Shogun
vous
pardonner.
— Dieu comprendra, Anjin-san. Il
comprendra. Il vous ouvrira même peut-être l’esprit pour que vous puissiez
comprendre. Je ne sais pas vous expliquer, neh ? Je vous prie de m’excuser. » Elle l’observa en silence, troublée.
« Je ne vous comprends pas non plus, Anjin-san. Vous m’échappez. Vos
coutumes m’échappent. Nous pourrions peut-être tous les deux apprendre quelque
chose, si nous avons de la patience. En tant que concubine, la dame Fujiko
s’occupera de votre maison, de vos domestiques. Vous devez avoir quelqu’un pour
ça. Vous n’avez pas besoin de la rencontrer sur l’oreiller, si c’est ça qui
vous ennuie, si vous ne la trouvez pas à votre goût. Vous n’avez même pas
besoin d’être poli avec elle. Elle mérite cependant votre courtoisie. Elle vous
servira, comme vous le désirez, de la façon que vous désirez.
— Je peux la traiter comme je veux ?
— Oui.
— Je peux la rencontrer ou ne pas la
rencontrer sur l’oreiller ?
— Bien sûr. Elle vous trouvera quelqu’un
qui vous plaît et satisfera vos besoins physiques, si vous le désirez. Elle
peut également ne pas s’en mêler, si vous le désirez.
— Je peux la traiter comme une
domestique ? Une esclave ?
— Oui, mais elle mérite mieux.
— Puis-je la renvoyer ?
— Si elle vous a offensé, oui.
— Que lui arrivera-t-il ?
— Normalement, elle devra rentrer chez
ses parents en disgrâce. Ils pourront l’accepter ou la refuser. Quelqu’un comme
dame Fujiko préférera se tuer plutôt qu’endurer une telle honte. Mais elle…
Vous devez savoir que les vrais samouraïs n’ont pas le droit de se tuer sans
l’autorisation de leur seigneur. Certains le font, bien sûr, mais ils manquent
à leur devoir et ne sont pas dignes d’être samouraïs. Je ne me tuerais pas,
quelle que soit ma honte, sans la permission de Sire Toranaga ou celle de mon
mari. Sire Toranaga lui a interdit de mettre fin à ses jours. Elle deviendra
une paria si vous la renvoyez.
— Pourquoi sa famille n’accepterait-elle
pas son retour ? » Mariko soupira.
Désolée, Anjin-san, mais si vous la renvoyez,
sa disgrâce sera telle que plus personne ne voudra d’elle.
— Parce qu’elle sera contagieuse pour
avoir vécu auprès d’un barbare ?
— Non, Anjin-san. Parce qu’elle aura
simplement échoué dans son devoir à votre égard. Elle est votre concubine. Sire
Toranaga le lui a ordonné. Elle a accepté. Vous êtes le maître de la maison.
— Vraiment ?
— Oh, oui, croyez-moi, Anjin-san. Vous
avez des privilèges. En tant qu’ hatamoto, vous êtes béni, riche. Sire Toranaga vous a octroyé un revenu
de vingt koku par mois. Avec cette somme, un
samouraï devrait normalement s’entretenir et entretenir deux samouraïs ainsi
que toutes leurs familles. Vous n’avez pas à le faire. Je vous demande de
prendre Fujiko en considération, de la traiter en être humain, Anjin-san. Je
vous supplie d’avoir un peu de charité chrétienne. C’est une adorable personne.
Oubliez sa laideur. Elle sera une concubine à la hauteur.
— Elle n’a pas de toit ?
— Son toit est ici. » Mariko
maîtrisa son impatience. « Je vous supplie de l’accepter officiellement.
Elle peut vous aider, vous apprendre des choses si vous le désirez.
Considérez-la comme un néant si vous le désirez, comme ce pilier ou ce panneau
coulissant ou cette pierre dans votre jardin. Comme vous voulez. Si vous ne la
prenez pas comme concubine, ayez pitié d’elle. Acceptez-la et, en tant que chef
de votre maison selon nos lois, tuez-la !
— C’est le seul mot que vous ayez à la
bouche ? Tuer ! ! !
— Non, Anjin-san. Mais la mort et la vie
sont deux mêmes choses. Qui sait ? Vous rendriez peut-être un très grand
service à Fujiko en lui ôtant la vie. Vous en avez le droit de par la loi.
C’est votre droit. Si vous préférez en faire une paria,
vous en avez aussi le droit.
— Je suis encore une fois pris au piège.
Si je n’apprends pas votre
langue, vous massacrez tout un village. Si je ne fais pas ce que vous voulez,
un innocent est tué. Il n’y a pas d’issue.
— Il existe une très bonne solution,
Anjin-san. Mourez. Vous n’aurez plus ainsi à endurer l’insupportable.
— Le suicide est un acte fou. C’est un
péché mortel. Je croyais que vous étiez chrétienne.
— Je vous ai dit que je l’étais. Mais
vous, Anjin-san, vous avez mille possibilités de mourir
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