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Shogun

Shogun

Titel: Shogun Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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samouraïs
se préparaient, Toranaga tourna son attention sur le barbare qui se trouvait
toujours au même endroit depuis que l’alarme avait été donnée.
    J’aimerais pouvoir le comprendre, pensa Toranaga. À un
moment si courageux, à un autre si couard. À un moment si valable, à un autre
si inutile. À un moment assassin, à un autre lâche. À un moment docile, à un
autre dangereux. Il est homme et femme, yang et yin. Il n’est
qu’opposés, contradictoires, imprévisibles. Toranaga l’avait observé de près
pendant l’évasion, pendant et après l’embuscade. Il avait su par Mariko, le
capitaine et les autres, ce qui s’était passé pendant la bataille à bord du
bateau. Quand Buntaro s’était échappé, il avait été témoin de son incroyable
colère, avait entendu son cri et vu la laideur de son visage alors que tout le
monde éclatait de rire. « Demandez-le-lui, Yabu-san, dit Toranaga.
    — Pardon, Sire ?
    — Demandez-le-lui ce qu’il faut faire. Demandez-le-lui.
N’est-ce pas une bataille navale ? Ne m’avez-vous pas dit que le pilote
était un génie, en mer ? Laissez-le faire ses preuves. »
    La bouche de Yabu dessinait une ligne dure et cruelle et
Toranaga sentait sa peur. Il en était enchanté.
    « Mariko-san, cria Yabu. Demandez au pilote comment on p eut sortir d’ici, comment on peut percer ce mur de
bateaux. »
    Mariko s’éloigna du plat-bord, obéissante. La jeune fille la
soutenait toujours. « Non, ça va bien, Fujiko-san, dit-elle. Merci. »
    La réponse de Blackthorne fut brève. « Il dit : “Avec des canons ”, Yabu -san, répliqua
Mariko.
    — Dites-lui de donner une autre réponse que celle-là
s’il veut garder sa tête sur ses épaules !
    — Il faut être patient avec lui, Yabu-san,
l’interrompit Toranaga. Mariko-san, dites-lui poliment que nous n’avons
malheureusement pas de canons. N’existe-t-il pas un autre moyen de s’en
sortir ? Nous ne pouvons pas nous échapper par la terre. Traduisez
exactement sa réponse. Exactement. »
    Mariko obéit. « Je suis désolée, Sire, mais il dit que
non. Il le dit comme ça : “Non”. Il ne le dit pas
très poliment.
    — Très bien. L’Anjin-san prétend qu’il n’y a que les
canons qui puissent nous sauver. Il est l’expert. Il n’y a donc que les canons.
Capitaine, rendez-vous là-bas ! » Son doigt calleuxpointa
méchamment la frégate portugaise. « Tenez vos hommes prêts, Yabu-san. Si
les barbares du Sud ne veulent pas me prêter leurs canons, il faudra les leur
prendre par la force, n’est-ce pas ?
    — Avec grand plaisir, dit Yabu, calmement.
    — Vous aviez raison. C’est un génie.
    — Mais c’est vous qui avez trouvé la solution,
Toranaga-sama.
    — Il est très facile de trouver la solution quand la
réponse vous est donnée, neh ? Quelle est la solution à la
forteresse d’Osaka, cher allié ?
    — Il n’y en a pas et le Taikô le savait pertinemment.
    — Oui. Quelle est la solution à la trahison ?
    — Une mort ignominieuse, bien sûr. Je ne comprends pas
pourquoi vous me posez cette question.
    — Une idée comme ça… cher allié. » Toranaga jeta
un coup d’œil vers Blackthorne. « Oui, c’est un homme habile. J’ai grand
besoin d’hommes habiles. Mariko-san, est-ce que les barbares vont me donner
leurs canons ?
    — Bien sûr. Pourquoi ne vous les donneraient-ils
pas ? » Cette possibilité ne lui avait jamais effleuré l’esprit.
Mariko était toujours très inquiète au sujet de Buntaro. Il aurait mieux valu
le laisser mourir sur la jetée. Pourquoi mettre son honneur en danger ?
Pourquoi Toranaga lui a-t-il ordonné de s’enfuir par la terre au dernier
moment ?
    « Et s’ils ne les donnent pas ? Êtes-vous prête à tuer
des chrétiens, Mariko-san ? lui demanda Toranaga. N’est-ce pas leur loi la
plus intransigeante : Tu ne tueras point ?
    — Effectivement, Sire. Mais pour vous, nous irions
joyeusement en enfer, mon mari, mon fils et moi.
    — Vous êtes d’authentiques samouraïs et je n’oublierai jamais que vous avez manié l’épée pour me défendre.
    — Ne me remerciez pas, je vous en prie. Si j’ai pu vous
venir en aide, aussi petitement et modestement que ce soit, cela ne fait partie
que de mon devoir. Si vous devez vous souvenir de
quelqu’un, que ce soit de mon mari ou de mon fils. Ils vous sont plus utiles.
    — Pour le moment, c’est vous qui m’êtes plus utile. Vous pourriez même l’être

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