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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
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ralliements spontanés qui enflent chaque jour, il est trop tard pour reculer. Autant contrôler et amplifier un mouvement qu’il n’a pas voulu et qui menace de tout emporter. Bientôt l’armée de Spartacus compte des milliers d’hommes ; il faut donner des armes à ces fugitifs et les 3 000 dépouilles de la troupe de Claudius sont rapidement distribuées. A présent, il s’agit de disposer du maximum d’hommes armés, quitte à propager encore le feu de la révolte. Pour les équiper convenablement, Spartacus leur prescrit de « dépouiller de leurs armes et de leurs chevaux » les propriétaires de la région. A présent la rébellion n’est plus fixée au Vésuve car les gladiateurs et les esclaves se répandent dans toute la Campanie. Salluste témoigne à sa manière de la violence et de la haine qui s’abattent sur cette région dont les richesses ont toujours attiré les convoitises : « Tout aussitôt, sur ces contrées sans défense on vit fondre [cette armée d’esclaves] […]. Chacun d’eux, d’autant plus ardent à mal faire que le pouvoir de nuire est nouveau pour lui. »

    La mise à sac des campagnes et des villes
    Les esclaves révoltés n’hésitent pas à s’attaquer aux villes. Salluste rapporte qu’« après avoir saccagé Cora, ils se surpassent encore par les horreurs qu’ils commettent à Nuceria et à Nola ». La prise de villes par les révoltés constitue une exception qui ne se reproduira pratiquement plus tout au long de la guerre de Spartacus. Comment expliquer que ces esclaves qui ne possèdent ni machines de siège ni aucune expérience en matière de poliorcétique puissent s’emparer de cités dotées de murs et qui possèdent des milices ? Même si celles-ci ne sont pas brillantes en rase campagne, elles sont généralement suffisantes pour défendre une ville, surtout si l’adversaire ne possède ni baliste, ni scorpion, ni catapulte… Plusieurs explications peuvent être avancées.
    Certaines de ces villes ont déjà été conquises récemment, comme Nola, dont le siège précédent s’est achevé en 80, soit sept années plus tôt. Il est possible que ce court laps de temps n’ait pas permis de relever les murs endommagés, à moins que les Romains n’aient interdit aux Noliens de le faire en punition de leur rébellion. Florus affirme pour sa part que les esclaves « parcoururent toute la Campanie, et, non contents de piller les fermes et les villages, ils commirent d’effroyables massacres à Nola et à Nuceria ». Une autre explication à ces étonnantes prises de villes provient peut-être du fait qu’une partie des esclaves de ces cités, aidés par des libres déclassés, ont ouvert les portes aux hommes de Spartacus. La violence des esclaves à Cora, d’après le témoignage de Salluste, témoigne d’une haine et d’un ressentiment depuis longuement accumulés : « Dans leurs caprices atroces, ils se plaisent à laisser à demi morts les corps déchirés des plus cruelles blessures ; on en voyait qui jetaient des feux sur les toits des maisons ; nombre d’esclaves de l’endroit même, disposés par caractère à s’associer aux fugitifs, arrachaient des lieux les plus secrets les objets cachés par leurs maîtres ou leurs maîtres eux-mêmes. » Il est donc bien ici question d’esclaves « de l’endroit même » dont les maîtres ne se méfiaient plus vraiment et qui savent parfaitement où sont dissimulés leurs trésors. Sans doute y a-t-il aussi parmi ces révoltés des citoyens osques ou samnites qui ont défié les Romains lors de la guerre sociale. Alors qu’ils étaient des notables, le joug brutal du dictateur Sylla les a dépouillés de tous leurs biens après la prise de leurs cités. Leurs terres, leurs maisons et jusqu’à leurs femmes et leurs enfants ont été octroyés à des plébéiens vulgaires et orgueilleux venus de Rome. C’est peut-être leurs propres maisons qu’ils préfèrent à présent brûler pour qu’elles ne soient plus souillées par la présence du vainqueur. Ainsi, avec au moins 10 000 hommes en armes, Spartacus devient un réel danger pour Rome.
    Au-delà de la révolte des esclaves sur laquelle l’historiographie s’est beaucoup focalisée, les sénateurs voient poindre une autre menace. Même si les historiens antiques passent rapidement sur ce sujet gênant, il semble bien que les esclaves aient été rejoints par de nombreux hommes libres de basse extraction. Romains

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