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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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Trotsky le traître masqué puis démasqué et de Staline le sauveur
suprême. On en est loin à l’époque. Le 20 octobre 1920, après deux
ans et demi de guerre civile, le chef de la Tcheka crée une direction spéciale
chargée de la protection des principaux dirigeants. On en recense trois en tout
et pour tout : Lénine, Trotsky et Dzerjinski. La vie de Staline n’est pas
encore l’objet de soins attentifs… [361] [362]

CHAPITRE X
La retraite
    La déroute polonaise se conjugue avec une crise larvée, puis
ouverte, du communisme de guerre. Dès l’été 1918 et jusqu’à la fin de
1920, la guerre civile a dominé la vie politique, économique et sociale du
régime. Le communisme de guerre, marqué par la militarisation générale de la
société, impose sa marque à toutes ses institutions : tout y est
subordonné à l’effort de guerre et à l’entretien en armes, en vêtements, en
bottes et en alimentation d’une armée qui rassemble – déserteurs compris –
près de 5 millions d’hommes, dont moins d’un cinquième sont opérationnels
en même temps. Du coup, l’activité productive non directement liée à ses
besoins s’effondre et la population meurt de faim. Pendant l’hiver 1920,
la ration alimentaire quotidienne la plus élevée, celle d’un ouvrier occupé à
des travaux pénibles, est de 225 grammes de pain, 7 grammes de viande
ou de poisson (d’ordinaire pourri), et 10 grammes de sucre – soit
moins que la ration de base du futur Goulag.
    Le communisme de guerre est, selon Trotsky, « une
réglementation de la consommation dans une forteresse assiégée [363]  », fondée
sur la réquisition systématique de toute la production agricole. Cette
réquisition suscite la résistance de larges couches de la paysannerie et la
formation de bandes insurrectionnelles, dites « armées vertes », qui
se battent contre les Rouges, et plus encore contre les Blancs, et exigent
avant tout de disposer librement de leur récolte et de leur bétail. Mais le
communisme de guerre tend petit à petit à s’émanciper de la nécessité qui l’a
vu naître. Le gouvernement tente en effet de transformer cette réglementation
contingente d’une consommation déclinante en une organisation totale de la
production et de la consommation. Cette tentative utopique de passer du
communisme de guerre au communisme tout court dans la pénurie, le dénuement et
la ruine généralisés ne pouvait évidemment qu’échouer.
    Pour survivre et pallier la ruine d’ensemble et la
désorganisation généralisée de la production, le régime tente, dès 1918, d’imposer
l’obligation du travail. Trotsky la justifie dans Terrorisme et communisme. Les machines s’usent, écrit-il, le matériel roulant se détériore, la guerre
civile a détruit les voies ferrées, les ponts, les gares, or la Russie
soviétique ne peut recevoir de machines de l’étranger ; et comme, par
ailleurs, elle ne produit quasiment pas d’articles manufacturés, n’a ni
marchandise ni outillage à vendre au paysan, la main-d’œuvre indispensable aux
activités élémentaires (déblaiement des voies ferrées, extraction du charbon,
travaux de construction) ne peut être mobilisée par le versement de salaires
puisque l’argent, faute de marchandises, ne vaut plus rien : elle ne peut
donc être fournie que par le travail obligatoire, ce qui suppose la coercition.
Staline, d’accord mais prudent, se garde de justifier par écrit le travail
forcé.
    L’échec du système apparaît à certains dirigeants bolcheviks
dès le début des années 1920. En janvier, le VIII e  congrès
des soviets décide donc de remplacer les réquisitions par un impôt laissant aux
paysans la libre utilisation de leurs surplus. Mais Lénine, pour qui le
commerce libre engendre le capitalisme, fait annuler la résolution. En février 1920,
Trotsky dénonce au Comité central « la politique actuelle de réquisition
des produits alimentaires [qui] provoque la décadence progressive de l’agriculture,
la dispersion du prolétariat industriel, et menace de désorganiser complètement
la vie économique du pays ». Il propose de la remplacer « par un
prélèvement proportionné à la quantité de la production […] établi de telle
façon qu’il soit néanmoins avantageux d’augmenter la surface ensemencée ou de
mieux la cultiver [364]  ».
Lénine l’accuse de faire le jeu des koulaks, et sa proposition est repoussée
par 11 voix

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