Shogun
demande poliment
Sire Ishido. Tout ce que font ses alliés l’intéresse. Pourquoi, par exemple, le
barbare semble-t-il s’occuper de l’entraînement ? Entraînement de
quoi ? Oui, Yabu-sama, tout cela est très intéressant. » Jozen
arrangea ses épées pour être plus à l’aise. Il était heureux d’avoir le dos
protégé par ses hommes. « Autre chose : le Conseil des régents se
réunit le premier jour de la nouvelle lune. Dans vingt jours. Vous êtes
officiellement invité à Osaka pour venir prêter serment de fidélité. »
Le ventre de Yabu se contracta. « Je
crois que Toranaga-sama a démissionné.
— Il a démissionné en effet, Yabu-san,
mais sire Ito Teruzumi le remplace. Mon maître devient nouveau président des
régents. »
Yabu était affolé. Toranaga lui avait juré que
les quatre régents n’arriveraient jamais à se mettre d’accord sur le cinquième.
Ito Teruzumi était un daimyô d’importance mineure, de la province de Negato, à l’ouest de Honshu,
mais sa famille était ancienne et descendait des Fujimoto. Sa candidature était
donc tout à fait recevable. Il était pourtant inefficace, efféminé. Une
marionnette. « Je serais très honoré de recevoir leur invitation, dit Yabu
sur la défensive, essayant de gagner du temps.
— Mon maître pense que vous aimeriez
partir tout de suite. Vous arriveriez ainsi à temps à Osaka pour la rencontre
officielle. Il m’a ordonné de vous dire que tous les daimyôs allaient recevoir la même invitation.
Ils auront ainsi la possibilité d’être à Osaka pour le vingt et unième jour. S.
A. I. l’empereur Go Nijo a autorisé qu’un ikebana ait lieu à cette occasion. » Jozen lui tendit le parchemin officiel.
« Ce parchemin ne porte pas le sceau du
Conseil des régents.
— Mon maître vous envoie son invitation
maintenant, sachant qu’en tant que loyal vassal de feu le Taikô, de Yaemon son
fils et héritier, dirigeant légitime de l’empire dès qu’il sera en âge de
gouverner, vous comprendrez que le nouveau Conseil approuvera, bien sûr, ses
actions, neh ?
— Ce serait très certainement un
immense privilège que d’assister à cette rencontre. » Yabu se débattait
pour ne pas perdre la face.
« Très bien », dit Jozen. Il sortit
un autre parchemin, le déroula et le tendit. « Voici un exemplaire de la
lettre nomination de sire Ito approuvée et signée par les autres régents, les
Sires Ishido, Kiyama Onoshi et Sugiyama. » Jozen ne se priva pas d’arborer
un air triomphant, sachant que cette lettre refermait définitivement le piège
sur Toranaga et ses alliés. Ce papier les rendait, de même, lui et ses hommes
invulnérables.
Yabu prit le rouleau. Ses doigts tremblaient.
Il n’y avait pas de doute sur son authenticité. Il avait été contresigné par la
dame Yodoko, femme du Taikô, qui certifiait que le document avait été bien
paraphé en sa présence. Cet exemplaire était destiné aux seigneurs d’Iwari,
Mikawa, Totomi, Surga, Izu et du Kwanto. Il avait été daté onze jours plus tôt.
« Les seigneurs d’Iwari, Mikawa, Suruga
et Totomi ont déjà accepté. Voici leurs sceaux. Vous êtes l’avant-dernier de la
liste.
— Remerciez votre maître et dites-lui que
j’espère le rencontrer et le féliciter très bientôt, dit Yabu.
— Très bien. Je veux que cela soit dit
par écrit. Cela serait bien, si vous le faisiez tout de suite.
— Ce soir, Jozen-san. Après le dîner.
— Très bien. Pouvons-nous aller assister
à l’entraînement ?
— Il n’y en a pas aujourd’hui. Tous mes
hommes sont partis en marche forcée », dit Yabu. Dès que Jozen et ses
samouraïs étaient entrés sur le territoire d’Izu, Yabu avait été prévenu. Il
avait ordonné de cesser tous les tirs et de continuer l’entraînement aux armes
blanches, loin d’Anjiro. « Vous pouvez venir avec moi, demain… à midi, si
vous le désirez. » Jozen scruta le ciel. C’était la fin de l’après-midi.
« Très bien. J’aimerais dormir un peu. Mais je reviendrai avec votre permission
à la tombée de la nuit. Vous me raconterez, dans l’intérêt de mon maître, tout
sur l’entraînement, les mousquets. Tout du barbare.
— Il est… Oui, bien sûr. » Yabu fit
signe à Igurashi : « Arrangez les chambres pour mon invité et ses
hommes.
— Merci. Ce n’est pas nécessaire. Le sol
est une natte suffisante pour un samouraï, et la selle, un oreiller tout à
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