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Shogun

Shogun

Titel: Shogun Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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fournissaient le dernier effort. La frégate n’était plus qu’à vingt
mètres derrière, quinze, dix. Blackthorne vira bâbord. La frégate les frôla
presque, puis se retrouva bord à bord. Blackthorne vira tribord pour être
parallèle à la frégate à dix mètres d’elle. Ensemble. Côte à côte. Prêts à
courir la bouline entre les bateaux de pêche hostiles.
    « Souquez, souquez, bande de salopards ! »
s’égosilla Blackthorne qui voulait rester à couple. Dans cette position, ils
étaient protégés par la masse de la frégate et par ses voiles. Quelques coups
de mousquet, puis une salve de flèches enflammées les atteignirent sans causer
de gros dommages. Plusieurs flèches cependant se plantèrent par erreur dans
basses voiles de la frégate. Le feu prit.
    Les samouraïs qui commandaient les embarcations donnèrent
immédiatement à leurs archers ordre de s’arrêter. Ils étaient horrifiés.
Personne n’avait encore osé attaquer un bat eau appartenant
aux barbares du Sud.
    Blackthorne put alors se détendre. Rodrigues s’était bien douté qu’à l’abri de la frégate la galère avait une chance , sa seule chance.
    « Mon pilote dit que vous devez vous attendre à tout, Ingeles, lui avait dit Santiago.
    — Repoussez ce salopard, cria Ferriera. Bon Dieu !
Je vous ai ordonné de le pousser vers les singes !
    — Cinq quarts bâbord ! ordonna Rodrigues,
obéissant.
    — Cinq quarts bâbord ! » répondit l’homme de
barre.
    Blackthorne entendit la consigne, vira immédiatement cinq quarts bâbord et se mit à prier. Si Rodrigues maintenait ce cap trop longtemps, ils heurteraient les bateaux de pêche et
seraient perdus. S’il ralentissait la cadence et se retrouvait derrière la
frégate, il savait que les embarcations ennemies fondraient sur eux. Il fallait
qu’ils restent à couple.
    « Cinq quarts tribord ! » ordonna Rodrigues,
juste à temps. Il ne voulait pas, lui non plus, d’autres flèches enflammées. Il
avait trop de poudre sur le pont. « Allez, espèce de maquereau,
marmonna-t-il en s’adressant au vent. Fous tes couilles dans mes voiles et
sors-nous de ce merdier ! »
    Les deux bateaux faisaient une course effrénée, bord à bord.
Les avirons tribord de la monère touchaient presque la frégate. Le capitaine
comprit. Les nageurs et le maître de nage également. Ils mirent leurs dernières
forces dans les avirons. Yabu gueula un commandement et les ronin -samouraïs
se défirent de leurs arcs et accoururent pour aider les nageurs. Yabu se mit
lui aussi à souquer.
    À égalité. Plus que quelques centaines de mètres.
    Alors des Gris plus intrépides que les autres se mirent sur
leur chemin, puis lancèrent des grappins. La proue de la galère coula les
embarcations. Les grappins furent rejetés par-dessus bord avant qu’ils n’aient
trouvé une prise solide. Les samouraïs se noyèrent.
    « Plus à bâbord !
    — J’ose pas, commandant. Toranaga est pas fou et
regardez : y a un récif là devant ! »
    Ferriera vit la crête du récif près de la dernière
embarcation de pêche.
    « Madonne, poussez-le dessus !
    — Deux quarts bâbord ! »
    La frégate vira encore une fois. Blackthorne fit de même.
Les deux bateaux fonçaient sur les embarcations rassemblées.
    Blackthorne, lui aussi, avait vu les récifs. Il maintint le
cap aussi longtemps que possible, puis hurla : « Cinq quarts
tribord ! » pour prévenir Rodrigues, et fit virer la barre à droite.
    Rodrigues se contenta de maintenir le cap qui menait à la
collision certaine et qui n’était pas prévue dans le plan.
    «  Allez, bâtard , dit Rodrigues,
fouetté par la peur et l’excitation de cette course-poursuite. Montre-nous un
peu tes couilles ! »
    Blackthorne devait choisir entre les crêtes rocailleuses et
la frégate. Il bénit les rameurs et tous ceux qui, à bord, s’en remettaient
totalement à lui et fit son choix. Il vira encore à tribord, dégaina son
pistolet et visa : « Écartez-vous, bon Dieu ! » cria-t-il
en pressant sur la détente. La balle siffla par-dessus le gaillard d’arrière de
la frégate, juste entre le commandant et Rodrigues.
    Rodrigues cligna des yeux. Espèce d’Ingeles de fils de pute
sans lait ! Était-ce la chance ? Es-tu bon tireur ? Visais-tu
pour me tuer ? Il vit le second pistolet dans la main de Blackthorne.
Sainte Mère de Dieu, que devrais-je faire ? Respecter le plan ou le
changer ? Ne vaut-il pas mieux que je tue

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