Serge Fiori : s'enlever du chemin
derrière. Il devise avec Danielle et ne réalise
pas que Majoly traîne assez loin derrière eux. Soudain, Fiori entend des hurlements et se retourne aussitôt : il ne voit
pas Majoly, mais aperçoit un attroupement de personnes
qui forment un cercle : il se passe quelque chose. Il s’approche et constate que les quatre filles de la Chevrolet rose
sont en train de tabasser son amoureuse, qui est couchée
sur le trottoir, pliée en deux ; ils la rouent de coups de pied
et de coups de poing. Le musicien se précipite pour porter
secours à Majoly, mais l’une des filles l’apostrophe et lui
lance : « Who are you, mother fucker ? » Elles sont quatre,
plutôt baraquées pour des filles, sans doute des athlètes, et
pas mal intoxiquées de surcroît. Fiori n’a pas le temps de réfléchir : il reçoit un coup de pied aux côtes ; les filles portent
des chaussures à talons aiguilles, et l’impact est très douloureux. Il se relève et, voyant Majoly qui lutte pour s’extirper des griffes de ces furies, crie à la ronde : « Pouvez-vous
nous aider ? Elles sont quatre sur nous ! » Seul l’écho des
talons des assaillantes qui martèlent le trottoir lui répond.
Alors que Majoly vient de réussir à se dégager de la prise de deux des assaillantes et qu’elle titube en tentant de
s’appuyer contre le mur de briques de l’établissement, les
deux autres l’empoignent et la projettent de nouveau par
terre. Elles redoublent d’ardeur et la frappent violemment
au ventre, à grands coups d’escarpins. Fiori est sidéré, il
croit voir le diable en personne. De toute sa vie, il n’a jamais été témoin d’autant de violence gratuite. Furieux, il
se relève, saisit deux des filles, les cloue au sol et demande
à des passants de stopper les deux autres. Peine perdue, les
badauds s’éloignent, comme s’ils n’avaient rien vu ni rien
entendu. Les deux filles laissées libres se ruent sur Serge, le
saisissent à la gorge, le renversent au sol et le traînent par
les cheveux sur une distance de huit pieds. Tant bien que
mal, Majoly et Fiori réussissent à se dégager de l’étreinte
de leurs bourreaux et à se sauver au coin de la rue suivante,
espérant se mettre à l’abri. Une fraction de seconde plus
tard, ils entendent le cri des hyènes assoiffées et ils sont
agressés de nouveau, dans l’indifférence générale. Cette
fois, la charge dure vingt minutes. Vingt interminables
minutes de descente aux enfers, de violence déchaînée,
de coups, de cris, de larmes, de sauvagerie. Quand, finalement, étonnés de ne pas être morts, ils réussissent à se
dégager une nouvelle fois, ils courent en direction du prochain feu de circulation. Dans leurs dos retentit le cri glaçant de l’une des démones : « Hey, mother fucker ! » Ils ne
sont pas au bout de leurs peines.
Troisième assaut : les coups pleuvent de nouveau. Chaque fois que Fiori réussit à maîtriser les filles qui rossent
Majoly, les autres se ruent sur lui et lui font perdre prise ;
dans ce cercle infernal, il y en a toujours au moins deux qui
s’acharnent sur son amoureuse. Finalement, la police intervient, alertée par l’appel d’un témoin sur une terrasse.
Lorsque le premier agent s’approche de Majoly, elle ne
peut plus bouger. Elle gît par terre, méconnaissable, ensanglantée, les vêtements déchirés, les boucles d’oreilles
arrachées. Elle est paralysée, rompue, brisée. Les policiers
appréhendent les quatre filles et arrêtent également Fiori.
Majoly, consciente, arrive tant bien que mal à se relever. Le
couple suit les policiers au poste pour une déposition qui
va durer jusqu’au lever du jour. Au même moment, dans
un local adjacent, les quatre sympathiques jeunes filles racontent leur version des faits.
Fiori soutient Majoly qui peine à marcher. Il devient son
infirmier et il tente de prendre soin d’elle. Cette agression
l’extirpe de sa période de débauche et il prend vivement
conscience du sérieux de cette attaque, et des séquelles
qu’elle laissera. Majoly sombrera effectivement dans une
dépression ; Serge se sentira impuissant et démuni. Majoly
souffre durant des semaines : elle ne dansera plus pendant
un très long moment.
L’incident survient dans une période où Serge – Majoly
aussi, sans doute – s’interroge sur l’avenir de son couple.
Cette sauvage attaque vient tout changer
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