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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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perversité de cet adversaire, l’homme le plus riche de Rome qui avait fait massacrer et supplicier – à quelques hommes près – tous ceux qui avaient suivi Curius et Tadix le géant.
    Puisqu’il avait choisi d’affronter les légions de Crassus, il devait, avait-il décidé, se montrer aussi impitoyable que le proconsul en personne.
    Je l’ai vu changer alors que nous marchions vers la mer, sur cette terre sèche et caillouteuse de Lucanie plantée d’oliviers.
    Lui qui le plus souvent avait cheminé au milieu du troupeau d’esclaves comme pour marquer qu’il était l’un d’eux chevauchait maintenant en tête, entouré d’une garde que commandait Curius.
    Souvent, il remontait la colonne toujours prête à s’égailler. Il repoussait les hommes avec le poitrail de son cheval, les frappait sur les épaules de la hampe de son javelot. Il les menaçait de son glaive pour qu’ils rentrent plus vite dans le rang.
    Je lisais dans leurs yeux l’étonnement et la crainte, parfois aussi un éclair de colère et même de rage. Certains proféraient des menaces, bougonnaient qu’ils n’avaient pas rejoint l’armée des esclaves, combattu les légions pour être malmenés comme des bêtes de troupeau.
     
    Quand nous faisions halte, alors que la nuit était tombée depuis longtemps, Spartacus parcourait le campement, entouré des hommes de sa garde.
    Il exigeait qu’on place des sentinelles, qu’on envoie des éclaireurs. Il faisait battre les hommes ivres, de son glaive séparait les couples qui s’enlaçaient.
    Il agissait sans prononcer un mot, les dents serrées, en me jetant parfois un regard. Mais je détournais les yeux.
    Je ne pouvais approuver la dureté – de jour en jour plus grande – avec laquelle il traitait ceux qui avaient été ses compagnons, parfois depuis notre fuite du ludus de Capoue.
    Ces hommes-là avaient glissé le long de la falaise du Vésuve et avaient vaincu le préteur Claudius Glaber. Ils avaient cru que plus jamais on ne les battrait ni ne les contraindrait. Et voilà que l’homme qu’ils avaient vénéré, le protégé de Dionysos, le prince des esclaves, les frappait comme s’ils étaient redevenus des esclaves.
    Les gardes de Spartacus, encouragés par Curius, faisaient tournoyer leurs javelots, hurlaient qu’ils allaient faire de ce troupeau une cohorte romaine. Et qu’alors on pourrait vaincre, passer le détroit de Sicile, conquérir les terres à blé de l’île et affamer Rome dont Spartacus deviendrait roi.
     
    Un jour, j’aperçus la mer, les côtes du golfe de Tarente et, non loin du rivage, les murailles de la ville de Thurii, dominée par une haute tour.
    Aucune légion n’avait établi son camp à proximité de cette cité qui semblait ainsi offerte.
    Le troupeau d’animaux avides, assoiffés, affamés, renifla aussitôt l’odeur du butin, du blé et de l’orge, du poisson séché, les effluves de femmes. Il tressaillit, grogna, accéléra le pas, se portant à la hauteur de Spartacus et de sa garde.
    Le Thrace tira sur les rênes de son cheval qui se cabra ; il leva son glaive, cria à ses gardes de contenir ces animaux humains, de les faire se remettre en rang.
    Il y a eu des soubresauts, des cris de protestation.
    J’ai entendu Spartacus dire à Curius :
    — Il faut qu’ils obéissent. Je préfère tuer quelques-uns d’entre eux plutôt que de les voir tous massacrés par Crassus.
    J’ai retenu Curius qui allait s’élancer avec ses hommes dont le glaive était déjà hors du fourreau.
    — Parle-leur, ai-je crié à Spartacus. Si tu prononces des mots de justice, ils t’écouteront.
    Il a hésité.
    Devant nous, le troupeau se dispersait, certains esclaves quittant la voie sur laquelle nous nous trouvions, s’élançant à travers champs vers la ville. Ils hurlaient.
    Spartacus les a poursuivis avec les hommes de Curius et, à grands coups de lame, piquant dos et jambes de la pointe des lances et des javelots, ils ont forcé les esclaves à revenir dans les rangs.
     
    Le troupeau grondait.
    Spartacus s’est approché de moi.
    — À la guerre, quand on veut vaincre, ce sont les corps ensanglantés qui parlent. Je veux que cette troupe soit aussi disciplinée qu’une légion romaine. Et, s’il faut la châtier, je la décimerai comme Crassus a fait avec les survivants et les fuyards de ses légions.
    — Qui seras-tu alors ?
    — Les dieux décideront de mon nom.
    Puis il s’est tourné vers le

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