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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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breuvages au roi et à sa
cour ?
    – Il nous faudrait du vin de Bordeaux. Et
avec le veau marbré, la volaille et l’oie, nous pourrons faire
assez pour le repas, s’il ne reste que pour une nuit. Et combien
seront-ils ?
    – Une douzaine, au moins.
    La vieille dame se tordit les mains de
désespoir.
    – Non, ne le prenez pas ainsi à cœur,
chère Dame, fit Nigel. Nous n’avons qu’un mot à dire et le roi
s’arrêtera à Waverley, où lui et sa cour trouveront tout ce qu’ils
pourront désirer.
    – Cela, jamais ! se récria Lady
Ermyntrude. Ce serait une honte et une disgrâce pour nous si le roi
devait longer notre porte alors qu’il a gracieusement offert de la
pousser. Non, je m’en sortirai. Jamais je n’aurais cru être forcée
un jour à ceci, mais je sais qu’il le voudrait et je le ferai.
    Décrochant une clé qui pendait à sa ceinture,
elle se dirigea vers le vieux coffre de fer. Le grincement des
charnières rouillées, lorsqu’elle souleva le couvercle, prouva à
l’évidence combien la vieille dame se tenait éloignée du Saint des
Saints de son coffre aux trésors. Par-dessus se trouvaient quelques
reliques de vieilles parures : un manteau de soie semé
d’étoiles d’or, une coiffe de fils d’argent, un rouleau de dentelle
de Venise. En dessous s’empilaient des paquets attachés avec de la
soie, que la vieille dame mania avec soin : un gant d’homme
pour la chasse, une sandale d’enfant, des lacs d’amour faits d’un
ruban d’un vert passé, quelques lettres d’une écriture rude et une
relique de saint Thomas. Puis, du fond même du coffre, elle tira
trois objets enveloppés de soie qu’elle déballa et posa sur la
table. L’un était un bracelet d’or brut dans lequel étaient
enchâssés des rubis non taillés, le second était un plateau d’or et
le troisième un hanap du même métal.
    – Vous m’avez souvent déjà entendu parler
de ces objets, Nigel, mais vous ne les aviez jamais vus, car voilà
longtemps que je n’ai plus ouvert le coffre, de crainte que dans
nos grands besoins nous ne soyons tentés d’en faire de l’argent. Je
les ai tenus loin de ma vue et même de mes pensées. Mais cette
fois, il s’agit de l’honneur de notre maison et il me faut m’en
séparer. Ce hanap est celui que mon époux, Sir Nele Loring, gagna
après la prise de Bagdad, alors que ses compagnons et lui avaient
tenu la lice depuis matines jusqu’à vêpres contre la fleur de la
chevalerie française. Le plateau lui fut donné par le comte de
Pembroke en souvenir de sa vaillance sur le champ de bataille de
Falkirk…
    – Et le bracelet, chère Dame ?
    – Vous n’en rirez point, Nigel ?
    – Certes non, pourquoi le
ferais-je ?
    – Ce bracelet fut le prix de la reine de
beauté qui me fut donné devant toutes les grandes dames
d’Angleterre par Sir Nele Loring, un mois avant notre union. Une
reine de beauté, Nigel ! Moi ! Vieille et voûtée comme
vous me voyez maintenant ! Cinq hommes sont tombés devant sa
lance avant qu’il m’offrît ce bijou. Et maintenant, dans mes
dernières années…
    – Non, non, chère et honorée Dame, nous
ne nous séparerons point de ce trésor.
    – Si, Nigel ; il l’aurait voulu
ainsi. Je l’entends presque me le murmurer à l’oreille. L’honneur
était tout pour lui, le reste rien. Enlevez cela, Nigel, avant que
mon cœur faiblisse. Demain, vous porterez le tout à Guildford. Vous
y verrez Thorold, l’orfèvre. Vous tâcherez d’en obtenir assez
d’argent pour faire face à tout ce dont nous avons besoin pour la
venue du roi.
    Elle détourna le visage pour dissimuler ses
traits ridés et le couvercle du coffre de fer en retombant couvrit
un sanglot.

Chapitre 7 COMMENT NIGEL S’EN FUT FAIRE SES EMPLETTES À GUILDFORD
    Ce fut par un beau matin de juin que Nigel, le
cœur allégé par la jeunesse et le printemps, quitta Tilford pour
s’en aller faire ses emplettes à la ville proche de Guildford. Sous
lui, son grand cheval jaune caracolait et sautillait, aussi heureux
et léger d’esprit que son maître. Dans l’Angleterre entière, on
aurait difficilement pu trouver un couple aussi ardent et
débonnaire. La route sablonneuse serpentait à travers les bois de
pins où la brise douce fleurait bon la résine ; elle
traversait les downs couverts de bruyères qui roulaient au nord et
au sud, immenses et inhabités car dans ces terres le sol était
pauvre et sans eau. Il traversa Crooksbury Common puis la

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