Shogun
flammes des bougies dansèrent.
« Comédie ? Il a dit que c’était de la comédie. Pourquoi suis-je
entouré d’imbéciles ? Omi ne dit rien. Il exultait intérieurement.
« Toi, Omi-san, tu n’es pas un imbécile.
Tes conseils me sont précieux. Ton fief est doublé à partir d’aujourd’hui. Six
cents koku, pour l’année prochaine. Agrandis ton
fief de trente ri, tout autour d’Anjiro. »
Omi s’inclina. Yabu devrait mourir,
pensa-t-il, méprisant. Il est si facile à manipuler. « Je ne mérite rien,
Sire. Je ne faisais que mon devoir.
— Oui. Mais un suzerain doit récompenser
la fidélité et le devoir. »
Yabu portait son épée Yoshitomo, cette
nuit-là. Cela lui faisait très plaisir de la toucher.
Il appela l’une des servantes :
« Suzu ! – Fais venir Zukimoto !
— Quand va commencer la guerre ?
demanda Omi.
— Cette année. Tu as peut-être six mois
devant toi. Pourquoi ?
— Dame Mariko devrait peut-être rester
plus de trois jours. Pour vous protéger.
— Ah, bon, pourquoi ?
— Elle est la parole de l’Anjin-san. Avec
elle comme interprète, il pourrait entraîner vingt hommes en quinze jours, qui
pourraient à leur tour en entraîner cent qui pourraient enfin entraîner le
reste. Qu’il meure ou qu’il vive n’aurait plus alors aucune importance.
— Pourquoi devrait-il mourir ?
— Le résultat peut être différent la
prochaine fois, qui sait ?
Vous pouvez vouloir sa mort. Vous pouvez
vouloir faire pression sur lui. À quoi vous servirait la carcasse, une fois la
substance extraite ?
— À rien.
— Vous devez apprendre la stratégie des
barbares, mais vous devez le faire rapidement. Sire Toranaga peut venir le
reprendre. Vous devez donc garder cette femme aussi longtemps que possible.
Quinze jours sont bien suffisants pour lui soutirer tout ce qu’il sait,
maintenant que vous avez son attention. Il faudra expérimenter, adapter leurs
méthodes aux nôtres. Oui, ça prendra bien un mois, neh ?
— Et Toranaga-san ?
— Il acceptera si on sait lui présenter les
choses, Sire. Il doit accepter. Les mousquets sont aussi bien sa propriété que
la nôtre. Et la présence de Mariko-san peut être très précieuse en d’autres
domaines.
— Oui », dit Yabu avec satisfaction.
La retenir en otage lui avait traversé l’esprit sur le bateau quand il avait
pensé offrir Toranaga en sacrifice à Ishido. « Toda Mariko doit être
protégée. Il serait très mauvais qu’elle tombe entre de vilaines mains.
— Oui. Elle serait peut-être ce moyen
idéal pour contrôler Hiro-matsu, Buntaro et leur clan. Peut-être même Toranaga.
— Libellez le message la
concernant. »
Omi dit : « Ma mère a reçu des
nouvelles de Yedo, aujourd’hui. Elle m’a prié de vous dire que la dame Genjiko
venait de donner son premier petit-fils à Toranaga. »
Yabu prêta immédiatement attention.
Le petit-fils de Toranaga ! Serait-il
possible de contrôler Toranaga par le biais de son petit-fils. Ce bébé assure
sa dynastie, neh ? Comment puis-je prendre
l’enfant en otage ? « Et Ochiba ? demanda-t-il.
— Elle a quitté Yedo il y a trois jours,
avec toute sa suite. Elle est en sécurité sur le territoire d’Ishido.
— Maintenant que la dame Ochiba n’est
plus retenue en otage à Yedo… ce pourrait être bon et mauvais… dit Yabu, tenté, Neh ?
— Bon. Ce ne peut être que bon.
Ishido et Toranaga doivent bientôt s’affronter. » Omi fit exprès de ne pas
accoler le suffixe « sama » après leurs deux noms. « Dame Mariko
devrait rester pour votre protection.
— Veille à ce qu’il en soit ainsi. Rédige
le message destiné à Toranaga. »
Suzu, la servante, frappa discrètement et
ouvrit la porte. Zukimoto entra.
« Sire ?
— Où sont les cadeaux que j’ai fait venir
de Mishima pour Omi-san ?
— Ils sont dans l’entrepôt, Sire. Voici
l’inventaire. Les deux chevaux peuvent être choisis aux écuries. Voulez-vous
que je le fasse maintenant ?
— Non. Omi-san les choisira lui-même
demain. » Yabu jeta un coup d’œil sur la liste : Vingt kimonos
(deuxième qualité deux épées, une armure (réparée, mais en bon état), deux
chevaux, des armes pour cent samouraïs, une épée, un casque, un pectoral, un
arc, vingt flèches et une lance pour chaque homme (première qualité). Valeur
totale : quatre cent vingt-six koku. Une
pierre nommée « Pierre d’attente ». Valeur
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