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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tim OBrien
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patrouille et il gardait son calme.
    — Eh ben, je sais pas, le gars est gravement touché, c’est la jambe entière, et il est allongé là. On va lui faire une espèce de litière, et vous, pendant ce temps, vous nous envoyez l’oiseau. L’ennemi ne tire pas, aucun problème. Zone d’atterrissage en toute sécurité, on vous attend avec de la fumée.
    Ils ont envoyé l’hélico en dix-huit minutes, mais c’était pas assez rapide. Le gars avait sauté sur une salve de mortier trafiquée, aucune chance qu’il s’en sorte.
    C’était un mec qui venait du Texas, un mec malin, tranquille, un sous-officier qui s’appelait Martin. Il est mort au moment où l’hélico a redécollé, au-dessus de la plage, au-dessus du vieux lagon.
     
    *
     
    Le lendemain, le 7 juillet, à la tombée de la nuit, j’ai fait cuire des écrevisses avec Bates. Les ravitaillements nous avaient rapporté de la margarine en boîte et des citrons, ce qui a donné lieu à un vrai festin. Le matin, on a appelé un autre hélico. Un mec qui s’appelait Peterson était parti pécher avec des grenades, et l’une d’elles lui avait arraché le bide. Six types sont allés le sortir du lagon. Ils l’ont foutu dans un poncho. Le plastique était rempli d’eau de mer et des morceaux d’estomac de Peterson.
     
    *
     
    À LZ Minutemen, une base d’artillerie américaine située à moins d’un kilomètre du lagon, les mortiers se livrent à leur rituel nocturne, semaine après semaine. En jouant leur rôle de première ligne de protection du village, ils calibrent leurs canons d’artillerie légère, déterminent les coordonnées sur la carte pour les bombardements de défense et, pour finir, ce sont eux qui enregistrent les données des tirs, pour plus de précision, en visant des cibles non habitées tout autour du lagon. Si le lagon est attaqué, ils peuvent immédiatement riposter.
    Une nuit, ils ont fait une erreur. Un sergent a défini l’élévation et la déflexion du canon et a transmis ces numéros à son opérateur radio, qui à son tour a transmis cette information à l’artillerie. Les chiffres enregistrés par l’artillerie ne correspondaient pas aux données enregistrées dans le bunker. À vingt-deux heures vingt, les canons ont tiré, le bon vieux rituel, et à vingt-deux heures vingt et une, les salves étaient en train de tomber sur le petit village du lagon.
    Trente-trois villageois ont été blessés. Treize tués, dont Bi Thi Cu, deux ans ; Pao Van Cu, le frère de Bi, quatre ans ; Le Xi, deux ans ; Dao Thi Thuong, neuf ans ; Pham Thi Ku, quatre ans ; Pham Khanh, quinze ans ; Le Chuc, huit ans ; Le Thi Tam, dix ans – des enfants.
    Les hélicos ont atterri toute la nuit dans le lagon, sous une pluie incessante ; ils transportaient les victimes dans les hôpitaux et les morgues. Les soldats se démenaient sous la pluie, dans les décombres de tôle, à la recherche des survivants. Les inspecteurs de l’armée sont arrivés en moins d’une heure et prenaient des notes d’un air sinistre.
    Un mois plus tard, quand ils ont eu terminé tous leurs rapports et quand les preuves de culpabilité ont été rendues publiques, des frais compensatoires ont été versés aux familles des tués et des mutilés : vingt dollars par villageois blessé ; trente-trois dollars quatre-vingt-dix cents par mort. Le sang a coulé de manière certaine, pour des causes incertaines. Aucun monstre des lagons n’avait jamais fait aussi peur.

XIX

DULCE ET DECORUM (12)
    « Tim,
    Comment peut-on répondre à une telle lettre ? Il fait très chaud en juillet, il en a toujours été ainsi, des gamins couverts de sueur qui courent dans la rue avec des cierges magiques, mais où sont-ils, aujourd’hui, dis-moi un peu ? J’ai bien peur qu’ils soient avec toi ; certains d’entre eux sont toujours en train de rire en poussant des cris stridents, avec un patriotisme sordide qui leur embrouille les méninges.
    J’imagine que si l’on tire un jour quelque chose de cette expérience imprévisible, ça sera une gratitude envers l’honnêteté – de la franchise de la part de nos hommes politiques, de nos amis, de nos copines, de nous-mêmes. Plus de menteurs dans les lieux publics. (Les lits et les bars sont, à leur manière, des lieux aussi publics que la salle du Congrès.)
    Car l’honnêteté est devenue une entité qu’il faut différencier de l’innocence de l’enfance ou des aspirations que peuvent avoir les

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