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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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lançons pas à l’abordage avant la
nuit, elle s’échappera car les nuits sont aussi noires que
l’intérieur d’une gueule de loup et, si elle change de cap, je ne
sais comment nous pourrons la retrouver.
    – À moins que vous ne puissiez deviner
vers quel port elle fait voile et l’atteindre avant elle.
    – Bien pensé, mon petit maître ! Si
les nouvelles sont destinées aux Français en dehors de Calais,
alors Ambleteuse serait le plus près de Saint-Omer. Mais mes voiles
gonflées font trois pas pour deux de ce lourdaud. Et, si le vent
tient, nous aurons tout le temps, et même à reperdre. Et alors,
archer ? Tu ne sembles plus aussi ardent maintenant que
lorsque tu es monté sur ce bateau en me jetant à l’eau.
    Aylward se tenait assis sur un skiff retourné
sur le pont. Il gémissait péniblement et tenait son visage verdâtre
entre les mains.
    – Je te jetterais volontiers une fois de
plus dans l’eau, si je pouvais à ce prix quitter ton maudit bateau.
Ou, si tu veux ta revanche, je te serais reconnaissant de me jeter
par-dessus bord car je ne suis qu’un poids inutile sur ce navire.
Je n’aurais jamais cru que Samkin Aylward pourrait être rendu
inoffensif par une heure d’eau salée. Maudit soit le jour où mon
pied a quitté la bonne bruyère rouge de Crooksbury !
    Cook Badding éclata de rire.
    – Allons, ne prends pas cela à cœur,
archer, car de meilleurs hommes que toi et moi ont gémi sur ce
pont. Le prince fit cette traversée un jour sur mon bateau avec dix
chevaliers choisis et je n’ai jamais vu plus tristes visages.
Cependant, moins d’un mois après, ils avaient prouvé à Crécy qu’ils
n’étaient point des êtres faibles. Et je gage que tu feras de même
lorsque le temps viendra. Cale ta grosse tête sur les planches et,
tout à l’heure, tout ira bien. Mais nous la rattrapons ! Nous
la rattrapons à chaque coup de vent.
    Il était évident, même pour un œil
inexpérimenté comme celui de Nigel, que la
Marie-Rose
se
rapprochait rapidement de l’autre bateau, lourd et trop large, qui
balayait gauchement les vagues. En revanche le léger petit bateau
de Winchelsea fonçait en sifflant et en laissant un bouillon
d’écume derrière lui, tel un faucon cherchant le vent pour fondre
sur un gros canard. Une demi-heure plus tôt, la
Pucelle
n’était qu’un petit coin de toile. Mais, à ce moment, ils pouvaient
distinguer la coque noire, la forme des voiles et le bastingage.
Une douzaine d’hommes au moins se tenaient sur le pont, et au
scintillement des armes on comprenait qu’ils se préparaient à
résister. Cook Badding se mit en devoir d’inspecter ses forces.
    Il disposait d’un équipage de sept mariniers
vigoureux et hardis qui l’avaient déjà soutenu dans plus d’une
bagarre. Ils étaient armés de glaives courts, mais Cook Badding
portait une arme qui lui était particulière, un marteau de
maréchal-ferrant de vingt livres, dont le souvenir était encore
vivace dans les Cinq Ports : il lui avait valu le surnom de
« Pétard de Badding ». En plus de cela, il y avait
l’ardent Nigel, le mélancolique Aylward, Black Simon qui avait la
réputation d’une fine lame et trois archers, Baddlesmere, Masters
et Dicon de Rye, tous vétérans des guerres de France. Le nombre de
bras sur les deux bateaux devait être à peu près égal. Mais
Badding, à contempler les visages résolus qui attendaient ses
ordres, ne conçut aucune crainte sur le résultat de l’entreprise.
Cependant, en lançant un coup d’œil à la ronde, il remarqua quelque
chose qui lui parut plus redoutable que la résistance que l’ennemi
pourrait leur opposer. Le vent qui avait faibli tomba soudain, si
bien que les voiles pendirent lamentablement au-dessus des têtes.
La bonace régnait tout autour d’eux jusqu’à l’horizon ; les
vagues s’étaient calmées pour ne plus former qu’une mer d’huile sur
laquelle dansaient les deux bateaux. Le grand bout-dehors de la
Marie-Rose
grinçait à chaque mouvement : la fine
pointe tantôt s’élevait vers le ciel, tantôt redescendait vers
l’eau d’une façon qui arrachait des grognements au malheureux
Aylward. Ce fut en vain que Cook Badding tira sur les voiles pour
les tendre, ce fut en vain qu’il tenta de capter le moindre souffle
d’air ; en revanche, le capitaine français était un adroit
matelot qui savait prendre le vent dès qu’il y en avait.
    À la fin, même ces légers souffles
s’éteignirent, et un

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