Shogun
samouraï.
Jamais. » Mariko se tourna vers Omi et lui posa la question. Il secoua la
tête avec impatience. « Omi-san n’en sait rien non plus. C’est
certainement le privilège spécial du hatamoto que
de porter constamment les épées, même en présence de sire Toranaga. C’est de
son devoir, car il est un garde du corps digne de confiance. Le hatamoto a également droit d’audience immédiate auprès du
Seigneur. »
Blackthorne saisit la courte épée et la ficha
dans sa ceinture. Il prit l’autre et la porta de la même manière qu’Omi. Il se
sentit mieux, une fois armé.
« Arigato goziemashita, Fujiko-san. »
Elle baissa les yeux.
« Fujiko-san dit : avec votre
permission, Seigneur, car vous devez apprendre à parler rapidement et
correctement notre langue… je tiens à vous signaler que domo est plus que suffisant de la part d’un homme. Arigato, avec ou sans goziemashita, est une
politesse superflue, une expression réservée aux femmes.
— Hai. Domo. Wakarimasu, Fujiko-san. Dites-lui, Mariko-san, que dans ce cas précis, je ne
considère pas l’Arigato goziemashita comme une
politesse superflue à son égard. »
Yabu jeta de nouveau un coup d’œil vers les épées.
Blackthorne était assis en tailleur sur un coussin, face à lui. Mariko d’un
côté, Igurashi de l’autre. Ils se trouvaient dans la pièce principale de la
forteresse. Omi finit de parler. Yabu haussa les épaules. « Vous avez bien
mal mené cette affaire, mon neveu. Il est bien sûr du devoir de la concubine de
protéger l’Anjin-san et ses biens. Il a bien sûr le droit de porter des épées
maintenant. Oui, vous avez bien mal mené cette affaire. J’avais pourtant
précisé que l’Anjin-san était mon invité. Présentez-lui vos excuses. »
Omi se leva, s’agenouilla devant Blackthorne
et s’inclina. « Je vous prie de pardonner mon erreur, Anjin-san. » Il
entendit Mariko lui dire que le barbare acceptait ses excuses. Il s’inclina
encore et retourna à sa place. Mais il n’était pas calme intérieurement. Il
était envahi par cette seule idée : tuer Yabu.
Il avait décidé de commettre
l’impensable : tuer son suzerain et chef de clan. Non pas parce qu’il
avait dû s’excuser publiquement. L’Anjin-san a eu tout à fait raison de donner
ses pistolets à sa concubine, se dit-il, tout comme elle a eu raison de faire
ce qu’elle a fait. Elle aurait certainement appuyé sur la détente. Ce n’était
un secret pour personne qu’Usagi Fujiko cherchait à mourir. Non, la décision
d’Omi n’avait rien à voir avec ces excuses publiques. La raison profonde en
était que Yabu avait insulté sa mère et sa femme devant des paysans
aujourd’hui. Il les avait fait attendre pendant des heures au soleil puis les
avait congédiées comme de vulgaires paysannes.
« Ça n’a pas d’importance, mon fils, lui
avait dit sa mère. C’est un de ses privilèges.
— C’est notre suzerain », lui avait
dit Midori, sa femme. Des larmes de honte roulaient sur ses joues. « Je
vous en prie, excusez-le.
— Et cet ordre concernant mon père ?
— Ce n’est pas encore un ordre. Ce n’est
qu’une rumeur.
— Le message que j’ai reçu de mon père
dit que Yabu a l’intention de lui donner ordre de se raser le crâne et de se
faire moine, ou de s’ouvrir le ventre. La femme de Yabu s’en vante en
privé !
— Ce sont des on-dit rapportés à votre
père. On ne peut pas toujours faire confiance aux espions. Je suis désolée, mon
fils, mais votre père n’est pas très sage.
— Que va-t-il vous arriver, ma mère, si
cette rumeur s’avère fondée ?
— Quoi qu’il arrive, c’est le karma.
— Non. Ces insultes sont
insupportables.
— Je vous en prie, mon fils,
acceptez-les.
— J’ai donné la clef du bateau, de
l’Anjin-san et des nouveaux barbares, celle qui le sortait du piège de
Toranaga, à Yabu. Mon aide lui a procuré un prestige immense. Avec cette épée
symbolique, il est devenu second de Toranaga pour les armées de l’Est.
Qu’avons-nous reçu en échange ? Des insultes.
— Acceptez votre karma.
— Vous le devez, mon mari, je vous
en supplie. Écoutez, dame votre mère !
— Je ne peux pas vivre avec cette honte.
Je me vengerai. Je me tuerai ensuite.
— Pour la dernière fois, mon fils,
acceptez, je vous en conjure, votre karma.
— Mon karma est d’éliminer Yabu. »
La vieille dame avait soupiré.
« Très bien. Vous êtes
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