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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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avec lesquels on accueille généralement
tout ce qui fait diversion à une sombre routine. Mais soudain il se
fit parmi les derniers du groupe un remous qui se propagea vers le
centre et, pour finir, le premier rang fut violemment rejeté de
côté. Dans la trouée surgit une silhouette étrangère qui, au moment
même de son apparition, domina de toute son autorité le chapitre,
l’abbé, les moines, les prélats et les archers.
    C’était un homme dans la vigueur de l’âge, à
la fine chevelure blonde, portant une moustache frisée et dont le
menton s’ornait d’une légère barbe de même teinte que les
cheveux ; sur le visage anguleux on ne voyait qu’un grand nez
semblable à un bec d’aigle. De fréquentes expositions au vent et au
soleil avaient tanné et hâlé sa peau. Il était grand et élancé.
L’un de ses yeux était entièrement recouvert par la paupière qui
retombait sur une orbite vide, mais l’autre dansait et pétillait,
sautant de gauche à droite avec une sorte d’ironie critique et
intelligente, tout le feu de son âme semblant s’écouler par cette
seule ouverture. Ses vêtements étaient aussi remarquables que sa
personne. Un riche pourpoint et un manteau étaient marqués au
revers d’une grande devise écarlate en forme de coin. Une dentelle
de grand prix lui recouvrait les épaules et, au milieu des plis,
apparaissait le scintillement d’une lourde chaîne d’or. Une
ceinture et des éperons de chevalier cliquetant à ses bottes de
daim proclamaient son rang. Sur le poignet de son gantelet gauche,
il portait un petit faucon, ou hobereau, chaperonné, d’une race qui
à elle seule dénotait la dignité du propriétaire. Il n’avait point
d’armes, mais à son dos, suspendu par un ruban de soie noire,
pendait un luth dont le haut manche brun dépassait de l’épaule. Tel
était l’homme étrange dont émanait une impressionnante puissance et
qui scrutait d’un regard auquel il n’était pas question d’échapper
le groupe de gens armés et de moines courroucés.
    – Veuillez m’excuser, dit-il en un
français zézayant, excusez, mes amis. Je croyais venir vous
arracher à vos prières et à vos méditations, mais de ma vie je n’ai
vu saints exercices de ce genre sous le toit d’une abbaye, avec des
glaives en guise de bréviaires et des archers comme fidèles. Je
crains bien d’arriver au mauvais moment. Et cependant je viens en
mission de la part de quelqu’un qui n’aime guère les délais.
    L’abbé et le procureur avaient commencé à se
rendre compte que les choses étaient allées beaucoup plus loin
qu’ils ne le voulaient et qu’il ne leur serait guère aisé, sans
scandale, de sauver leur dignité et le beau renom de Waverley.
Aussi, malgré l’allure débonnaire, pour ne pas dire irrespectueuse,
du nouvel arrivant, ils se réjouirent de son intervention.
    – Je suis l’abbé de Waverley, mon fils,
répondit le prélat. Si votre message a trait à une question
publique, vous pouvez me le communiquer ici même dans la salle
capitulaire, sinon je vous accorderai une audience. Car il est
manifeste que vous êtes un gentilhomme par le sang et par les
armoiries, et que vous n’interviendriez point à la légère dans les
affaires de notre cour, affaires qui, ainsi que vous avez pu le
remarquer, conviennent peu à des gens paisibles comme moi-même et
les frères de la règle de saint Bernard.
    – Pardieu, Père abbé, fit l’étranger, il
m’a suffi d’un coup d’œil sur vous et vos gens pour me convaincre
que cette affaire était en effet peu de votre goût et qu’elle le
sera encore moins quand je vous aurai dit que, plutôt que de voir
ce jeune homme de noble allure dans la fenêtre molesté par vos
archers, je prendrai parti pour lui.
    À ces mots, le sourire de l’abbé laissa la
place à un froncement de sourcils.
    – Il vous siérait mieux, messire, je
pense, de transmettre le message dont vous vous dites le porteur
que de soutenir un prisonnier contre le jugement légitime d’un
tribunal.
    L’étranger balaya le prétoire d’un regard
inquisiteur.
    – Le message ne vous est point destiné,
mon bon Abbé ; il est adressé à quelqu’un que je ne connais
point. Je me suis rendu en sa demeure où l’on me dit que je le
trouverais ici. Son nom est Nigel Loring.
    – Alors, il est pour moi, messire.
    – Je m’en doutais. J’ai connu votre père,
Eustace Loring et, bien qu’il en valût deux comme vous, il a laissé
son

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