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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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retenir ma main quand je puis leur faire
tort.
    Un murmure bas parcourut la pièce, un murmure
en partie d’étonnement devant pareille franchise, et en partie de
colère devant tant de hardiesse. L’abbé reprit place comme
quelqu’un qui a pris une décision.
    – Que le cas du porte-contrainte soit
exposé devant nous ! Justice sera rendue et le coupable puni,
fût-il noble ou roturier. Que la plainte soit déposée devant la
cour !
    L’histoire du porte-contrainte, bien que
farcie de répétitions légales interminables, n’était que trop
claire dans son essence. Red Swire, dont le visage rouge de colère
était encadré de favoris blancs, fut introduit et avoua avoir
malmené l’officier de justice. Un second inculpé, un petit archer
de Churt, l’avait aidé dans son forfait. Tous deux se déclarèrent
prêts à reconnaître que le jeune squire Nigel Loring ignorait tout
de la chose. Mais en plus de cela, il y avait eu les papiers
déchirés. Nigel, incapable de mentir, dut reconnaître que c’était
de ses propres mains qu’il avait détruit les augustes documents. Il
était trop fier pour invoquer une excuse ou une explication. Un
nuage assombrit les sourcils de l’abbé et le procureur regarda le
prisonnier avec un sourire ironique, tandis qu’un murmure
parcourait la salle du chapitre lorsque l’instruction fut
close.
    – Squire Nigel, fit l’abbé, il vous
appartenait, à vous surtout qui êtes d’ancienne lignée, de donner
le bon exemple afin de guider la conduite des autres, au lieu de
quoi votre manoir a toujours été le centre de l’agitation ;
non content de votre comportement rude envers nous, les moines
cisterciens de Waverley, vous avez opposé votre mépris à la loi
royale, et vos serviteurs ont malmené la personne de son messager.
Pour pareille offense, il est de mon devoir d’appeler les terreurs
spirituelles de l’Église sur votre tête, mais cependant, je ne
serai point dur envers vous, considérant que vous êtes jeune et
que, pas plus tard que la semaine passée, vous avez sauvé la vie
d’un serviteur de notre abbaye alors qu’il se trouvait en danger.
C’est donc de moyens temporels et charnels que j’userai pour
maîtriser votre esprit indiscipliné et châtier votre humeur entêtée
et violente qui a provoqué semblable scandale dans vos rapports
avec l’abbaye. Au pain et à l’eau pendant six semaines jusqu’à la
fête de saint Benedict, plus une exhortation quotidienne par notre
chapelain, le pieux père Ambrose, qui réussira peut-être à courber
cette fière nuque et à adoucir ce cœur dur.
    Devant cette sentence ignominieuse qui
condamnait le fier et dernier descendant des Loring à partager le
destin du plus vil des braconniers du village, le sang bouillonnant
de Nigel lui monta au visage. Son œil regarda autour de lui,
montrant plus clairement que les mots qu’il n’accepterait jamais
cette malédiction. Par deux fois il essaya de parler et, par deux
fois, la colère et la haine arrêtèrent les mots dans sa gorge.
    – Je ne suis point de vos serfs, Père
abbé, s’écria-t-il enfin. Nous avons toujours été vavasseurs du
roi. Je vous dénie, à vous et à votre cour, le droit de pouvoir
édicter une sentence contre moi. Punissez donc vos moines qui
frémissent devant un froncement de vos sourcils, mais prenez garde
de ne point porter la main sur quelqu’un qui ne vous craint point,
qui est un homme libre et ne redoute que le roi lui-même.
    Un court instant, l’abbé parut ébranlé par ces
fières paroles et par la voix haute et sonore qui les prononçait.
Mais le sévère procureur vint, comme toujours, renforcer sa
volonté. Il brandit le vieux parchemin.
    – Les Loring étaient en effet vavasseurs
du roi, dit il. Voici le sceau d’Eustace Loring qui prouve qu’il
s’était fait vassal de l’abbaye et que c’est d’elle qu’il tenait sa
terre.
    – Parce qu’il était crédule, s’écria
Nigel. Parce qu’il ne soupçonnait ni la ruse ni les artifices.
    – Non, intervint le porte-contrainte.
S’il vous plaît de m’entendre sur un point de loi, Père abbé, peu
importent les causes pour lesquelles un acte a été souscrit, signé
ou confirmé. Un tribunal n’attache d’importance qu’aux termes,
articles, conventions et engagements dudit acte.
    – De plus, ajouta le procureur, une
sentence a été rendue par la cour de l’abbaye et c’en serait fait
de notre honneur et de notre nom si nous ne nous y

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