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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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sous cet aspect :
nous ne sommes que les gardiens des biens que nous devons
transmettre à nos successeurs. Mais on a aussi confié à ma garde
une chose plus précieuse encore : le bon esprit et la haute
réputation de ceux qui suivent la règle de saint Bernard ;
nous avons toujours eu pour soin, depuis que notre saint fondateur
se rendit dans la vallée de Clairvaux et s’y bâtit lui-même une
cellule, de nous ériger en exemples de douceur et de dignité pour
tous les hommes. C’est pour cette raison que nous bâtissons nos
maisons en terrain plat, que les chapelles de nos abbayes n’ont
point de tours et que nous n’avons dans nos murs ni objets de luxe
ni métaux à l’exception du fer et du plomb. Un frère mange dans une
écuelle de bois, boit dans une coupe de fer et s’éclaire avec un
bougeoir de plomb. Il ne sied certainement point à un pareil ordre,
qui attend l’exaltation promise aux humbles, de juger son propre
cas et d’acquérir ainsi les terres de son voisin. Si notre cause
est juste, comme je crois qu’elle l’est, il vaudrait mieux qu’elle
fût jugée devant les assises du roi à Guildford. Je décide donc de
renvoyer l’affaire afin qu’elle soit entendue ailleurs.
    Nigel murmura une prière aux trois saints qui
l’avaient si bien secouru à l’heure du besoin.
    – Abbé John, dit-il, je n’aurais jamais
cru qu’un homme portant mon nom adresserait un jour des
remerciements à un cistercien de Waverley. Mais, par saint Paul,
vous avez parlé en homme aujourd’hui. Ce serait en effet jouer avec
des dés pipés, si le cas de l’abbaye était jugé par l’abbaye
elle-même.
    Les frères vêtus de blanc regardèrent d’un air
à la fois réprobateur et amusé, tout en écoutant cette étrange
réponse adressée à celui qui, dans leur vie étroite, était en
quelque sorte le représentant direct du ciel. Les archers s’étaient
écartés de Nigel comme s’ils eussent voulu montrer qu’il était
libre de s’en aller, lorsque la voix puissante du porte-contrainte
rompit le silence.
    – S’il vous plaît, Révérend Père, votre
décision est en effet
secundum legem et intra
vires
[1] en ce qu’elle porte sur l’accusation
civile qui concerne cet homme et votre abbaye. C’est là votre
affaire. Mais c’est moi, Joseph, porte-contrainte, qui ai été
grandement et criminellement malmené. Ce sont mes ordonnances, mes
papiers et mes sceaux qui ont été détruits, mon autorité qui a été
bafouée et ma personne qui a été traînée dans une fondrière,
marécage ou marais, à tel point que mon pourpoint de velours et
l’insigne de mon office sont perdus et se trouvent, à ce que je
crois, dans ce marais, marécage ou fondrière suscité, qui est le
même marécage, marais…
    – Assez ! cria l’abbé. Laissez donc
là cette ridicule façon de vous exprimer et dites-nous clairement
ce que vous désirez.
    – Révérend Père, j’ai été officier du
roi, tout autant que serviteur de la sainte Église. Et j’ai été
assailli et interrompu dans l’exercice légal et légitime de mes
fonctions, mes papiers rédigés au nom du roi ont été détruits, et
leurs morceaux jetés au vent. Et pour cette raison donc, je demande
justice contre cet homme, devant la cour de l’abbaye, ladite
agression ayant été commise dans les limites de la juridiction de
l’abbaye.
    – Qu’avez-vous à ajouter à ceci, Frère
procureur ? demanda l’abbé, quelque peu perplexe.
    – J’ajouterai, mon Père, qu’il est en
notre pouvoir de traiter délicatement et charitablement pour tout
ce qui nous concerne, mais que, pour ce qui regarde l’officier du
roi, nous manquerions à notre devoir en ne lui accordant point
toute la protection qu’il requiert de nous. Je vous rappellerai
aussi, Révérend Père, que ce n’est point le premier acte de
violence de l’accusé, mais que, avant cela, il a roué de coups
certains de vos serviteurs, défié notre autorité et introduit un
brochet dans le vivier de l’abbé.
    Les lourdes joues du prélat rougirent de
colère au rappel de cet outrage. Son regard se durcit et ses yeux
se tournèrent vers le prisonnier.
    – Dites-moi, sir Nigel, avez-vous
vraiment mis du brochet dans l’étang ?
    Le jeune homme se redressa fièrement.
    – Avant que je réponde à pareille
question, Père abbé, répondez d’abord à la mienne et dites-moi ce
que les moines de Waverley ont jamais fait pour moi, pour que je
sois assez bon de

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