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Shogun

Shogun

Titel: Shogun Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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Yabu. On aurait dit un rocher. Ils
continuèrent à crier, Blackthorne se joignit à eux. Mais c’était comme s’ils ne
faisaient aucun bruit.
    L’un des hommes parla brièvement aux
autres qui acquiescèrent et s’inclinèrent. Il s’inclina à son tour. Puis, au
hurlement soudain de «  Bansaiiiii ! », il se jeta de la
falaise et se précipita dans la mort. Yabu sortit brusquement de sa transe, se
retourna et se leva.
    Blackthorne le vit tituber. Il s’attendait à le voir courir
se mettre à l’abri, abandonnant Rodrigues. C’est ce que
j’aurais fait. C’est vrai ? Je ne sais pas. Mais Yabu se mit à ramper, à
glisser, traînant l’homme inconscient derrière lui, à travers l’espace envahi
par les vagues jusqu’au pied de la falaise. Il trouva la corniche. Elle avait à
peine trente centimètres de largeur. Il y hissa péniblement Rodrigues. Il
faillit le perdre une fois, l’agrippa et le hissa à nouveau.
    La corde était trop courte de six mètres. Les samouraïs y
ajoutèrent rapidement leurs pagnes. Si Yabu se tenait debout, il pouvait juste
en toucher le bout.
    Ils l’encouragèrent et attendirent.
    En dépit de sa haine, Blackthorne ne pouvait qu’admirer le
courage de Yabu. Les vagues l’avaient submergé une bonne douzaine de fois. Il
avait deux fois perdu Rodrigues. À chaque fois, il l’avait ramené et lui avait
tenu la tête hors de l’eau avide. Blackthorne savait qu’il aurait déjà
abandonné depuis longtemps. Où trouves-tu ton courage, Yabu ? Es-tu une
créature du diable ? L’êtes-vous tous ?
    Descendre lui avait déjà demandé du courage. Blackthorne
avait d’abord cru que Yabu agissait par bravade. Mais il avait vu que l’homme
défiait la falaise et gagnait. Il avait amorti sa chute aussi habilement qu’un
acrobate. Et il avait abandonné avec dignité. Pendant près d’une heure, Yabu
s’était mesuré avec la mer, avec son corps qui le trahissait. Au crépuscule,
Takatashi était revenu avec les cordes. Ils fabriquèrent un berceau, le firent
descendre le long de la paroi, avec une dextérité que Blackthorne n’avait
jamais vue.
    Rodrigues fut rapidement remonté. Blackthorne aurait aimé
lui apporter les premiers soins, mais un Japonais aux cheveux plantés ras était
déjà à genoux près de lui. Il observa cet homme, qui était vraisemblablement
docteur, examiner la jambe cassée. Un samouraï tint les épaules de Rodrigues
pendant que le docteur appuyait de tout son poids sur la jambe.
L’os revint à sa place, sous la peau. Le docteur lui plaça une attelle,
lui enveloppa la vilaine plaie avec de drôles d’herbe Yabu fut ensuite remonté.
Le daimyô refusa toute aide, renvoya le docteur
auprès de Rodrigues, s’assit et attendit.
    Blackthorne le regarda. Yabu sentit son regard. Les deux
hommes se fixèrent.
    « Merci, dit finalement Blackthorne, en montrant
Rodrigues. Merci de lui avoir sauvé la vie. Merci, Yabu-san. » Il s’inclina,
exprès. Voilà pour ton courage, toi le fils aux yeux noirs de cette putain de
pute.
    Yabu lui rendit son salut, de façon aussi rigide. Mais
intérieurement il riait.

Livre deuxième

1 0
    Le voyage se déroula sans incident, jusqu’à Osaka. Les
carnets de Rodrigues étaient précis et clairs. La première nuit, Rodrigues
retrouva ses esprits. Au début, il crut qu’il était mort, mais sa douleur lui
fit bien vite comprendre qu’il avait tort. « Ils ont remis ta jambe en
place et l’ont bandée, lui dit Blackthorne. Ton épaule aussi. Elle était
disloquée. Ils n’ont pas voulu te saigner, malgré mes supplications.
    — Les jésuites pourront le faire quand on arrivera à
Osaka. » Les yeux tourmentés de Rodrigues le fusillaient. « Comment
je suis arrivé là, Ingeles ? Je me souviens très bien d’être passé
par-dessus bord, et puis plus rien. »
    Blackthorne lui raconta.
    « Je te dois donc une vie. Que Dieu te maudisse !
    — Du gaillard d’arrière, on avait l’impression de
pouvoir faire route sur la baie. De l’avant, ton angle de vision devait être
différent, de quelques degrés. La vague, c’était la malchance.
    — Ça me tracasse pas, Ingeles. T’étais sur le gaillard
d’arrière. T’étais à la barre. On le savait tous les deux. Je te maudis
simplement parce que je te dois une vie. Sainte Mère, ma jambe ! »
Des larmes de douleur coulèrent sur son visage. Blackthorne lui tendit un pot
de rhum chaud et le veilla pendant toute la nuit. La
tempête se

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