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Shogun

Shogun

Titel: Shogun Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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que vous étiez aussi le vas… le confident très honoré de Sire
Toranaga, que vous étiez ici pour apprendre notre langue, qu’il
confiait au village l’honneur et la responsabilité de votre éducation. Le
village est responsable. Anjin-san. Tout le monde est là pour vous
aider. Il leur a dit que si vous n’aviez pas fait de progrès satisfaisants
d’ici six mois, le village serait brûlé, que chaque homme, chaque femme et
chaque enfant seraient crucifiés. »

3 1
    Le jour tombait. Les ombres s’allongeaient. La mer devenait
rouge. Une gentille brise soufflait.
    Blackthorne remonta l’allée venant du village. Mariko
pensait pouvoir l’accompagner jusque chez lui, mais il avait refusé. Il voulait
être seul pour réfléchir.
    Penser lui avait paru un effort trop grand ; rien ne
semblait plus aller. Il s’était fait couler un peu d’eau sur la tête pour
retrouver ses esprits, mais ça n’avait rien fait. Il s’en était retourné, sans
but, le long du rivage, à travers la place et le village jusqu’à sa maison.
    Il s’arrêta devant la porte. Elle était si ingénieusement
découpée qu’on devinait sans le voir le jardin qu’elle cachait.
    Avant qu’il ait pu ouvrir la porte, elle s’ouvrit
d’elle-même et un vieil homme apeuré l’accueillit en le saluant.
    « Konbanwa, Anjin-san. » Sa voix tremblait
et chevrotait misérablement.
    « Konbanwa , répondit -il.
Écoute-moi, vieil homme. O namae ka ?
    — Namae watashi wa. Anjin-sama ? Ah, watashi Ueki-ya… Ueki-ya. » Le vieil homme en bavait presque de soulagement.
    Blackthorne répéta son nom plusieurs fois pour s’en souvenir
et ajouta « san ». Le vieil homme fit non de la tête. «  Iyé,
gomen nasai ! Iyé “san”,
Anjin-sama, Ueki-ya ! Ueki-ya !
    — D’accord. Ueki-ya. » Pourquoi
pas « san » comme tout le monde ? se demanda Blackthorne. Il le
congédia d’un geste de la main. Le vieil homme s’éloigna
en claudiquant.
    « Il va falloir être plus prudent. Il va falloir que je
les aide. » dit-il tout fort. Une servante apparut, inquiète, sous la
véranda. Elle s’inclina. «  Konbanwa, Anjin-san.
    Konbanwa  », répondit-il en la reconnaissant
vaguement. Elle était sur le bateau. Il la congédia, elle aussi.
    Un bruissement de soie. Fujiko sortit de la maison. Mariko
était avec elle.
    « Vous avez fait une bonne promenade, Anjin-san ?
    — Oui, merci, Mariko-san. » Il faisait à peine
attention à elle, à Fujiko, à la maison et au jardin.
    « Voulez-vous du thé ? Du saké, peut-être ?
Un bain ? L’eau est chaude. »
    Mariko eut un rire nerveux. Elle était troublée par
l’expression de son regard. « La maison de bains n’est pas tout à fait terminée . Nous espérons qu’elle vous satisfera quand même.
    — Du saké, s’il vous plaît. Oui, un peu de saké pou r commencer, Mariko-san. » Mariko parla à Fujiko qui rentra
dans la maison. Une servante apporta silencieusement trois coussins et se
retira. Mariko prit gracieusement place sur l’un d’eux.
    « Asseyez-vous, Anjin-san. Vous devez être fatigué.
    — Merci. »
    Il s’assit sur les marches de la véranda et n’ôta pas ses
sandales lacées. Fujiko apporta deux fiasques de saké, une tasse de thé, comme
Mariko le lui avait demandé.
    « Il vaut mieux lui faire boire beaucoup de saké, avait
dit Mariko. Il vaudrait mieux le soûler, mais sire Yabu a besoin
d e lui cette nuit. Un bain et du saké le détendront peut-être. »
Blackthorne but la tasse de vin chaud sans la savourer. Une seconde. Une
troisième.
    Fujiko et Mariko l’avaient vu monter la colline à travers la
fente d’un panneau coulissant. « Qu’a-t-il ? avait demandé Fujiko,
alarmée.
    — Il est désespéré par ce qu’a dit sire Yabu, par c et avertissement donné au village.
    — Pourquoi est-ce que ça le tracasse ? Il n’est
pas concerné. Ce n’est pas sa vie qui est en jeu.
    — Les barbares sont très différents de nous,
Fujiko-san. L’Anjin-san croit, par exemple, que les habitants du village sont
des êtres humains, comme n’importe quel autre être humain ; que certains
sont meilleurs et mieux que les samouraïs. »
    Fujiko s’était mise à rire nerveusement. « Ça ne veut
rien dire, neh ? Comment est-ce qu’un paysan pourrait être l’égal
d’un samouraï ? »
    Mariko n’avait pas répondu.
    « Pauvre homme, dit-elle.
    — Pauvre village ! s’exclama Fujiko. Quel gâchis
stupide de

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