Serge Fiori : s'enlever du chemin
résumer la carrière du groupe à
partir d’archives et grâce à un spectacle de l’heptade enregistré au théâtre Outremont, le quatre mars 1977.
Un soir qu’ils sont tous les deux au TNM pour assister à
un spectacle dans le cadre du Festival de jazz, Serge aperçoit, accoudé au bar, son ami Grimaux, qu’il n’a pas revu
depuis plusieurs années. Il le connaît tellement que même
de dos, il l’identifie sans hésitation. Fiori s’approche et lance un tonitruant « GRIMAUX ! » ; l’autre se retourne et s’exclame : « FIORI ! » Alors, comme dans une scène tournée au
ralenti, les deux hommes s’élancent, « deux grands téteux qui courent dans un champ de fleurs », et se jettent dans
les bras l’un de l’autre, leurs larmes se mêlant à leurs rires.
Ce sont d’émouvantes retrouvailles.
Ils commandent du vin, se disent où ils en sont. Grand
Ami d’André Simard, Grimaux vend les billets du Festival de
jazz à travers le réseau Ticketpro, dont il est propriétaire. Il
vient donc de plus en plus souvent à Montréal. Ce jour-là, il est accompagné par Nathalie Chalifour, une avocate
qui le représente dans de nombreux dossiers. Ils discutent
de leurs différents intérêts professionnels et réitèrent leur
souhait de travailler de nouveau ensemble. Au cours de
cette conversation, Fiori laisse entendre à Grimaux qu’il
aimerait élaborer un documentaire sur Harmonium avec
Louis Valois. Quelques jours plus tard, Grimaux rappelle
Serge pour lui signifier qu’il a rencontré des gens de TVA et
qu’ils sont très intéressés par ce projet de documentaire.
Excités, Serge et Louis se mettent au boulot .Ils élaborent
un plan, partagent leurs idées : ils bourdonnent de créativité. En session de travail, Fiori est d’une sobriété exemplaire, mais dès qu’il rentre chez lui, il renoue avec son
cocktail alcool et médicaments, l’alcool visant à contrer les
effets des cachets, ce qui l’entraîne dans un véritable cercle vicieux, mais puisque la création va bon train, il continue d’enchaîner les soirées bien arrosées et les sorties au
théâtre sans trop se faire de bile.
Un soir qu’il assiste au plus récent spectacle de Robert
Lepage, il demande à rencontrer le célèbre metteur en scène après la pièce. Lepage s’empresse d’accepter et un souper est aussitôt organisé. Lepage, Serge et Suzanne se retrouvent au restaurant pour discuter d’un éventuel projet
qui anime l’esprit de Fiori depuis quelque temps. Il pense à
un spectacle en 3D, une présentation multimédia, un show virtuel, comme on en retrouve à Las Vegas, sur un écran
en trois dimensions, qui raconterait l’histoire de l’heptade. Lepage se montre très intéressé.
Ces deux projets, le documentaire et le spectacle 3D, qui
initialement emballaient Serge Fiori, s’étireront sur quelques années durant lesquelles rien ne viendra naturellement : ce parcours de création se révèle parsemé d’écueils
et d’embûches. Serge ne se reconnaît ni dans les propositions de TVA ni dans la façon de travailler de Robert Lepage. Il se sent comme un carré qu’on tenterait de forcer à
entrer dans un cercle : les tensions s’accumulent.
Grimaux, qui s’occupe d’aider Serge à réaliser le documentaire, se montre déçu : ce qui devait être un projet
amusant et gratifiant s’avère beaucoup plus compliqué
que prévu. Tout le monde cherche une façon de faire ce
documentaire : un jour, celui-ci prend une certaine forme,
et le lendemain le concept échoue… Le projet renaît aussitôt sous une nouvelle forme. On n’arrive pas à titrer les
chapitres ni même à s’entendre sur le nombre de DVD ; les
producteurs choisis sont tour à tour mutés à d’autres projets, et la recherche d’archives s’avère plus ou moins fructueuse.
Louis et Serge persistent, parce que ce sont des projets
qui leur tiennent à cœur, mais à chaque réunion, ils ont
du mal à s’entendre avec les autres. Ils sont découragés la
plupart du temps. Pour le spectacle avec Lepage, Valois et
Fiori s’attendent à ce que la partie artistique corresponde à
leur idée de l’heptade, mais on conteste leur façon de faire,
alors qu’ils n’ont aucune envie de mettre de l’eau dans leur
vin ; les producteurs négocient chaque détail pour tenter
de les faire changer d’idée.
En un mot comme en mille, ils investissent près
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