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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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cependant un cri
d’effroi s’éleva de la foule des spectateurs : l’animal cabré
s’enlevait davantage encore, quand un dernier effort désespéré le
fit basculer en arrière par-dessus son cavalier.
    Mais toujours aussi agile, ce dernier s’était
déjà retiré avant même la chute du monstre, qu’il accompagna du
pied lorsqu’il roula sur le sol. Puis, saisissant la crinière au
moment où la bête se relevait, il sauta légèrement et se retrouva
sur son dos. Le sombre procureur lui-même ne put s’empêcher de
mêler ses acclamations à celles des autres, quand Pommers, étonné
de sentir encore le cavalier sur lui, se mit à parcourir au galop
le champ en tous sens.
    Hélas, le cheval sauvage devint fou furieux.
Dans un sombre recoin de son âme indomptée naquit la rageuse
détermination de se débarrasser de ce cavalier qui se cramponnait,
dût-elle avoir pour conséquence la destruction de l’homme et de la
bête. Les yeux injectés, il regarda autour de lui, cherchant la
mort. Le grand champ était borné de trois côtés par un haut mur
percé seulement en un endroit par une lourde porte de bois de
quatre pieds de haut, mais sur le quatrième côté un bâtiment gris
et bas, une des granges de l’abbaye, présentait un long flanc que
ne trouaient ni portes ni fenêtres. Le cheval se lança, au galop,
la tête la première vers ce mur de trente pieds. Peu importait
qu’il se rompît les os à la base des pierres, s’il pouvait au moins
en même temps arracher la vie de cet homme, qui prétendait dompter
celui que personne n’avait encore maîtrisé. Les puissantes hanches
se rassemblèrent sous lui, les sabots martelèrent l’herbe à un
rythme qui s’accélérait à mesure que monture et cavalier se
rapprochaient du mur. Nigel allait-il sauter, au risque d’abdiquer
sa volonté devant celle de l’animal ? Toujours calme et vif,
mais décidé, l’homme fourra la longe et la cravache dans sa main
gauche qui n’avait pas lâché prise et tenait fermement la crinière,
cependant que, de la droite, il détachait le court mantelet qui lui
couvrait les épaules ; puis, se couchant sur le dos de la
bête, il lui jeta le vêtement sur les yeux. Il s’en fallut de peu
que le plan n’échouât et que le cavalier ne fût démonté : à
peine eut-il les yeux plongés dans l’obscurité que l’animal surpris
se cabra sur ses pattes antérieures et s’arrêta si brusquement que
Nigel fut projeté sur son encolure ; il ne dut son salut qu’à
sa ferme prise sur la crinière. Avant même qu’il eût pu glisser en
arrière, le danger était passé car le cheval, l’esprit embrumé par
ce qui venait de lui arriver, se mit de nouveau à tourner en rond,
tremblant de tous ses membres, rejetant la tête jusqu’à ce que le
manteau glissât de ses yeux et que l’ombre terrifiante eût fait
place à l’habituel cadre de verdure ensoleillée.
    Mais quel était ce nouvel outrage qu’on lui
infligeait ? Qu’était cette longue barre de fer pressée contre
sa bouche ? Et cette lanière qui lui écorchait la nuque, cette
autre qui lui passait devant les sourcils ? Durant les
quelques instants de calme qui avaient précédé la chute du
mantelet, Nigel s’était penché, avait glissé le mors entre les
dents et l’avait fermement assujetti.
    Une rage aveugle et frénétique s’éleva de
nouveau dans le cœur de l’animal devant cette nouvelle humiliation,
devant cet insigne de servitude et d’infamie. Il se fit menaçant.
Il détestait l’endroit, les gens et tous ceux qui attentaient à sa
liberté. Il allait en finir avec eux. Il ne les reverrait jamais
plus. Qu’on le laissât aller dans le coin le plus reculé de la
terre vers les grandes plaines de la liberté, n’importe où, pourvu
qu’il pût échapper au fer qui le défiait et à l’insupportable
maîtrise de cet homme !
    Il virevolta brusquement et le bond qu’il
exécuta avec la grâce d’un daim l’amena devant la porte. Le bonnet
de Nigel était tombé et ses longs cheveux blonds flottaient
derrière lui au rythme de la course. L’homme et sa monture se
retrouvèrent dans la noue où, devant eux, scintillait un petit
cours d’eau d’une vingtaine de pieds de largeur qui coulait vers le
courant plus important du Wey. Le cheval jaune se ramassa et le
franchit comme une flèche. Il avait bondi de derrière un rocher et
atterri dans un bouquet d’ajoncs poussant sur l’autre rive – deux
pierres marquent toujours

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