Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
Vom Netzwerk:
villes de Campanie qui ont lutté naguère contre les Romains lors de la guerre sociale. Dépossédés de leurs biens au profit des colons installés par Sylla, leurs conditions d’existence ne doivent pas être beaucoup plus brillantes que celles des forçats des domaines agricoles. Ainsi, le ressentiment des esclaves envers les maîtres se trouve renforcé par cette haine tout aussi violente que certains éprouvent à l’encontre de Rome.

    Spartacus révolutionnaire ?
    Après la défaite de Claudius, la nature même de la rébellion semble profondément modifiée. Salluste donne sur ce point un éclairage certes rhétorique, mais qui demeure très intéressant. Dans une phrase de ses Histoires , il donne la parole à Spartacus. Dans ce qui semble être un discours reconstitué où il appelle les esclaves à la révolte, le gladiateur thrace dénonce la tyrannie, l’impiété et la mollesse des maîtres : « Ce sont ceux qui, profanant des coupes et d’autres vases d’or, instruments consacrés au culte des dieux, font à table toutes leurs campagnes. » Même s’il ne reste qu’une phrase de ce discours reconstitué, ce passage a largement contribué à graver pour l’éternité l’image d’un Spartacus révolutionnaire. Le héraut de la liberté appelle les esclaves à briser leurs chaînes ; néanmoins, comme toujours dans l’Antiquité, il s’agit d’un discours apocryphe placé là dans un but souvent moralisateur. Les allocutions prononcées par un général sur le front des troupes constituent un grand classique de la littérature gréco-latine. Ces paroles sont parfois assez proches de la réalité, lorsque l’historien peut s’appuyer sur des écrits ou des témoignages de contemporains. Dans le cas présent, il est peu probable qu’un gladiateur ou un esclave aient pris soin de prendre en notes les paroles du chef thrace. Quant aux témoins directs, ils n’ont probablement pas été interrogés à ce sujet avant d’être passés au fil de l’épée ou crucifiés. Il est donc très probable que Salluste ait reconstitué a posteriori ce morceau d’éloquence qu’il attribue à Spartacus pour mieux faire passer son propre message ; toutefois, l’historien ayant treize ans au début de la révolte de Spartacus, il a pu en connaître directement certains échos. Issu d’une famille plébéienne, Salluste soutiendra fidèlement César et abandonnera la vie politique après la mort de ce dernier. Dans le passage du discours attribué à Spartacus, il insiste plus sur la mollesse, la lâcheté et l’immoralité des maîtres que sur le sort des esclaves eux-mêmes. Partisan des populares et théoricien de cette faction après la mort de César, il évoquera souvent l’âge d’or de la République en dénonçant la décadence morale des aristocrates ; dans le passage cité plus haut on trouve des accents « catoniens » sur le déclin des vertus romaines et sur l’influence du luxe qui s’oppose aux traditions d’austérité des anciens Romains. Plus que l’esclavage en tant que tel, c’est le caractère lascif de l’aristocratie que Salluste stigmatise. Pour autant, même si les termes choisis sont différents, l’appel aux esclaves de Spartacus ne fait pas de doute. Plus qu’un appel révolutionnaire à rejoindre l’étendard d’une juste cause, il faut plutôt voir dans cette proclamation le calcul stratégique d’un véritable chef militaire. A présent que Claudius a été vaincu, rien ne pourra empêcher des dizaines de milliers d’esclaves de rompre leurs chaînes et de venir rejoindre Spartacus, sans même avoir entendu son appel. Rome doit réagir avec plus d’énergie pour ne pas laisser impuni l’affront que constitue la défaite de son légat, mais aussi pour écraser une révolte dont elle connaît bien les dangers après les deux précédents de Sicile. Dans ces conditions Spartacus n’a guère d’autre choix que de devenir, peut-être malgré lui, le porte-étendard de cette troisième guerre servile. Sans doute aurait-il préféré rester avec ses 70 gladiateurs, suffisamment forts pour être redoutés des milices locales mais trop insignifiants pour attirer les foudres de Rome. Si Spartacus avait vraiment voulu mettre le feu à la Campanie en libérant les esclaves, il ne se serait pas installé au sommet du Vésuve. Il aurait directement porté l’incendie dans les domaines et les villas pour grossir sa troupe de rebelles. A présent, avec ces

Weitere Kostenlose Bücher