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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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recommence.
    Jaïr le Juif recule, se rencogne dans la pénombre.
    Il ne veut pas voir le bras du prêteur se lever, poing fermé, hésitant peut-être encore en écoutant ce roulement : «  Jugula ! Jugula ! Égorge ! Égorge ! », mais non, le préteur va céder, retourner son poing, pouce renversé, donnant ainsi aux vainqueurs le signal d’égorger ceux dont ils tiennent le corps au bout de leur trident, de leur glaive, ou dont ils écrasent la poitrine de leur talon.
    Silence à nouveau, puis une longue exhalaison comme de satisfaction et de relâchement des corps serrés les uns contre les autres sur les gradins au moment où les lames tranchent les gorges et où les pointes de fer crèvent les poitrines.
     
    Brusquement, un flot de lumière envahit la salle, refoule la pénombre. Le portail qui donne sur l’arène vient d’être ouvert et les gladiateurs commencent à descendre en titubant le plan incliné qui conduit aux souterrains.
    Ce sont les survivants de la vingtaine qui avaient été achetés à Rome au marché aux esclaves. Ils avaient été parqués côte à côte dans le quartier de Vélabre, puis, épaule contre épaule, avaient parcouru, assis dans les chariots, la via Appia de Rome à Capoue. Certains avaient chantonné dans leur langue.
    L’un, un Celte, avait, à une halte à Mintumo, réussi à rompre ses liens et avait couru dans la campagne parmi les oliviers. Les gardiens l’avaient poursuivi, rattrapé, battu jusqu’à ce que sa tête pende sur sa poitrine et qu’on ne devine plus la couleur de ses cheveux, leurs mèches collées par le sang noir qui avait séché.
    Lentulus Balatius avait demandé qu’on l’asperge d’eau. Et le Celte avait tressailli, redressé un peu la tête. Balatius avait répété à plusieurs reprises :
    — Il est vivant, ce chien, il est vivant ! Que les dieux en soient remerciés !
    On l’avait attaché, jeté dans un chariot, et, à l’arrivée à Capoue, quand les nouveaux gladiateurs avaient découvert la ville, le méandre du Vultume, et, loin au-delà des caps, ce mont conique empanaché d’une fumée grise qui s’enfonçait dans le ciel, à l’horizon, Balatius s’était approché de Jaïr le Juif.
    — Tu es guérisseur, Juif, c’est pour cela qu’on t’a vendu, et toi…
    Il s’était tourné vers Apollonia :
    — Tu es prêtresse de Dionysos ? Eh bien…
    Il avait désigné le corps du Celte :
    — Je veux qu’il soit debout dès demain. Demande ce dont tu as besoin pour le soigner. S’il meurt ou s’il ne marche pas…
    Il avait regardé longuement Jaïr le Juif.
    — Mes lions libyens ont toujours faim, avait-il lancé en s’éloignant.
     
    Jaïr avait enduit le corps du Celte d’huiles et d’onguents. Il lui avait massé la nuque et les cuisses, avait lavé ses cheveux blonds et bouclés, pansé ses plaies.
    Le Celte avait peu à peu recouvré une respiration régulière. Il avait enfin ouvert ses yeux tuméfiés, regardé autour de lui, et s’était redressé, faisant comprendre à Jaïr le guérisseur qu’il se nommait Gaëlus, qu’il avait combattu et vaincu les Romains comme un guerrier, et qu’il n’acceptait pas d’avoir été condamné à cette condition infâme de gladiateur. Il s’était adressé à Spartacus qui ne comprenait pas sa langue, et c’est un Gaulois, Crixos, et un Germain, Œnomaus – eux aussi achetés au marché de Rome –, qui lui avaient répondu, expliquant ensuite à Spartacus que le Celte les exhortait à refuser de se battre, à se révolter, à s’enfuir comme lui-même l’avait tenté. Ne comprenaient-ils pas, avait-il répété, qu’ils seraient les plus forts s’ils agissaient ensemble, qu’ils pouvaient utiliser contre les gardiens les armes qu’on leur confiait pour les combats de l’arène ?
     
    Crixos et Œnomaus avaient parlé à voix basse. Le premier était aussi grand que Spartacus, mais plus corpulent. Son front bas, son menton proéminent donnaient à son visage une expression dure et butée. Œnomaus, lui, était démesuré : des bras et des jambes interminables, un cou étiré, une tête qui paraissait petite, enveloppée d’une chevelure rousse et touffue.
    Spartacus avait écouté sans répondre, et Gaëlus le Celte, après avoir gesticulé, s’était endormi.
     
    Le lendemain matin, Lentulus Balatius, entouré de ses gardiens, s’était approché de Gaëlus qui se tenait debout, bras croisés, adossé à l’un des portails ouvrant

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