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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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puis voir de bonheur dans cette union.
Écartez-vous, Édith.
    Il la repoussa doucement et tira son épée.
Devant ce geste, Paul de la Fosse s’écria :
    – Mais je n’ai point d’épée ! Vous
n’allez point m’assassiner ? fit-il en reculant, le visage
hagard et les yeux exorbités.
    L’acier de la lame scintilla dans la lueur de
la lampe. Édith recula en frissonnant, le visage dans les
mains.
    – Prenez celle-ci ! fit Nigel en
tendant la poignée vers l’estropié.
    – Et maintenant ! ajouta-t-il en
tirant son couteau de chasse, tue-moi si tu le peux, Paul de la
Fosse, car, autant que Dieu est ma force, moi, j’essaierai de te
supprimer.
    La femme, perdant à demi conscience et
pourtant fascinée, suivit l’étrange combat. Pendant un moment,
l’estropié parut indécis, l’épée serrée dans ses doigts nerveux.
Mais, quand il vit la fine lame dans la main de Nigel, il se rendit
compte de l’avantage qu’il avait et un cruel sourire resserra ses
lèvres. Il avança doucement, pas à pas, le menton rabattu sur la
poitrine, les yeux brillant sous ses épais sourcils. Nigel
l’attendit, la main gauche en avant, le couteau sur la hanche, le
visage grave, l’œil fixe et en alerte.
    De plus en plus près, à pas sûrs, puis, avec
un bond et en poussant un cri de rage, Paul de la Fosse porta son
coup. Il l’avait bien calculé, mais il eût été plus avisé de porter
la pointe plutôt que le tranchant contre le corps souple et les
pieds agiles de son adversaire. Vif comme l’éclair, Nigel avait
bondi de côté pour éviter la lame, qui se contenta de l’égratigner
à l’avant-bras gauche. Mais l’instant d’après l’estropié était
cloué au sol, avec la dague de Nigel sur la gorge.
    – Chien ! murmura ce dernier. Je te
tiens à ma merci ! Vite, avant que je ne frappe et pour la
dernière fois : veux-tu te marier, oui ou non ?
    Sa chute et la pointe acérée qui lui
chatouillait la gorge avaient abattu le courage de l’homme. Le
visage exsangue, il releva les yeux : on pouvait voir de
grosses gouttes de sueur lui perler au front. Ses yeux étaient
remplis de terreur.
    – Non, enlevez votre poignard, cria-t-il.
Je ne veux point mourir comme un chien.
    – Veux-tu te marier ?
    – Oui, oui. Je l’épouserai. Après tout,
c’est une gente damoiselle. J’aurais pu tomber plus mal.
Laissez-moi me relever. Je vous dis que je l’épouserai ! Que
vous faut-il de plus ?
    Nigel se releva et lui mit le pied sur la
poitrine. Il avait ramassé son épée et en porta la pointe sur la
poitrine de l’autre.
    – Non, vous resterez où vous êtes. Si
vous voulez vivre – et ma conscience se récrie devant la pitié dont
je fais preuve envers vous – votre mariage sera du moins ce que vos
péchés lui ont valu d’être. Restez étendu là, comme un maudit
vermisseau que vous êtes.
    Puis il éleva la voix :
    – Père Athanase ! Holà, Père
Athanase !
    Le vieux prêtre accourut à l’appel, suivi de
Lady Mary. Un étrange spectacle les attendait dans le rond de
lumière : la jeune fille terrorisée, à demi évanouie contre la
table, l’infirme prostré, et Nigel, le pied et l’épée sur sa
poitrine.
    – Votre rituel, mon Père, cria Nigel. Je
ne sais pas si nous faisons bien ou mal, en tout cas il faut les
marier car il n’est point d’autre solution.
    Mais la jeune fille, près de la table, poussa
un grand cri en se raccrochant, sanglotante, au cou de sa sœur.
    – Oh, Mary, je remercie la Vierge de ce
que tu sois venue. Je remercie la Vierge de ce qu’il ne soit point
trop tard. N’a-t-il point dit qu’il était un de la Fosse et qu’il
ne se marierait pas à la pointe de l’épée. J’ai senti mon cœur
pencher pour lui quand il l’a assuré. Mais moi qui suis une
Buttesthorn, il ne sera point dit que j’aurai épousé un homme qui
se sera laissé conduire à l’autel avec une épée sur la gorge.
Non ! Je le vois tel qu’il est ! Je vois maintenant son
esprit faible et sa langue menteuse. Ne peut-on point lire dans ses
yeux qu’il m’aurait bafouée et délaissée comme il l’a fait pour
d’autres ? Ramène-moi chez nous, Mary, ma petite sœur, car
cette nuit, tu m’as arrachée aux portes mêmes de l’enfer.
    Et ce fut ainsi que le maître de Shalford,
livide et rageur, fut abandonné tout seul à son vin sur la table
servie, tandis que la blonde beauté de Cosford, secouée de honte et
de colère, le visage mouillé de larmes,

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