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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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Zinoviev…
    Le moment est en effet crucial. À la fin mars, au plus haut
point de l’avance de Koltchak à l’est, Denikine, au sud, a relancé son
offensive à partir de Rostov-sur-le-Don. Ses troupes, soutenues par les
cosaques brutalement réprimés au début de l’année par l’Armée rouge et dotées
de tanks et d’avions fournis par les Anglais, ont occupé en trois mois toute l’Ukraine.
L’Armée rouge harassée se disloque ; la moitié de ses soldats, affamés,
vêtus de loques, vont nu-pieds. « Tout le monde en Ukraine a un fusil et
des cartouches, sauf nos soldats [332]  »
affirme Trotsky au Comité central. Denikine prend Tsaritsyne le 19 juin et
y édicté le 3 juillet une directive dite de Moscou : sûr de prendre
la capitale dans quelques semaines, il ordonne aux trois armées blanches placées
sous ses ordres de converger sur elle à partir de Tsaritsyne, du Don et de
Kharkov. Elles avancent d’abord comme à la parade, prennent Orel, à 400 kilomètres
au sud de Moscou, puis, à moins de 200 kilomètres, assiègent Toula, le
principal arsenal de l’Armée rouge. Si Toula tombe, l’Armée rouge sera privée d’armement.
    À 500 kilomètres de là, à Budapest, la République des
Conseils hongrois, minée de l’intérieur, s’effondre sous l’offensive de l’armée
roumaine. Les défenseurs de la propriété privée se vengent : ils
écartèlent le dirigeant communiste Tibor Szamuely et dispersent ses membres et
son tronc aux quatre coins d’un domaine. Un peu plus tard, 5 000 communistes
sont pendus, fusillés ou déportés en Algérie, livrés au général Nivelle, le
massacreur du Chemin des Dames promu gouverneur. Bela Kun se vengera un an plus
tard en faisant fusiller en Crimée plusieurs milliers d’officiers blancs de
Wrangel, malgré la promesse de grâce qui leur avait été faite.
    Le 26 septembre, Lénine envoie à nouveau Staline sur le
front Sud. Il s’installe dans la petite ville textile de Serpoukhov, sur le
fleuve Oka, à 100 kilomètres au sud de Moscou. Affolé par l’avance de
Denikine, il râle, tempête, exige des moyens importants et menace plusieurs
fois de démissionner. Il vient régulièrement assister aux réunions du Bureau
politique qui, le 14 octobre, condamne son comportement. Il persiste et
signe. Le 15, dans une lettre à Lénine, il dénonce le quartier général, expose
son plan et conclut : « Si on n’y satisfait pas, mon travail sur le
front Sud serait absurde, criminel, inutile, ce qui me donne le droit ou plutôt
le devoir d’aller n’importe où, fût-ce au diable, mais de ne pas rester sur le
front Sud [333]  »
en pleine débandade. Ce même jour, le Bureau politique, auquel Staline assiste,
transforme la Russie soviétique en un camp militaire, et ordonne de recenser
tous les communistes militant dans les organisations sociales pour les envoyer
au front. Une semaine plus tard, les troupes de Denikine se désunissent,
reculent, puis détalent en désordre. La biographie officielle de Staline lui
attribue ce retournement. Après les défaites initiales dues à ce qu’elle
appelle la traîtrise désorganisatrice de Trotsky, « le Comité central du
Parti envoie Staline sur le front Sud pour y organiser la victoire ».
Confusion, désarroi, absence de plan stratégique, voilà ce que trouve sur le
front le grand capitaine de la révolution, qui chasse des états-majors « les
sous-ordres banqueroutiers de Trotsky » et remplace le plan opérationnel
en cours par « son plan de lutte à lui, qui tranchait le problème de façon
géniale. […] Staline déploya un effort titanesque. Il surveillait la marche des
opérations, corrigeait les fautes séance tenante, choisissait commandants et
collaborateurs politiques, dont il stimulait la lutte [334]  ». La
légende aura une suite inattendue. En 1942, un officier de la Wehrmacht
découvre dans une ville ukrainienne un ouvrage consacré à ces exploits de
Staline, que le général Halder fait traduire d’urgence en allemand. Selon l’historien
Gert Buchheit, le tracé du front sur le Don, devant Stalingrad, en 1942,
ressemblait beaucoup au tracé du front au même endroit en 1919, où, écrit-il, « la
X e  Armée rouge […] avait été refoulée par un adversaire
apparemment supérieur jusqu’à ce que Staline intervienne » et prenne des
mesures énergiques et géniales. « Le front de Denikine éclata exactement
au point où, en 1942, devait éclater le

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