant était fixé à une rampe de cuivre. Léonie le saisit à deux mains et tira aussi fort qu’elle put. L’escabeau grinça un peu, mais il se rendit sans résistance, et elle put le faire glisser le long de la rampe jusqu’au milieu. Alors, calant les marchepieds, elle les déplia et grimpa, un peu gênée par l’ampleur de ses jupons en taffetas froufroutant, qu’elle coinça entre ses jambes.
    Elle s’arrêta sur l’avant-dernière marche. En s’arc-boutant sur les genoux, elle scruta ce qui se trouvait derrière la vitrine, mais la lumière provenant des deux hautes fenêtres l’aveuglait trop, et elle dut mettre ses mains en coupe afin de distinguer dans le clair-obscur de la vitrine les titres qui figuraient au dos des livres.
    Le premier s’appelait Dogme et rituel de la haute magie, de Éliphas Lévi. Ensuite venait un volume intitulé Traité méthodique de science occulte. Sur l’étagère au-dessus, plusieurs écrits de Papus, Court de Gébelin, Etteilla et MacGregor Mathers. Elle n’avait jamais lu ces auteurs, mais savait qu’ils étaient occultistes et considérés comme subversifs. Leurs noms apparaissaient régulièrement dans les colonnes des journaux et périodiques.
    Léonie allait redescendre quand son œil fut attiré par un gros volume relié en cuir noir, moins tapageur d’aspect que les autres, exposé de profil. Le nom de son oncle figurait sur la couverture, en lettres d’or et en relief, sous le titre Les Tarots.

35.
    Paris
     
    Quand une aube brumeuse et hésitante pointa sur les bureaux du commissariat de police du 8 e arrondissement, rue de Lisbonne, les esprits étaient déjà passablement échauffés.
    Le corps d’une femme identifiée comme étant celui de M me Marguerite Vernier avait été découvert peu après 21 heures, le soir du dimanche 20 septembre. La nouvelle leur avait été transmise par téléphone de l’une des nouvelles cabines publiques installées au coin de la rue de Berlin et de la rue d’Amsterdam, par un journaliste du Petit Journal.
    Le nom de la défunte étant associé à celui d’un héros de la guerre, le général Du Pont, le préfet Laboughe avait été rappelé d’urgence de sa résidence à la campagne pour superviser l’enquête.
    De fort méchante humeur, il traversa la première pièce qui ouvrait sur l’extérieur et, une fois entré dans la seconde, lâcha sur le bureau de l’inspecteur Thouron une pile de journaux, les premières éditions du matin.
    Un meurtre à la Carmen ! Un héros de la guerre en détention ! Une querelle d’amoureux qui finit dans le sang !
    — Que diable signifie tout cela ? tonna Laboughe.
    Subissant ses foudres avec humilité, Thouron se leva, murmura un salut respectueux, puis débarrassa les journaux qui encombraient la seule chaise laissée vacante dans la pièce exiguë et enfumée. Ôtant son haut-de-forme, le préfet se laissa tomber sur la chaise, qui gémit dangereusement sous son poids, mais tint bon.
    — Eh bien, Thouron ? lança-t-il d’un ton impérieux, les mains croisées sur le pommeau de sa canne, dès que l’inspecteur eut rejoint sa place. J’exige des explications. Comment ces journaleux ont-ils pu obtenir tant de détails réservés à l’enquête ? L’un de vos hommes aurait-il bavé ?
    L’inspecteur Thouron avait la mine défaite d’un homme qui a vu le jour se lever sans avoir fermé l’œil de la nuit, des cernes noirâtres, la moustache triste, des poils drus sur le menton.
    — Non, monsieur, je ne le crois pas, assura-t-il. Les journalistes étaient déjà sur les lieux quand nous sommes arrivés.
    Laboughe le scruta sous la barre de ses sourcils broussailleux.
    — On les aurait tuyautés ?
    — Apparemment.
    — Qui donc ?
    — Nul ne le sait. L’un de mes gendarmes a pu entendre quelques mots

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