Serge Fiori : s'enlever du chemin
existait déjà dans le matériel tourné auparavant. De fait, le compositeur sénégalais que j’ai revu par la
suite m’a dit : “Comme j’aimerais pouvoir retravailler avec
Serge et Majoly.” Un bel hommage.
« Je me souviens avoir présenté ce film au Festival de
Berlin en 2004, et ce qui était inimaginable arriva : le grand
jury du Festival nous a accordé son Ours d’argent pour la
meilleure musique de film présentée à Berlin cette année-là ! J’ai pris le téléphone – il était minuit à Berlin – pour appeler Serge. Je l’ai réveillé, parce qu’il devait être six heures
du matin à Montréal, mais j’étais trop heureux de lui dire
qu’on avait gagné ! Avec lui, j’ai eu des rencontres occasionnelles, avec mon épouse. On allait manger ensemble avec
Majoly. Je suis allé le voir aussi, à la Place des Arts, diriger
l’orchestre de son père. J’aimais la simplicité de Serge, sa
chaleur humaine, son humour. Même sur la scène de la
Place des Arts, il était simple, comme d’habitude. Dans ma
vie, j’ai eu à travailler avec plusieurs musiciens, mais avec
Serge, je peux dire que c’était particulièrement agréable.
Il y avait quelque chose de spécial et de poétique chez lui
qui fait que j’aurais toujours du plaisir à travailler avec lui
si l’occasion se représentait.
« Je ne l’ai revu que quelques années plus tard, lors du
spectacle hommage aux Francofolies en 2006. Je l’avais
invité à un quatrième projet, The Outlaw League , mais ce
projet n’a jamais abouti. Je n’ai malheureusement plus travaillé avec lui. Il y a encore aujourd’hui des gens qui me
parlent de la musique de ces films. Certains ont encore le
DVD et sont éblouis par le fantastique de ces œuvres. »
Malgré leurs activités créatrices, le couple Serge et Majoly part doucement à la dérive. Serge n’est plus sûr que les
liens qui les unissent sont les bons. Il craint d’avoir poursuivi cette relation amoureuse par sens des responsabilités, parce que Majoly avait subi une épreuve aussi injuste
que douloureuse. Lui-même enclin à de violentes crises
de panique, il n’est pas certain d’être en mesure d’aider la
danseuse encore ni même de l’aimer. Il ne doute pas de
la sincérité de cette dernière, mais il n’est plus lui-même ;
il est empêtré dans cette union. Majoly possède une vision
plus romantique de leur relation et elle aurait tout pris : le
mariage, la maison, les enfants. Mais Serge n’est pas ferré
pour une telle vie ; l’adolescent qui sommeille en lui n’est
pas prêt à se lancer dans cette aventure. Pendant un moment, ils voguent de ruptures en réconciliations, puis un
jour, les différences deviennent irréconciliables : ils rompent définitivement. Serge Fiori vient de mettre un terme
à sa plus longue relation amoureuse et il doit retourner à
sa solitude.
Fiori explore alors diverses avenues. Il enregistre et réalise des albums pour de jeunes musiciens qui l’approchent.
Il œuvre notamment pour le compte de l’émission Les
Pourris de talent pour le Groupe Un , pour Pascale Picard
et pour le guitariste Éric Mongrain. Il aide aussi d’autres
artistes en leur prodiguant généreusement ses conseils et
ses commentaires. Il n’arrête jamais.
Minisérie et nouvelles rencontres
Quelques années plus tard, au cours d’une période où
Serge a recommencé à trouver le réconfort dans l’alcool,
Paul Dupont-Hébert le convoque à une rencontre en compagnie de Louis Valois et de Michel Normandeau. Ces derniers ont du mal à reconnaître en Serge le musicien sobre
des années d’Harmonium. Ils ont plutôt devant eux un
Fiori sur le party, vaguement ivre, extraverti et un peu perdu. Dupont-Hébert souhaite informer les trois hommes
qu’il a proposé l’idée de faire une minisérie télévisée portant sur Harmonium, une série destinée à être diffusée par
le réseau TQS, qui serait sur le point de donner son aval
au projet. Scénarisée par Guy Boutin et Andrée Pelletier,
la biographie musicale du groupe compterait quatre épisodes de quarante-trois minutes qui seraient diffusés au
printemps 2003.
Le trio accepte la proposition, mais demande à voir le
scénario. Les points de vue de chacun divergent à la suite
de la lecture du scénario. Ça ne correspond pas du tout à
la véritable histoire du groupe, selon Louis et Serge. Une
grande partie de l’aventure
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