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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tim OBrien
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des hélicos.
    Quand les avions sont rentrés au bercail et que la fumée s’est dissipée, le commandant du bataillon est descendu chercher l’officier blessé et le mec mort d’une plaie soufflante.
    On est entré dans le village. Il y avait deux Nord-Vietnamiens morts. Une petite vieille déambulait en souriant, et puis c’était tout. On a pris les papiers d’identité des mecs et la petite vieille est repartie.
    Les gars ont fait le tour du village. Comme on savait pertinemment qu’on allait se faire tirer dessus au mortier, on a tous creusé des trous bien profonds. Et puis on a installé des postes d’écoute à l’intérieur même du village. Le coin était truffé de tunnels et d’abris à bombes, et le napalm avait peut-être raté quelque chose. Pendant la nuit, des barrages de mortiers nous sont tombés dessus. Deux hommes ont été blessés. On s’est rendormis. Le capitaine Smith et trois autres gars ont ouvert le feu à l’intérieur du périmètre. Le truc qu’ils avaient abattu est resté là, par terre, toute la nuit, et au petit matin on a ramassé un cochon crevé.
    Le lendemain, on a fait sauter des tunnels et des abris à bombes. Un morceau d’argile est tombé, est venu percuter un mec et lui a arraché le nez. Le type est mort noyé dans son sang. Il était en train de bouffer du jambon et des œufs dans une boîte de conserve.
    Après ça, on a traversé des coins de campagne. On s’est arrêtés pour se reposer en haut d’une colline. Pour des raisons de sécurité, le capitaine Smith a envoyé une patrouille – six gars – faire le tour de la colline. Un peu plus tard, on a entendu une explosion ; je les ai appelés pour voir si tout allait bien. Ils ne répondaient pas, alors on a attendu. Le capitaine Smith disait qu’ils nous avaient juste tirés dessus au petit bonheur la chance. On a dîné. C’est à ce moment que l’un des gars de la patrouille est sorti des buissons. Il tenait à peine debout, il saignait, il chialait. La patrouille était tombée sur une grosse mine. Les autres étaient toujours là-bas. Les toubibs ont eu beau transpirer et faire tout leur possible, deux des gars étaient morts, un type avait une jambe arrachée et les autres ne pouvaient pas bouger. Le commandant du bataillon s’est posé et les a embarqués. Ça lui a valu la distinction de la Croix de l’air, une médaille des plus prestigieuses pour les colonels.
    Vers la fin juillet, ils ont transporté la compagnie Alpha tout en haut d’une montagne. Il y avait un monastère, là-haut, mais les services de renseignements ont dit au capitaine Smith de s’attendre à de la castagne.
    On a atterri à côté d’une statue du Bouddha et un moine est venu à notre rencontre. Il nous a apporté de la pastèque et un autre fruit. On est entrés dans l’enceinte et on est passés par un chemin très bien entretenu à travers des jardins agrémentés de petites statues.
    Le moine tenait la tête très haute sur un cou qu’il n’utilisait pas. Pour regarder à gauche ou à droite, il faisait pivoter son corps à partir du tronc. Il avait un crâne rond et chauve, avec une peau brune tendue à la manière d’une peau de vache tannée au soleil, une peau parfaitement tirée sur sa boîte crânienne et sur son nez pointu et fin.
    Il nous a montré du doigt ses jardins remplis de pastèques et de légumes qui ressemblaient à des concombres. Les sentiers avaient une couleur rouge ; les bâtiments étaient blancs et impeccables. Il nous a montré une nichée de gamins ; d’après ce qu’il nous a dit, la moitié étaient des orphelins et les autres avaient été abandonnés. Il a pointé le doigt sur son crâne chauve et s’est marré.
    Il n’y avait pas un coin, dans tout le Viêtnam, qui se trouvât plus éloigné de la guerre : au sud de Chu Lai, au nord de la péninsule de Batangan, à l’est de l’autoroute 1, à l’ouest de la mer. Ce monastère était situé sur le coteau d’une crête où poussaient des palmiers, des pins et, dans ses jardins, des pastèques et des fruits.
    Le moine nous a montré ou l’on pouvait creuser nos trous pour la nuit, dans sa cour. C’est avec grâce qu’il a accepté des rations C et qu’il a laissé les toubibs jeter un œil sur l’état de santé des enfants. La nuit est tombée et il est entré dans un bâtiment blanc, il a brûlé de l’encens et s’est couché.
    J’ai monté la garde, j’ai dormi, et j’ai remonté la garde.

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