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Shogun

Shogun

Titel: Shogun Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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regarda en contrebas. Ils suivirent son
regard et se mirent à parler entre eux. C’était Yabu qui parlait le plus.
    Il n’y a aucune chance, décida-t-il. C’est trop dangereux. On
reviendra à l’aube avec des cordages. S’il est là, il est là. Je l’enterrerai
sur le rivage. Blackthorne se retourna, contraint et forcé. Ce faisant, la
roche se mit à s’effriter et il glissa. Yabu et les samouraïs le saisirent et
le tirèrent en arrière. Il comprit tout à coup qu’ils ne s’inquiétaient que de
sa sécurité.
    Pourquoi pensent-ils à ma sécurité ? À cause de Tora…
quel est son nom déjà ? Toranaga ? À cause de lui  ?
Oui, mais aussi parce qu’il n’y a peut-être personne d’autre pour les conduire
à Osaka. C’est pour ça qu’ils m’ont laissé descendre à terre ? Oui, c’est
pour ça. Je suis maintenant le maître à bord. J’ai tout pouvoir sur le vieux daimyô et sur ce salopard. Comment puis-je m’en servir ?
    Il se détendit, les remercia et laissa son regard errer en
contrebas. « Il faut que nous le ramenions, Yabu-san, hai ! Il
n’y a que ce chemin. La falaise. Je vais remonter le Rodrigu-san, moi,
Anjin-san ! » Il fit un pas en avant comme s’il allait descendre le
long de la paroi. Ils l’empêchèrent à nouveau. Il dit, feignant
l’angoisse : « Il faut que nous remontions Rodrigu-san. Il ne reste
plus beaucoup de temps. La lumière tombe. Si vous ne voulez pas que j’y aille,
Yabu-san, envoyez donc un de vos hommes. Ou allez-y vous-même. Vous ! »
    Le vent les cinglait et venait mugir contre la falaise. Il
vit Yabu regarder en bas, jauger la descente et la lumière qui s’estompait. Il
savait que Yabu avait mordu à l’hameçon. Tu es coincé, salopard. Ta vanité t’a
pris au piège. Si tu te mets à descendre le long de cette paroi, tu vas
certainement te faire m al. Mais, je t’en prie, ne te tue
pas. Abîme-toi seulement les jambes ou les chevilles. Et puis noie-toi.
    Un samouraï commença à descendre, mais Yabu le fit revenir.
    « Retourne au bateau. Ramène immédiatement des cordes »,
dit Yabu. L’homme s’en alla en courant.
    Yabu délaça ses sandales, ôta les épées de sa ceinture et le
mit à l’abri. « Surveillez-les et surveillez le barbare. Si quelque chose
leur arrive, je vous ferai empaler.
    — Je vous en prie, laissez-moi descendre, Yabu-sama,
lui demanda Takatashi. Si vous êtes blessé ou perdu, je…
    — Tu crois que tu pourrais réussir là où
j’échouerais ?
    — Non, Sire. Bien sûr que non.
    — Bien.
    — Attendez les cordes, je vous en supplie. Je ne me le
pardonnerais jamais si quelque chose vous arrivait. » Takatashi était
petit et trapu. Il portait une barbe touffue. Pourquoi ne pas attendre les
cordes ? se demanda Yabu. Ce serait plus intelligent, oui. Mais pas très
habile. Il jeta un coup d’œil vers le barbare et acquiesça. Il savait qu’il
avait été mis au défi. Il l’avait attendu et espéré. C’est pourquoi je me suis
proposé pour cette mission, Anjin-san, se dit-il à lui-même, intérieurement
piqué au vif. Tu es vraiment bien naïf, Omi avait raison.
    Yabu enleva son kimono trempé et, vêtu de son seul pagne,
s’approcha du bord de la falaise et tâta le terrain avec les semelles de ses
tabis. Il vaut mieux les garder aux pieds, pensa-t-il. Ils te donneront plus
d’adhérence. Tu vas avoir besoin de toute ta force et de toute ton habileté
pour parvenir en bas, vivant. Est-ce que ça en vaut la peine ?
    Pendant la tempête, il était monté sur le pont. Il avait
pris place aux avirons, sans que Blackthorne le voie. En souquant avec les
autres, dans le froid glacial, il avait observé les pilotes. Il avait très bien
compris qu’en mer ils étaient tous à la merci de ces deux hommes. Ils étaient
dans leur élément, couraient le long des ponts qui tanguaient avec autant
d’aisance qu’il maîtrisait, lui, un cheval au galop. Aucun Japonais à bord ne
pouvait les égaler, pour ce qui était de l’adresse, du courage et
d u savoir. Peu à peu, cette conscience avait fait jaillir un concept
majestueux dans son esprit : des bateaux barbares et modernes remplis de
samouraïs, pilotés par des samouraïs, commandés par un samouraï. Ses samouraïs.
    Si j’avais trois bateaux barbares pour commencer, je
pourrais facilement contrôler les voies entre Yedo et Osaka. Basées à Izu, ces
unités pourraient étrangler ou laisser passer tout commerce maritime.

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