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Souvenir d'un officier de la grande armée

Souvenir d'un officier de la grande armée

Titel: Souvenir d'un officier de la grande armée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Baptiste Auguste Barrès
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Bordeaux, et on y causait fort gaiement.
    J’eus le plaisir de visiter dans tous les détails un bateau à vapeur, le premier que je voyais et nouvellement construit.
    De Grenoble où il assiste, le 24 août 1822, à une grande cérémonie militaire et civile pour la translation des cendres de Bayard, Barrès revient, en 1823, tenir garnison à Paris.
    Le 3 juillet, nous fûmes présentés à Monsieur, comte d’Artois, et à Mme la duchesse de Berry, près de laquelle était le duc de Bordeaux. Le lendemain, 4, le roi nous reçut. Le 15 août, nous bordâmes la haie sur le quai de la Cité (quai Napoléon) pour le passage de la procession du vœu de Louis XIII, où se trouvaient Monsieur et les princesses de la famille royale.
    Le 25 août, je fus reçu chevalier de Saint-Louis par le colonel Perrégaux, et immédiatement après nous allâmes présenter nos hommages à Louis XVIII, à l’occasion de la fête. Tous les officiers de la garde royale, de la garnison et de la garde nationale, se réunirent dans la grande galerie du Louvre avant de défiler devant le trône. Le roi, affaissé par l’âge et la maladie, la tête pendante sur ses genoux, ne voyait ni ne regardait rien. C’était un cadavre, devant lequel on passa sans s’arrêter. Il était entouré d’une cour splendide, par la richesse des costumes, la variété des couleurs, la beauté des broderies, la multitude et l’éclat des décorations. Nous pûmes croire qu’avant peu de jours nous assisterions à des funérailles royales. Elles n’eurent lieu pourtant que l’année suivante.
    Séjour dans le Nord, à Dunkerque, Lille, Gravelines. Au camp de Saint-Omer, des grandes manœuvres permettent à Barrès de faire apprécier l’instruction et la tenue de ses troupes. Première tentative faite pour établir une communication directe entre Dunkerque et la côte anglaise par bateaux à vapeur : l’entreprise ne réussit pas, faute de passagers. Rencontre de deux officiers anglais qui avaient gardé Napoléon à Sainte-Hélène. « Tout ce qu’ils me racontaient me navrait de douleur et m’attachait à eux, en même temps que je les maudissais d’avoir contribué pour leur part à river ses fers. » Barrès a l’occasion de passer en Belgique, à Ypres, avec ses camarades, en uniforme. « Nous fûmes salués avec respect par tous les habitants que nous rencontrâmes et engagés à déjeuner. Ils nous prouvèrent qu’ils se rappelaient qu’ils avaient été Français du grand peuple. » De là, il est envoyé à Nancy, où l’attendait l’événement qui allait transformer sa vie.

DE SAINT-OMER À NANCY
LES DANSES DE SAINT-MIHIEL
     
    Le voyage de Saint-Omer à Nancy fut très agréable. Il était facile de voir la tournure militaire de nos hommes, à l’aplomb de leur marche, que nous sortions d’une école un peu rude (le camp de Saint-Omer), mais favorable à la discipline, à la tenue et au développement des forces physiques. Partis de Saint-Omer, le 28 septembre, nous passâmes par Arras, Cambrai, Landrecies, Avesnes, Hirson, Charleville. À Sedan, je dînai chez la sœur d’un de mes meilleurs amis, Mme de Montagnac, (la mère du brave et infortuné, lieutenant-colonel du 15 ème léger qui, plus tard, en Afrique, victime d’une infâme trahison, devait succomber avec tous les hommes qu’il commandait.) Le 15 octobre, ayant dépassé Verdun, nous arrivions à Saint-Mihiel.
    La soirée de ce jour, qui se trouvait un dimanche, étant fort belle et illuminée par un admirable clair de lune, toute la population dansante de la ville était réunie sur les places et carrefours pour rondier. Il y avait, dans ces bals improvisés en plein air, tant de gaieté et d’entrain, et dans les airs qu’on y chantait quelque chose de si mélodieux, que je pris un plaisir infini à les regarder. La joie de cette bonne jeunesse me réjouissait l’âme, et me faisait me rappeler que, moi aussi, j’avais été jeune. Si je ne dansai pas, du moins je partageai le bonheur de ceux qui me causaient d’aussi douces émotions. Je ne me retirai qu’après que les chants eurent cessé.
    Le surlendemain, 17 octobre, nous arrivâmes à Nancy, où j’étais déjà passé le 5 février 1806, en revenant d’Austerlitz.

SÉJOUR À NANCY
     
    Nous allions demeurer dix-huit mois à Nancy. C’est la garnison la plus agréable et une des meilleures de France. Les femmes de Nancy sont citées pour leur bon goût, la recherche dans la composition de

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