Shogun
protégera ces pistolets de sa vie.
C’est son devoir. Je ne vous le dirai plus, mais Toda-Noh-Usagi Fujiko est samouraï. »
Blackthorne se concentrait sur Omi et écoutait
à peine Mariko. « Dites à Omi-san que je n’aime pas les ordres. Je suis
l’invité de Sire Toranaga. Je suis l’invité de Sire Yabu. Vous “demandez” à vos
invités de faire certaines choses. Vous ne le leur ordonnez pas. Et vous
n’entrez pas de surcroît chez quelqu’un sans y avoir été convié. »
Mariko traduisit. Omi écouta. Son regard était
inexpressif. Il répondit brièvement en fixant les pistolets immobiles.
« Il dit : moi, Kasigi-Omi, je vous
demande vos pistolets et vous prie de me suivre parce que Kasigi Yabu-sama
exige votre présence. Mais Kasigi Yabu-sama m’ordonne de lui donner vos armes.
Désolé, Anjin-san, je vous ordonne pour la dernière fois de me les
donner. »
La poitrine de Blackthorne était contractée.
Il savait qu’il allait être attaqué et sa propre stupidité le rendait furieux.
Mais un moment arrive où l’on ne peut plus rien supporter. Alors, on sort un
pistolet ou un couteau et le sang est versé à cause de ce stupide orgueil. La
plupart du temps, c’est stupide. Si je dois mourir, Omi-san mourra le premier,
devant Dieu ! Il se sentait très fort, même avec un cerveau vide. Ce
qu’avait dit Mariko parvint pourtant à ses oreilles : « Fujiko est
samouraï. C’est votre concubine ! » Son cerveau se remit à fonctionner.
« Un instant ! Mariko-san, dites
exactement ceci à Fujiko-san : “Je vais vous donner mes pistolets. Vous
allez les garder. Personne en dehors de moi ne devra les toucher. ” »
Mariko s’exécuta et il entendit, derrière lui,
Fujiko dire : « Hai.
— Mariko-san, dites à Omi-san que
je vais le suivre. Je suis désolé de ce malentendu. Oui, j’en suis vraiment
désolé. »
Blackthorne recula, se retourna et tendit les
pistolets à Fujiko qui les accepta. La sueur inondait son front. Il fit face à
Omi « Nous pouvons partir. »
Omi parla à Fujiko et tendit la main. Elle
refusa d’un signe de tête. Il donna un ordre bref. Les deux samouraïs
s’approchèrent d’elle. Elle fourra l’un des pistolets dans la ceinture de son obi
et tint l’autre à deux mains en visant Omi. Les samouraïs s’arrêtèrent. Omi
parla rapidement. Il était furieux. Elle lui répondit d’une voix douce et
polie. Le pistolet dont le chien était armé ne changea pas de cible. « Iyé,
gomen nasai, Omi-san ! »
Blackthorne attendit.
Un samouraï fit un pas en avant. Le chien du
pistolet remonta dangereusement. Fujiko garda le bras tendu. Personne ne
doutait qu’elle allait appuyer sur la détente. Pas même Blackthorne. Omi dit
brièvement quelque chose à ses hommes qui le rejoignirent. Elle abaissa le
pistolet, toujours chargé.
« Qu’a-t-il dit ? demanda
Blackthorne.
— Qu’il allait simplement rapporter
l’incident à Yabu-san.
— Très bien. Dites-lui que je vais en
faire de même.
Blackthorne se tourna vers Fujiko. « Domo, Fujiko-san. » Puis se souvenant de la façon dont
Toranaga et Yabu parlaient aux femmes, il grogna, impérieux « Allons-y,
Mariko-san… » Il se dirigea vers la porte du jardin.
« Anjin-san ! appela Fujiko.
— Hai ? » Blackthorne s’arrêta. Fujiko le salua puis s’adressa à Mariko. Les
yeux de Mariko s’écarquillèrent. Elle acquiesça et répondit. Elle parla ensuite
à Omi qui acquiesça à son tour. Il était visiblement furieux, mais se retenait.
« Que se passe-t-il ?
— Patience, Anjin-san. »
Fujiko appela quelqu’un. Une servante apparut
sous la véranda. Elle portait deux épées à la main. Fujiko les prit
respectueusement, les offrit à Blackthorne en s’inclinant. Elle parlait
doucement. Mariko dit :
« Votre concubine fait remarquer à juste
titre qu’un hatamoto est obligé de porter les deux
épées. Elle pense qu’il serait impoli de votre part de vous rendre auprès de
sire Yabu sans ces épées. C’est notre devoir, de
par nos lois, de les porter. Elle vous demande d’utiliser celles-ci, aussi
indignes puissent-elles être, en attendant d’acheter les vôtres. »
Blackthorne la fixa du regard, se tourna vers
Fujiko puis regarda Mariko à nouveau. « Ça veut dire que je suis
samouraï ? Que sire Toranaga m’a fait samouraï ?
— Je ne sais pas, Anjin-san. Mais il n’y
a jamais eu de hatamoto qui ne soit pas
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