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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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Dame. Laissez la loi
suivre son cours et apprenez à vous humilier devant la puissance de
la sainte Église. La vie ne vous a-t-elle donc point appris sa
leçon, à vous dont les trompes sonnaient autrefois parmi les plus
grandes et qui bientôt n’aurez même plus un toit au-dessus de vos
cheveux gris ? Arrière, vous dis-je, ou je vous jette ma
malédiction.
    La vieille dame éclata soudain en fureur
devant le moine :
    – Écoutez-moi vous maudire, vous et les
vôtres, cria-t-elle en levant ses bras décharnés et en foudroyant
son interlocuteur de ses yeux flamboyants. Ce que vous avez fait à
la maison de Loring, puisse Dieu vous le rendre jusqu’à ce que
votre puissance soit balayée du pays d’Angleterre et que, de votre
grande abbaye de Waverley, il ne reste plus pierre sur pierre dans
la verte prairie ! Je le vois ! Je vois cela d’ici !
Mes yeux usés le voient ! Depuis le dernier marmiton jusqu’à
l’abbé, et des celliers jusqu’aux tours, puisse l’abbaye de
Waverley, et tout ce qu’elle contient, perdre de sa puissance et
s’affaiblir à partir de cette nuit !
    Le moine, si dur qu’il fût, frémit devant
cette figure décharnée qui lançait son suprême anathème. Le
porte-contrainte et ses archers avaient déjà quitté la pièce avec
leur prisonnier. Il se retira donc vivement en claquant la porte
derrière lui.

Chapitre 5 COMMENT NIGEL FUT JUGÉ PAR L’ABBÉ DE WAVERLEY
    La législation médiévale, enténébrée comme
elle l’était par le dialecte normand qui abondait en termes rudes
et incompréhensibles, était une arme terrible aux mains de ceux qui
savaient s’en servir. Ce n’est pas pour rien que le premier soin
des révoltés fut de trancher la tête du lord chancelier. À une
époque où peu de gens savaient lire et écrire, ces phrases et ces
tournures compliquées, avec les parchemins et les sceaux qui
constituaient leurs enveloppes, frappaient de terreur les cœurs
aguerris contre les dangers physiques.
    Même le caractère gai et souple du jeune Nigel
Loring eut un léger frisson cette nuit-là, alors que, étendu dans
la cellule pénitentiaire de Waverley, il méditait sur la ruine
absolue qui menaçait sa maison et qui émanait d’une source contre
laquelle le courage était impuissant. Autant ceindre l’épée et le
bouclier pour lutter contre la peste noire que contre ce pouvoir
qu’était la sainte Église. Il se trouvait là, impuissant, aux mains
de l’abbé qui l’avait déjà dépouillé d’un champ par-ci, d’un
hallier par-là, et qui cette fois, d’un seul coup, lui enlevait
tout ce qui lui restait. Mais alors, où donc serait la maison des
Loring, où Lady Ermyntrude reposerait-elle sa tête chargée d’ans,
et où ses vieux serviteurs, usés et fatigués, trouveraient-ils la
compréhension à laquelle ils avaient droit après des années de
travail ? Il frissonna à cette pensée.
    La menace de porter la question devant le roi
était belle et bonne, mais il y avait des années qu’Édouard n’avait
plus entendu le nom des Loring, et Nigel savait que le prince avait
la mémoire courte. De plus, l’Église faisait la loi au palais
autant que dans les demeures du peuple, et il fallait une très
bonne raison pour qu’on pût attendre du roi qu’il contrecarrât la
volonté d’un prélat aussi important que l’abbé de Waverley, du
moment qu’elle restait en concordance avec la loi. De quel côté,
alors, lui fallait-il regarder pour chercher du secours ? Avec
la piété simple et pratique de son âge, il implora l’aide de ses
saints particuliers : saint Paul, dont les aventures sur terre
et sur mer l’avaient toujours passionné ; saint Georges qui
avait conquis sa place en luttant contre le dragon ; et saint
Thomas qui, étant un gentilhomme d’armes, comprendrait et aiderait
un noble. Grandement réconforté par ces naïves oraisons, il dormit
du doux sommeil dont jouissent la jeunesse et la santé jusqu’à
l’arrivée du frère lai qui lui apportait le pain et la bière légère
de son déjeuner. La cour de l’abbé siégeait dans la salle du
chapitre à l’heure canonique de tierce, soit neuf heures du matin.
Elle fonctionnait toujours avec solennité, même lorsque l’accusé
n’était qu’un vilain surpris à braconner sur les terres de l’abbaye
ou un colporteur qui avait trompé par des mesures inexactes en
usant d’une balance faussée. Mais cette fois, alors qu’il
s’agissait de juger un noble, le

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