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Souvenir d'un officier de la grande armée

Souvenir d'un officier de la grande armée

Titel: Souvenir d'un officier de la grande armée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Baptiste Auguste Barrès
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habitaient cette ville, c’est-à-dire poliment, aucun motif ne devant les engager à faire plus, puisque j’étais étranger pour eux, et sans rapprochement de position. Cependant une circonstance bizarre fit que je fus un peu considéré comme étant de la famille, c’est que deux frères des personnes près desquelles je me trouvais, avaient été vélites.
    La nièce d’un de ces vélites était une jeune fille dont les bonnes manières, l’agrément et un âge assez en rapport avec le mien, me firent impression. Huit jours resté dans cette ville et une fréquentation journalière m’amenèrent à penser à ce qui m’avait le moins occupé jusqu’alors, au mariage. J’en parlai à mon ami, qui approuva mon projet de demande, et ensuite, à ma rentrée à Nancy, à sa belle-mère, qui me fit espérer que mes vœux pourraient être favorablement accueillis.
    Bref, après quelques lettres écrites, dont une par mon excellent colonel, je fus autorisé à me présenter.
    J’arrivai le 9 mai, je fis la demande le 10, et grâce aux personnes qui s’intéressaient à mon succès, toutes les difficultés furent aplanies, les arrangements convenus, et le jour du mariage, fixé au 3 juillet.
    Dès ce moment, je songeai sérieusement aux engagements que j’allais prendre, aux obligations que ma nouvelle situation devait m’imposer, aux démarches à faire pour obtenir toutes les pièces qui m’étaient nécessaires. Je fis plusieurs voyages à Charmes, pour faire ma cour et me faire connaître de celle qui devait devenir ma compagne. Je fus une fois la prendre, pour l’accompagner à Nancy, avec sa mère, pour les emplettes d’usage. Enfin, le 30 juin, je quittai mes camarades de pension pour ne plus manger avec eux.
    3 juillet. – Célébration de mon mariage avec Marie-Reine Barbier. – Je n’ai jamais trouvé le temps aussi long que depuis le jour où je fus admis à présenter mes hommages jusqu’à la date qui scella mon bonheur. Être l’époux de la femme qu’on recherche, sentir pour la première fois trembler sa main dans la vôtre, penser que des liens sacrés et doux vous unissent à jamais, quand on a le pressentiment que ces chaînes qu’on s’impose seront légères à porter, c’est un beau jour de la vie, c’est ce que je considérai comme devant faire mon bonheur. Le colonel et le capitaine Chardron assistèrent à mon mariage, qui fut célébré avec dignité et convenance. Aucun membre de ma famille n’y assista à cause de l’éloignement.
    Le 6 juillet, nous fûmes en famille chez un des oncles maternels de ma femme, maître de forges près de Rambervillers et qui par la suite allait être député des Vosges, M. Gouvernel. Le 8, nous étions de retour ; le 11, nous partîmes pour Nancy où nous entrâmes à notre grande satisfaction dans notre petit ménage. Peu de semaines après, quelques symptômes pleins d’espérance nous annoncèrent que notre union prospérait et qu’un nouveau gage de la meilleure des épouses viendrait bénir les liens qui nous unissaient.
    Bientôt et comme pour sceller son bonheur, Barrès reçoit, à Nancy, la nouvelle d’un avancement depuis longtemps attendu :
    Le dimanche 18 novembre, au moment où l’on allait défiler, après une revue du maréchal de camp commandant le département, le colonel reçut une lettre de M. O’Neill qui lui annonçait que j’étais nommé chef de bataillon, à la date du 14 novembre, pour le 3 ème bataillon qu’on allait organiser. Cette agréable nouvelle me fut communiquée immédiatement, ainsi qu’à ma femme, qui se trouvait sur la place Carrière où la troupe était réunie. Les compliments qui lui furent faits en cette occasion et la joie qu’elle en éprouva doublèrent la mienne.
    C’était beaucoup d’être nommé chef de bataillon, de l’être au choix, – j’étais le centième capitaine d’infanterie au 1 er janvier 1827, – et dans son régiment, de n’avoir pas à faire de nouvelles connaissances, ni à changer d’uniforme, et surtout de ne point voyager dans un moment où ma femme ne le pouvait pas. Enfin je continuais à servir sous les ordres du colonel Perrégaux, dont j’avais tant à me louer depuis 1813, et je ne quittais pas une ville que j’affectionnais pour son agrément et son voisinage de Charmes.
    Pendant le mois de décembre, je m’équipai, je reçus des visites, des sérénades, et donnai un grand dîner à la majeure partie des officiers. Tout cela, y

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