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Shogun

Shogun

Titel: Shogun Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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entièrement dévoué. Il aura beaucoup appris en
cinq mois parce qu’il est intelligent. Ainsi votre honneur est sauf. Le sien,
s’il existe, l’est également. Vous ne perdez rien. Vous gagnez tout. Chose très
importante, il vous fait serment d’allégeance de son plein gré.
    — Vous croyez qu’il va se tuer ? –
Oui.
    — Mariko-san ?
    — Je ne sais pas, Yabu-san. Je suis
désolée, mais je ne peux vous conseiller. J’aurais dit non il y a quelques
heures. Maintenant, je ne sais plus. Il est… depuis qu’Omi-san est venu le
chercher cette nuit… il est… différent.
    — Igurashi-san ?
    — Si vous lui cédez et si c’est de la
comédie, il recommencera la prochaine fois en usant du même procédé. Il est
rusé. Nous avons tous vu combien il était rusé, neh ? Il vous faudra dire “non” un de ces jours, Sire. Je vous conseille de
le dire maintenant. C’est de la comédie. »
    Omi se pencha et secoua la tête :
« Sire, excusez-moi, mais je dois vous le répéter : si vous dites
non, vous courrez un gros risque. Vous avez besoin de lui. Il a demandé une
chose à laquelle il a droit en tant que hatamoto. Il dit qu’il veut vivre selon nos coutumes, et ce de sa
propre volonté. N’est-ce pas un énorme pas en avant, Sire ? C’est
merveilleux et pour vous et pour lui. Je vous conseille la prudence. Usez de
lui, mais à votre avantage.
    — J’en ai bien l’intention », dit
Yabu d’une voix empâtée.
    Igurashi dit : « Oui, il est très
précieux. Oui, je veux savoir ce qu’il sait, mais il faut le contrôler. Vous
l’avez vous-même répété des dizaines de fois, Omi-san. C’est un barbare. Voilà
ce qu’il est. Oh, je sais ! Il est hatamoto, et
il peut porter les deux épées à partir d’aujourd’hui. Mais ça n’en fait pas un
samouraï pour autant. Il n’est pas et ne sera jamais un samouraï. »
    Les yeux traqués de Blackthorne fixaient le
lointain. Des perles de sueur couvraient son front.
    « Mariko-san ?
    — Oui, Seigneur ?
    — Dites-lui… » La bouche de Yabu
devint soudainement sèche. Sa poitrine lui fit mal. « Dites à l’Anjin-san
que la condamnation est maintenue.
    — Sire, excusez-moi, mais je vous adjure
d’écouter les conseils d’Omi-san. » Yabu ne la regarda pas. Il observait
Blackthorne. La veine de son front tambourinait.
    L’Anjin-san dit qu’il est décidé. Qu’il en
soit donc ainsi. Voyons s’il est barbare ou… un hatamoto. »
    La voix de Mariko était presque inaudible.
« Anjin-san, Yabu-san confirme la condamnation. Je suis désolée. »
    Blackthorne l’entendit, mais n’en fut point
troublé. Il se sentait plus fort et plus serein que jamais.
    Il les avait écoutés, observés. Il s’était
engagé. Il confiait le reste à Dieu. Il s’était enfermé dans ses pensées,
ressassant encore et toujours les mêmes mots, ces mots qui lui avaient permis
de vivre ici, ces mots que Dieu lui avait certainement envoyés par le biais de
Mariko. « Il existe une solution très simple… mourez. Vous devez, pour
survivre ici, vivre selon nos coutumes. »
    « … Il confirme la condamnation. »
    Je dois donc mourir.
    Je devrais avoir peur. Mais ce n’est pas le
cas. Pourquoi ?
    Je ne sais pas. Je ne sais qu’une chose :
au moment où j’ai décidé que le seul moyen de vivre ici était de vivre selon
leurs lois, de risquer ma vie, de mourir… de mourir peut-être, la peur de la
mort m’a quitté. « La vie et la mort ne sont que deux mêmes choses. »
    De l’autre côté du panneau coulissant, la
pluie s’était mise à tomber doucement. Il regarda le couteau posé à terre, puis
se tourna vers Yabu. «  Wakarimasu  »,
dit-il très clairement. Ses lèvres avaient articulé le mot. Il avait pourtant
l’impression que quelqu’un d’autre avait parlé à sa place.
    Personne ne broncha.
    Il vit sa main droite saisir le couteau, et sa
main gauche, la garde. La lame était bien droite et ferme, pointée vers son
cœur. Il n’y avait plus d’autre bruit que celui de sa vie, qui augmentait de
plus en plus, grondait de plus en plus jusqu’à ne plus pouvoir l’écouter. Son
âme réclamait le silence éternel.
    Un cri déclencha son réflexe. Ses mains
portèrent sans hésitation le couteau vers leur cible. Omi était prêt à
l’arrêter, mais il ne s’attendait pas à la soudaineté et à la férocité du coup.
Igurashi vint à son secours et, tous deux, ils arrêtèrent la lame à temps.

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