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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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front allemand […] Halder… dut voir
dans le destin de Denikine une sorte de mise en garde [335] . »
    La légende efface les raisons sociales et politiques de ce
renversement. Denikine est un nationaliste russe obtus et rigide. Le mot même d’Ukraine,
qu’il ignore au profit du traditionnel et paternaliste « Petite-Russie »,
lui écorche la bouche, et l’ukrainien n’est pour lui qu’un patois. Son armée,
restauratrice d’un ordre abhorré, se comporte comme en pays conquis ; ses
subordonnés, Wrangel au double mètre hautain et le nabot adipeux Mai-Maievski,
aussi chauvins et fanatiques de l’Empire que lui, veulent, comme lui, rendre la
terre à leurs propriétaires historiques. Ils rudoient avec mépris la
paysannerie ukrainienne, qui se dresse bientôt contre eux et suscite une vague
de révoltes sur les arrières d’une ligne de front de plusieurs centaines de
kilomètres. L’Armée rouge réorganisée est dotée d’une première armée de
cavalerie commandée par Boudionny, qui décerne à Staline un diplôme d’honneur
de sa division. Elle voit revenir à elle des dizaines de milliers de
soldats-paysans déserteurs, contre-attaque à la mi-octobre et balaie en
quelques semaines les 150 000 soldats de Denikine, harcelés par les
détachements de l’anarchiste Makhno puis taillés en pièces par les charges de
la cavalerie de Boudionny.
    Au même moment, le 11 octobre, loudenitch, après avoir
restauré ses forces en Estonie, reprend son offensive sur Petrograd. Trotsky,
parti en toute hâte, déclare « en état de siège » la ville, encore
plus hagarde, affamée, agonisante et grouillante d’espions et de complots que
cinq mois auparavant. Les ouvriers épuisés se constituent en brigades pour
garder les abords et les carrefours de la ville. La contre-offensive repousse l’armée
de Ioudenitch en deux semaines.
    Les troupes de Koltchak, en Sibérie, connaissent le même
sort pour les mêmes raisons : traînant dans leurs fourgons les
propriétaires fonciers ou leurs héritiers, elles ne peuvent trouver d’appui
chez les paysans qui les haïssent ; à peine les Blancs, encadrés par des
officiers monarchistes qui les pillent et les rudoient, sont-ils installés chez
eux que les paysans oublient leurs griefs à l’égard des bolcheviks et se
révoltent. D’octobre à décembre, une vague d’insurrections paysannes inonde la
Sibérie ; Koltchak, dont les troupes se disloquent, fuit avec les
légionnaires tchèques qui le livrent aux insurgés d’Irkoutsk. Un comité
révolutionnaire composé de deux SR, deux bolcheviks et un menchevik le condamne
à mort.
    Sur le front Sud, malgré la retraite des troupes de
Denikine, Staline se plaint sans cesse. Le 6 novembre, au Bureau
politique, il intervient cinq fois pour protester : le comité militaire du
front n’a pas d’argent, la brigade de cavalerie de la 3 e  division
promise en renfort est toujours au Turkestan ; il faut placer le front
Ouest ukrainien sous ses ordres, nommer son vieux complice de Tsaritsyne, Minine,
à la tête de la Direction politique du front Sud-Ouest, lui envoyer 83 000 hommes
en renfort. Le Bureau politique répond de façon évasive. Staline menace alors
de démissionner par un télégramme audit Bureau, qui, le 14, confie à Lénine le
soin de lui faire savoir qu’il juge « absolument inadmissible d’appuyer
ses demandes fonctionnelles par des ultimatums et des annonces de démission [336]  ». Le
rugueux Staline n’accepterait de personne d’autre le rappel de cette règle.
    Son extrême méfiance s’étend aussi au domaine civil. Le 8 novembre,
il informe le Bureau politique de « fuites » sur les réunions du
Comité central dont des échos dénaturés parviennent aux adversaires des
bolcheviks. Le Bureau politique décide alors que seul « un nombre minimal
de camarades » pourra consulter les principaux documents des organismes
dirigeants et que les décisions les plus importantes ne seront pas inscrites au
procès-verbal officiel ; le secrétaire du Comité central, Krestinski,
devra les noter pour les garder en mémoire et veiller lui-même à leur
exécution.
    Le 29 décembre 1919, Staline quitte Tsaritsyne et
rentre à Moscou. Le 3 janvier 1920, l’Armée rouge prend la ville d’assaut ;
Staline revient alors en hâte au siège de l’état-major et signe la proclamation
du général Iegorov annonçant la victoire. Cette précieuse signature
authentifiera plus

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