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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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bon
plaisir. Mais, même pour le plus vertueux, il vient un moment où la
fragilité peut l’emporter. C’est pourquoi donc je vous prie de
quitter ces lieux avec votre prêtre et votre chevalier servant,
sans quoi vous pourriez prendre un congé beaucoup plus rapide mais
d’autant moins digne. Asseyez-vous, mon bel amour, et reprenons
notre souper.
    Il lui désigna son siège et remplit leurs deux
coupes de vin.
    Depuis son entrée dans la pièce, Nigel n’avait
pas encore dit un mot, mais son regard n’avait rien perdu de sa
décision : ses yeux fermes n’avaient pas quitté le visage
grimaçant du maître de Shalford. Il se tourna alors vivement vers
Mary et le prêtre.
    – En voilà assez ! dit-il à voix
basse, vous avez fait votre possible. À mon tour de jouer mon rôle
comme je le pourrai. Je vous prie, Mary, et vous, mon Père, de
vouloir bien attendre au-dehors.
    – Mais Nigel, s’il y avait du danger…
    – Ce me sera plus aisé, Mary, si vous
n’êtes point là. Je pourrai mieux parler à cet homme.
    Elle lui lança un regard interrogateur mais
lui obéit. Nigel retint le prêtre par sa soutane.
    – Je vous prie, mon Père, avez-vous votre
rituel ?
    – Bien sûr, Nigel. Je le porte toujours
sur la poitrine.
    – Tenez-le prêt, mon Père.
    – Pour quoi faire, mon fils ?
    – Notez-y deux endroits : le service
de mariage et les prières pour les mourants. Accompagnez Mary, mon
Père, et tenez-vous prêt à répondre à mon appel.
    Il referma la porte derrière eux et se
retrouva seul avec le couple si mal assorti. Tous deux se
tournèrent sur leur siège pour le regarder : Édith avec un air
de défi, l’homme avec un sourire amer sur les lèvres et une lueur
de haine dans les yeux.
    – Eh quoi, persifla-t-il, le paladin se
fait prier ? Mais n’avons-nous point entendu parler de sa soif
de gloire ? Quelle aventure cherche-t-il ici dont il se puisse
vanter ?
    Nigel s’avança vers la table.
    – Il n’est point question de gloire et à
peine d’aventure, répondit-il. Mais je suis venu ici avec une
intention précise. J’apprends de votre bouche, Édith, que vous ne
voulez point quitter cet homme.
    – En effet, vous l’avez dû entendre, si
vous avez des oreilles.
    – Comme vous l’avez fait remarquer, vous
êtes libre et personne ne pourrait vous contredire. Mais je vous
connais depuis l’enfance, Édith, quand, petite fille et petit
garçon, nous jouions ensemble dans la bruyère. Je veux vous sauver
de l’astuce de cet homme et de votre ridicule faiblesse.
    – Et qu’entendez-vous faire ?
    – Un prêtre se trouve à l’extérieur. Il
va vous marier sur-le-champ. Je veux vous voir unis devant que de
quitter ce château.
    – Ou bien ? aboya l’homme.
    – Ou bien vous ne sortirez pas vivant de
cette pièce. Oh, non, n’appelez pas vos serviteurs ni vos
chiens ! Par saint Paul ! Cette question ne regarde que
nous trois, et si un quatrième paraît à votre appel, vous ne vivrez
pas pour voir ce qu’il en adviendra alors, parlez, Paul de
Shalford ! Voulez-vous épouser cette femme tout de suite, oui
ou non ?
    Édith bondit, les bras tendus entre les deux
hommes.
    – Reculez, Nigel ! Il est faible.
Vous ne voudriez pas lui faire de mal. N’avez-vous pas dit cela
aujourd’hui même ? Pour l’amour de Dieu, Nigel, ne le regardez
pas ainsi ! Vos yeux lancent des éclairs meurtriers.
    – Un serpent peut être petit et faible,
Édith, cependant n’importe quel homme l’écraserait sous son talon.
Reculez, car je suis bien décidé.
    – Paul ! – elle tourna les yeux vers
le visage pâle et grimaçant : Réfléchissez, Paul !
Pourquoi ne point faire ainsi qu’il le demande ? Que vous
importe que ce soit aujourd’hui ou lundi ? Je vous supplie,
mon cher Paul, de faire ainsi qu’il le demande, pour l’amour de
moi. Votre frère pourra redire le service, s’il le désire.
Marions-nous maintenant, Paul, et tout sera bien.
    Il s’était levé de son siège et échappa aux
bras qui se tendaient vers lui.
    – Femme stupide ! hurla-t-il, et
vous sauveur de jeunes damoiselles, vous qui êtes si fort devant un
estropié, sachez que, si mon corps est faible, j’ai en moi l’âme de
ma race. Me marier parce qu’un squire vantard et campagnard le veut
ainsi… non, sur mon âme, je préférerais mourir. Je me marierai
lundi et pas un jour plus tôt. Voici ma réponse !
    – C’était celle que je désirais, fit
Nigel, car je ne

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