Shogun
l’Ingeles ?
« La barre à tribord ! » La frégate s’écarta.
« Mon maître demande pourquoi vous avez failli
heurter la galère ?
— Ce n’était qu’un jeu, senhora,
un jeu entre pilotes. Pour tester les nerfs de l’autre.
— Et le coup de pistolet ?
— Un jeu également. Les récifs étaient très proches et je poussais peut-être l’Ingeles un peu trop. Nous sommes amis,
non ?
— Mon maître dit qu’il est stupide de jouer à de tels
jeux.
— Transmettez-lui, je vous prie, mes excuses. Ce qui
importe, c’est qu’il soit sauf, que la galère le soit aussi et donc,
que je sois heureux.
— Vous vous êtes entendu avec l’Anjin-san pour cette
évasion, n’est-ce pas ?
— Il se trouve qu’il est très habile et qu’il a suivi
mon plan à la minute près. La lune a éclairé sa route. La mer était en s a faveur. Personne n’a commis d’erreur. Pourquoi les ennemis
ne l’ont-ils pas coulé ? Ça, je ne le sais pas. C’était la volonté de
Dieu. »
Ils avaient largement dépassé la sortie du port et se
trouvaient en sécurité loin des routes d’Osaka. La galère était un peu en
retrait. La plupart des avirons avaient été bordés. Les rameurs récupéraient.
Rodrigues ne fit pas attention au commandant Ferriera. Il
était préoccupé par Toranaga. Je suis heureux que nous soyons de son côté, se
dit-il. Pendant la course, il l’avait soigneusement épié, heureux de cette
opportunité si rare. Les yeux de Toranaga avaient été partout. Il avait observé
les canonniers, canons, les voiles, la fusillade avec une curiosité insatiable,
posant des questions, par le biais de Mariko, aux marins ou au second.
« Mon maître vous remercie d’avoir été invité à votre
bord. Il va retourner maintenant sur la galère.
— Quoi ? » Ferriera se retourna
immédiatement. « Nous serons à Yedo bien avant la galère. Sire Toranaga
est le bienvenu à notre bord.
— Mon maître dit qu’il n’y a plus à vous inquiéter. Il
va retourner à bord de son bateau.
— Demandez-lui de rester. J’apprécierais hautement sa
compagnie.
— Sire Toranaga vous remercie, mais il désire retourner
sans attendre à bord de son bateau.
— Très bien. Faites comme il le désire, Rodrigues. Une
chaloupe à la mer ! »
Ferriera était déçu. Il aurait voulu voir Yedo et surtout
apprendre à mieux connaître Toranaga, maintenant que leurs destinées étaient si
intimement liées. Il ne croyait pas aux moyens exposés par Toranaga pour éviter
la guerre. Nous sommes en guerre du côté de ce singe contre Ishido, que nous le
voulions ou pas. Et je n’aime pas ça. « Je suis désolé de perdre la
compagnie de sire Toranaga. » Il s’inclina poliment.
Toranaga lui rendit son salut et parla brièvement .
« Mon maître vous remercie. » Elle ajouta à
l’intention de Rodrigues : « Mon maître me prie de vous dire qu’il
vous récompensera pour la galère dès que vous reviendrez à bord du Vaisseau
noir.
— Je n’ai rien fait. Ce n’était que mon devoir.
Veuillez m’excuser si je ne me lève pas… ma jambe, neh ? répondit
Rodrigues en saluant. « Que Dieu vous garde, senhora.
— Merci, capitaine-pilote. Vous aussi. »
2 9
« Anjin-san ?
— Hai ? » Blackthorne émergea d’un
profond sommeil.
« Voilà quelque chose à manger et un peu de cha. » Il ne réussit pas à savoir, pendant un moment, qui il était, où
il était. Puis il reconnut sa cabine. Un rayon de lumière perçait l’obscurité. Il se sentit immensément reposé. Il vit une servante avec
un plateau. Mariko était près d’elle. Elle n’avait plus le bras en écharpe.
Blackthorne était allongé sur la couchette du pilote, celle
qu’il avait utilisée pendant ce voyage avec Rodrigues, d’Anjiro à Osaka. Elle
lui était devenue familière. Il s’étira voluptueusement, prit la tasse de thé
que Mariko lui tendait.
« Merci. C’est délicieux. Comment va votre bras ?
— Mieux, Merci. » Mariko plia le bras pour le lui
prouver. « Ce n’était qu’une blessure superficielle.
— Vous avez meilleure mine, Mariko-san.
— Oui, ça va mieux. » Quand, à l’aube, elle était
remontée à bord avec Toranaga, elle s’était sentie sur le point de s’évanouir.
« Il vaut mieux que vous restiez sur le pont. Le mal de mer disparaîtra
plus vite », lui avait dit Blackthorne.
« Mon maître demande… il demande, pourquoi y a-t-il eu
un coup
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