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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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toutes ces questions. Elles touchent à mon honneur. Vous
savez que je préférerais perdre mon âme plutôt que d’abandonner
Calais.
    – Ainsi donc, vous ne savez rien de la
tentative de Chargny ?
    – Rien, sire.
    – Menteur et vilain ! cria le roi
qui bondit sur pied et martela la table de son poing en faisant
tinter les verres. Archers, saisissez-vous de lui !
Sur-le-champ ! Tenez-vous près de lui, de crainte qu’il ne se
fasse du mal. Et maintenant, oseriez-vous me dire au visage,
Lombard parjure, que vous ignorez tout de Chargny et de ses
projets ?
    – Que Dieu m’en soit témoin, je ne sais
rien !
    Les lèvres de l’homme étaient exsangues et il
s’exprimait d’une petite voix flûtée en évitant du regard les yeux
courroucés du roi.
    Mais ce dernier éclata d’un rire amer et tira
un papier de son pourpoint.
    – Je vous fais juges en cette affaire,
vous, mon fils, et vous, Chandos, et vous, Manny, et vous aussi,
monseigneur l’Évêque. De par mon pouvoir souverain, je vous
constitue en cour chargée de juger cet homme car, pardieu ! je
ne quitterai point cette pièce que je n’aie examiné cette affaire à
fond. Et tout d’abord, je vais vous lire cette lettre. Elle est
adressée à Sir Aymery de Pavie, surnommé le Lombard, au château de
Calais. N’est-ce point là votre nom et votre adresse,
coquin ?
    – C’est bien là mon nom, sire, mais
pareille lettre ne m’est jamais parvenue.
    – Non, bien sûr, sans quoi votre vilenie
n’eût jamais été découverte. Elle est signée : Isidore de
Chargny. Et que dit mon ennemi Chargny à mon fidèle
serviteur ? Oyez : « Nous ne pourrons venir encore à
la prochaine lune, car nous n’avons pu rassembler les forces
suffisantes, pas plus que les vingt mille couronnes qui sont votre
prix. Mais lors de la lune suivante, dans l’heure la plus sombre,
nous viendrons et vous toucherez votre argent à la petite poterne à
côté du buisson de sorbier. » Alors, coquin, qu’avez-vous à
dire ?
    – C’est faux, râla l’Italien.
    – Je vous prie de me permettre de voir
cette lettre, sire, fit Chandos. Chargny fut mon prisonnier et tant
de lettres furent échangées avant que sa rançon fût payée que son
écriture m’est bien connue… Oui, oui, je jurerais que c’est la
sienne. J’en jurerais sur mon salut éternel.
    – Si elle a vraiment été écrite par
Chargny, c’était dans l’unique dessein de me déshonorer, s’écria
Sir Aymery.
    – Oh, que non ! l’interrompit le
jeune prince. Nous connaissons tous Chargny pour l’avoir combattu.
Il a peut-être des défauts, il est vantard et braillard, mais sous
les lys de France ne chevauche pas un homme plus brave ni d’un plus
noble cœur ni d’un plus grand courage. Un tel homme ne
s’abaisserait jamais à écrire une lettre dans la seule intention de
jeter le discrédit sur un membre de la noblesse. Pour ma part, je
ne le puis croire.
    Le murmure soulevé par les autres prouva
qu’ils étaient d’accord avec le prince. La lumière des torches
accrochées aux murs frappait en plein les lignes sévères des
visages autour de la grande table. Ils étaient assis immobiles et
l’Italien frémit devant les regards inexorables qu’il rencontra. Il
regarda vivement autour de lui, mais des hommes en armes gardaient
toutes les issues. L’ombre de la mort pesait déjà sur lui.
    – La missive, reprit le roi, fut remise
par Chargny à un certain Dom Beauvais, prêtre à Saint-Omer, avec
charge de la porter à Calais. Mais le prêtre, en flairant une
récompense, l’apporta à quelqu’un qui m’est fidèle serviteur, et
c’est ainsi qu’elle se trouve entre mes mains. J’ai aussitôt fait
mander cet homme afin qu’il se présente devant moi. Entre-temps, le
prêtre s’en est retourné et, ainsi, Chargny s’imagine que son
message a été transmis.
    – Je ne sais rien de cette affaire, fit
encore l’Italien entêté, en léchant ses lèvres sèches.
    Une vague rouge monta au front du roi et ses
yeux jetèrent des flammes de colère.
    – Assez, au nom de Dieu ! Si nous
tenions cette canaille à la Tour, quelques tours de chevalet
auraient tôt fait d’arracher une confession à cette âme maudite.
Mais qu’avons-nous besoin de l’entendre reconnaître sa faute ?
Vous avez vu, messeigneurs, et vous avez entendu. Qu’en dites-vous,
monsieur mon fils ? Cet homme est-il coupable ?
    – Il l’est, sire.
    – Et vous, John ? Et

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