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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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le choc et, bien qu’il se fût rendu compte que son
armet avait été arraché, il n’avait pu comprendre ni la terreur ni
la joie que cela avait provoquées. Mais, délivré du grand haubert,
dans lequel il avait été enfermé comme un pois dans sa cosse, il
clignota des yeux dans la lumière, rougissant de honte de ce que le
subterfuge auquel sa pauvreté l’avait réduit eût été ainsi mis à
jour devant tous ces courtisans.
    – Vous avez prouvé que vous saviez vous
servir des armes de votre père, et que vous étiez digne de porter
son nom et son blason, parce que vous avez en vous le courage qui
l’a rendu célèbre. Mais je gage que ni votre père ni vous ne
souffririez qu’un équipage d’hommes affamés se meurent devant votre
manoir. Conduisez-nous, je vous prie, et, si la chère est aussi
bonne que le fut cette réception, alors, sur ma foi, ce sera un
vrai festin.

Chapitre 10 COMMENT LE ROI ACCUEILLIT SON SÉNÉCHAL DE CALAIS
    Il ne se fût guère accordé avec le bon renom
de la demeure de Tilford ni davantage avec les soucis domestiques
de la vieille Lady Ermyntrude que toute la suite du roi,
connétables, chambellan et garde, dormît sous le même toit. Cette
calamité fut évitée, grâce à la prévoyance et à l’aide aimable de
Chandos. Ainsi certains furent envoyés à l’abbaye, d’autres allant
jouir de l’hospitalité de Sir Roger Fitz-Alan à Farnham Castle.
Seuls le roi, le prince, Manny, Chandos, Sir Hubert de Burgh,
l’évêque et deux ou trois autres restèrent les hôtes des
Loring.
    Mais si réduit que fût le groupe et si humble
que fût l’endroit, le roi n’abdiqua nullement son amour du
cérémonial, de la recherche dans la forme et dans la couleur, ce
qui était un de ses traits de caractère. Les mulets de charge
furent débarrassés de leur paquetage ; les écuyers coururent
de tous côtés, les bains fumèrent dans les chambres, on dépliait
soies et satins, et l’on entendait cliqueter de luisantes chaînes
d’or. Enfin, après une longue note lancée par deux sonneurs de
trompette de la cour, la noble compagnie s’installa à la table et
alors se déroula la plus belle scène à laquelle les vieux tréteaux
avaient jamais servi.
    Le grand rassemblement de chevaliers étrangers
qui étaient venus, dans leur splendeur, de toutes les parties de la
chrétienté pour prendre part à l’ouverture de la Tour Ronde de
Windsor, six ans auparavant, et avaient tenté leur chance, risqué
leur adresse dans le grand tournoi organisé à cette occasion, avait
apporté quelque bouleversement aux modes vestimentaires anglaises.
L’ancienne chainse, le bliaud et les cyclas étaient trop mornes et
trop simples pour les modes nouvelles. On ne voyait donc flotter et
flamboyer autour du roi que d’étranges et brillantes cottes de
mailles, des pourpoints, des manteaux courts, des doublets, des
hauts-de-chausse et nombreux autres vêtements multicolores, aux
bords ourlés, brodés ou festonnés. Le souverain, en velours noir et
or, était comme un bijou de prix posé au centre d’un riche écrin
qui l’entourait. À sa droite était assis le prince de Galles, à sa
gauche l’évêque, et l’œil attentif de Lady Ermyntrude dirigeait les
gens de la maison : alerte et veillant à tout, elle
remplissait plats et buires au bon moment, bousculait les
domestiques fatigués, encourageait les plus actifs, pressait les
traînards, appelait les réserves, bref, le claquement de son bâton
de chêne résonnait toujours là où l’on en avait le plus besoin.
    Derrière le roi, Nigel, vêtu de son mieux,
mais paraissant pauvre et triste au milieu de tous ces rutilants
costumes, oubliait tant bien que mal son corps brisé et son genou
froissé et servait ses royaux invités qui lui jetaient de
nombreuses plaisanteries par-dessus l’épaule, riant toujours de son
aventure du pont.
    – Par la sainte Croix ! fit le roi
Édouard, penché en arrière et tenant délicatement une cuisse de
poulet entre les doigts de la main gauche. La pièce était trop
bonne pour cette scène campagnarde ! Il vous faut me suivre à
Windsor, Nigel, en emportant le grand harnois dans lequel vous vous
cachiez. Vous y tiendrez la lice et, à moins que quelqu’un ne vous
frappe en pleine poitrine, il ne pourra vous arriver aucun mal.
Jamais je ne vis si petite noix dans si grande écale !
    Mais le prince, qui se retournait pour
regarder Nigel, remarqua à son visage rougissant et embarrassé
combien

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