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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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et répondu que chacun était libre de quitter le camp, mais que la mort l’attendait à coup sûr dans la plaine. Si, par miracle, il survivait, celui qui partirait ne serait plus jamais admis parmi eux.
    Un seul gladiateur, qu’on appelait Genua le Ligure, s’est glissé entre les blocs et a disparu dans le défilé. Les autres ont regagné les cahutes qu’ils avaient construites avec des sarments et le feuillage des vignes.
     
    Ils ont eu soif et se sont agenouillés pour boire l’eau des mares boueuses. Lorsque l’averse a dévalé du ciel et des pentes, ils ont essayé de la recueillir dans des tissus noués comme des outres. Au bout de quelques jours, ils ont dû les lécher, les presser comme s’ils avaient pu y retrouver une source de cette manne céleste dont Apollonia prétendait que les dieux la leur mesuraient pour les inciter à rester sur leurs gardes, en sorte que les Romains ne pussent les surprendre.
     
    Un jour sans vent, une poussière tourbillonnante a cependant caché la plaine et le bas des pentes.
    Les gladiateurs se sont approchés des bords du plateau et ont entendu les tambours et les trompettes de l’armée du préteur Claudius Glaber.
    Éblouis par l’éclat des cuirasses et des lames, ils ont deviné les longues files de fantassins qui commençaient de gravir lentement le mont Vésuve derrière leurs emblèmes.
    Le préteur Claudius Glaber était entouré de ses six licteurs, faisceaux sur l’épaule. L’un d’eux, qui se tenait aux côtés de Glaber, portait une hampe au sommet de laquelle l’aigle de Rome déployait ses ailes noires.
    Certains, sur le plateau, ont crié qu’il fallait courir à la rencontre de ces milices, les attaquer par surprise alors qu’elles étaient en pleine ascension, ne pas attendre qu’elles encerclent le plateau.
    On y crevait déjà de faim et de soif ; comment pourrait-on y survivre si les Romains les assiégeaient ?
    Ici, chacun savait ce dont était capable l’armée de Rome. Ses hommes demeureraient là, sur le plateau inférieur, tout le temps qu’il faudrait. Peut-être même allumeraient-ils de grands feux pour les enfumer comme des rats.
     
    Spartacus appela au centre du plateau Crixos le Gaulois, Œnomaus le Germain, Vindex le Phrygien, et voulut que Jaïr le Juif et Curius, le maître d’armes, prennent place auprès de lui, refermant ainsi le cercle.
    Apollonia se tenait debout, les yeux clos, la tête renversée en arrière, les jambes écartées, les mains sur les hanches, faisant tourner son corps au gré d’une rotation de plus en plus ample et rapide, si bien qu’après quelques instants le bout de ses mèches blondes effleurait la terre couleur de cendre.
    — Nous les tuerons ! clama Spartacus d’une voix forte pour être entendu des gladiateurs qui entouraient à quelques pas le petit groupe assis.
    Et, gardant le bras tendu, il désigna le défilé.
    — Toi, Vindex le Phrygien, tu défonceras les visages avec les pierres de ta fronde. Et si celui que tu as frappé se redresse, les autres l’écharperont. Aucun Romain, eût-il le corps entièrement couvert par son armure, ne doit franchir ce défilé. Et comme ils ne pourront gravir les falaises ni hisser jusqu’à leur camp des machines de siège, rien ne changera pour nous. Nous continuerons de vivre sous la protection de Dionysos.
    Il regarda en direction du sommet du mont Vésuve.
    — Nous mourrons sans même qu’ils nous attaquent, observa Crixos le Gaulois. Nous avons faim et soif. Nos forces s’épuisent. Où sont l’orge, les haricots, les fruits séchés, la viande et le vin du ludus  ? Nous étions destinés à la mort, mais notre corps ne souffrait qu’au combat. Ici nous sommes libres, mais chaque instant nous est une douleur.
    Spartacus s’est levé.
    — Ceux qui regrettent la captivité n’ont qu’à quitter le plateau comme l’a fait Genua le Ligure.
    — Je dis seulement qu’il ne faut pas laisser nos corps pourrir ici, mais qu’il faut se battre, Spartacus ! martèle Crixos.
    — Il faut guetter avant de frapper, riposte le Thrace. À la chasse, dans nos forêts, on guette des jours et des nuits durant l’ours ou le loup avant de les attaquer.
    Ainsi, chaque jour, depuis que le préteur Claudius Glaber a fait dresser ses tentes en contrebas du plateau, Spartacus se rend jusqu’au rebord de la falaise pour observer les milites de cette armée de trois mille hommes qui semble se soucier bien peu de cette centaine de

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