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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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et d’un
plus ferme courage. Mais depuis que le roi Édouard vous donna
là-bas ce collier de perles, vous ne faites plus que de tourner le
dos aux Anglais.
    – Messire de Clermont, répondit
Ribeaumont gravement, il ne me sied point de me battre au conseil
du roi ni devant l’ennemi, et nous réglerons cette question une
autre fois. Maintenant, le roi m’a demandé mon avis et je le lui ai
donné du mieux que je pouvais.
    – Il eût mieux convenu à votre honneur,
messire Eustace, de garder le silence, fit le duc d’Orléans.
Allons-nous les laisser échapper alors que nous les tenons ici et
sommes quatre fois plus nombreux ? Je ne sais où nous
pourrions aller encore dans la suite, car je suis bien sûr que nous
aurions honte de retourner à Paris et de regarder nos dames dans
les yeux.
    – En vérité, Eustace, vous avez bien fait
de me découvrir ce que vous aviez en esprit, fit le roi. Mais j’ai
déjà dit que nous nous battrions ce matin : inutile donc de
discuter plus avant. Pourtant j’aurais voulu apprendre de vous la
façon la plus sage et la meilleure de les attaquer.
    – Je vais vous conseiller, sire, du mieux
que je le pourrai. Leur droite est protégée par une rivière
entourée de marais, et leur gauche par une épaisse forêt. Ainsi
donc, nous les devons attaquer de face. Devant leur front s’étend
une haie épaisse, derrière laquelle j’ai aperçu les hoquetons verts
de leurs archers, qui sont aussi serrés que les laîches le long de
la rivière. Cette haie est trouée par une route, où quatre
cavaliers seulement peuvent passer de front, et qui mène dans leurs
positions. Il est clair donc, si nous voulons les repousser, qu’il
nous faudra franchir la haie. Mais je suis certain que les chevaux
ne pourront s’en approcher devant l’avalanche de flèches qui
viendra de derrière. Ainsi donc, je tiens que nous devrions
combattre à pied, ainsi que les Anglais le firent à Crécy, car nous
pourrions nous apercevoir que nos chevaux nous gêneraient plus
qu’ils ne nous aideraient en ce jour.
    – J’ai eu la même pensée, sire, fit
Arnold d’Andreghien, le maréchal. À Crécy les plus vaillants ont dû
faire demi-tour, car que peut faire un homme avec un cheval affolé
par la douleur et la peur ? Si nous avançons à pied, nous
sommes maîtres de nous-mêmes, et, si nous nous arrêtons, nous en
supporterons toute la honte.
    – Le conseil est bon, fit le duc
d’Athènes, en tournant vers le roi son visage rusé et ratatiné. Je
n’y ajouterai qu’une chose : la force de ces gens se trouve
dans leurs archers. Ainsi donc, si nous pouvions jeter le désordre
parmi eux, ne fût-ce qu’un court moment, nous pourrions nous
emparer de la haie. Sinon, ils vont tirer de telle façon que nous
perdrons un grand nombre d’hommes avant même que de l’atteindre,
car nous avons appris par expérience qu’aucune armure ne résiste à
leurs traits lorsqu’ils tirent de près.
    – Que voilà de bonnes et sages paroles,
fit le roi. Mais je vous prie de nous dire comment vous jetteriez
le désordre parmi ces archers.
    – Je choisirais trois cents cavaliers,
sire, parmi les meilleurs de l’armée. Je remonterais l’étroite
route pour attaquer ensuite à gauche et à droite, en prenant les
archers par-derrière la haie. Il est possible que ces trois cents
hommes aient grandement à souffrir, mais que sont-ils dans pareil
ost, si une brèche peut être ouverte pour leurs
compagnons ?
    – Je voudrais ajouter un mot à cela,
sire, s’écria un Germain, le comte de Nassau. Je suis venu ici avec
mes camarades pour risquer nos vies dans votre querelle. Nous
réclamons le droit de combattre à notre façon, et nous
considérerions comme un déshonneur que de mettre pied à terre de
peur des flèches anglaises. C’est pourquoi, avec votre permission,
nous monterons en avant, comme le conseille le duc d’Athènes, pour
vous ouvrir le chemin.
    – Cela ne se peut, s’écria le seigneur de
Clermont, rouge de colère. Il serait bien étrange qu’on ne pût
trouver des Français pour ouvrir un chemin à l’armée du roi de
France. À vous entendre, messire comte, on croirait que votre
hardiesse est plus grande que la nôtre. Mais par Notre-Dame de
Rocamadour, vous apprendrez avant ce soir qu’il n’en est point
ainsi. C’est à moi, puisque je suis maréchal de France, qu’il
revient de conduire ces trois cents hommes.
    – Et je réclame le même droit pour la
même

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