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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
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faiblesse. Elle lui sera fatale.

    Crassus l’impitoyable : la décimation
    Les hommes de Mummius auraient mieux fait de tenir bon face aux esclaves. En arrivant piteusement au camp de Crassus, vaincus et sans armes, ils ne s’attendent pas à recevoir les félicitations de leur général. Cependant, ils sont loin d’imaginer le châtiment qui les attend. Salluste rapporte ainsi un épisode important de l’aventure de Spartacus. D’après un fragment de ses Histoires conservé, Crassus fait « périr sous le bâton ceux que le sort a désignés ». Plutarque donne plus de détails sur ce châtiment effrayant. « Crassus, après avoir traité durement Mummius, donna d’autres armes aux soldats et leur fit prendre l’engagement de les garder plus fidèlement que les premières. Prenant ensuite les cinq cents d’entre eux qui, se trouvant à la tête des cohortes, avaient donné l’exemple de la fuite, il les partagea en cinquante dizaines et fit mettre à mort dans chacune un homme tiré au sort. Il remit ainsi en vigueur une punition anciennement usitée chez les Romains et tombée en désuétude depuis longtemps. Une honte particulière est attachée à ce genre de mort, et l’exécution, accompagnée de rites sinistres et effrayants, se fait sous les yeux de tous. Crassus, après avoir châtié ses soldats, les mena contre l’ennemi. » Enfin, Appien, après avoir décrit le contexte de cette punition de manière très évasive, confirme lui aussi la décimation en exagérant le nombre des victimes : « Il fit décimer son armée entière, et fit égorger environ quatre mille de ses soldats, sans aucun égard pour le nombre. » Comme on peut le constater, les chiffres diffèrent d’un auteur à l’autre. Pour Appien, l’armée entière a été décimée. Cette allusion assez vague suggère que toutes les troupes de Crassus sont concernées. Si l’on admet l’hypothèse que ses légions comptent de 30 000 à 40 000 hommes, la décimation frapperait donc 3 000 ou 4 000 hommes. De toute évidence, ce chiffre est très excessif. Crassus sacrifierait ainsi 10 % de ses légionnaires alors que les Romains doivent affronter, aux portes de Rome, un adversaire supérieur en nombre. En réalité, seules les deux légions confiées à Mummius ont pris part à l’engagement et à la débâcle. Les quatre autres légions demeurées avec Crassus n’avaient aucune raison d’être sanctionnées. Comme souvent, le témoignage d’Appien doit être pris avec prudence. En revanche, pour Plutarque, Crassus ne punit qu’une seule cohorte, soit 500 hommes. Ce chiffre semble beaucoup plus crédible : le préteur fait ainsi peser la peine sur les principaux coupables, à savoir la cohorte qui a perdu pied. Ce chiffre n’est en outre pas cité au hasard, puisqu’il correspond au nombre de soldats composant ce type d’unité. Dans le système opérationnel d’une légion, la cohorte est une composante importante. Au combat, cette formation peut avancer ou reculer de manière autonome suivant la résistance relative de l’ennemi. Si la légion est souple, elle nécessite en revanche une grande fermeté de chacune de ses composantes. Qu’une cohorte placée en pointe du dispositif se débande et toute l’armée peut être emportée. En continuant sa poussée l’ennemi peut pénétrer au cœur de la légion en y semant la panique. L’affolement se propage alors très vite dans les rangs des autres cohortes assaillies sur leurs flancs. C’est certainement ce qui s’est passé au sein de l’armée de Mummius et il est donc logique de punir les premiers coupables. De plus, 50 hommes condamnés à une mort infamante suffisent à édifier une armée entière.
    Polybe, qui décrit en détail le fonctionnement de l’armée romaine de la République, nous instruit sur la décimation : « Le tribun prend un bâton avec lequel il ne fait guère que toucher le condamné, mais après lui tous les hommes de sa légion se mettent à le frapper et lui jeter des pierres. Dans la plupart des cas, l’homme est achevé dans le camp même, et si par hasard il en réchappe, il n’est pas sauvé pour autant. Comment pourrait-il l’être ? Il lui est en effet interdit de rentrer dans sa patrie et aucun membre de sa famille ne se risquerait à lui ouvrir sa porte. Ainsi, quiconque s’est mis dans un tel cas est dès lors un homme fini 85 . » Chaque condamné est confié à une cohorte ou une unité de

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