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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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main sur les
biens publics, et recourent à la violence, au fouet et aux coups de poing pour
régler le plus petit problème [368] . »
Les mineurs du Donetz pensent la même chose. Les privilèges réels et ces mœurs,
enflés par la rumeur, alimentent les dénonciations enflammées de tracts
anonymes contre les « dirigeants qui se promènent dans de brillants
phaétons, fiacres et voitures », entourés de « hordes de laquais »,
« mangent grassement et dorment tranquillement, et, loin de penser aux
masses populaires, veulent encore plus de privilèges ». À Petrograd, le
bruit court que Larissa Reisner, l’épouse de Raskolnikov, imitant Poppée et ses
bains de lait, prend des bains de champagne. C’est faux, mais elle vit bien.
    Ces privilèges émeuvent le Parti. Au plénum du Comité
central de la mi juillet 1920, Preobrajenski pose le problème de l’inégalité,
dénonce un certain nombre de privilèges, de malversations, d’abus, et fait
adopter au début d’août son point de vue par le Bureau politique. Ce même mois,
la IX e  conférence nationale du Parti désigne une commission d’enquête
sur les inégalités. Un additif secret de la résolution publique concerne les « privilèges
des occupants du Kremlin [369]  ».
La commission dispose de pouvoirs exceptionnels d’investigation. Ses trois
membres (dont Ignatov, dirigeant de l’Opposition ouvrière) remettront leur rapport
le 2 mars 1921 et chercheront à le faire discuter au X e  congrès,
mais les insurgés de Cronstadt, dont le soulèvement dure jusqu’à la fin du
congrès, dénoncent au même moment les « privilèges des commissaires ».
Le congrès peut dif ficilement combattre la révolte et la nourrir en même temps…
    La commission confirme l’existence au Kremlin de privilèges
réels bien qu’assez modestes. Le siège du pouvoir comporte deux cantines, l’une
à l’usage du Comité exécutif central des soviets, l’autre à celui du Conseil
des commissaires du peuple et du Comintern. Au repas de midi, un occupant de la
première a droit à 96 grammes de viande ou de gibier, 72 grammes de
gruau, de riz ou de pâtes, 8 grammes d’huile, de beurre ou de lard, celui
de la seconde respectivement à 282, 128 et 24 grammes, et l’un et l’autre
ont droit à 12 grammes de sel (s’ils n’ont reçu ni huile, ni beurre, ni
lard). En 1920, 1 112 civils vivent au Kremlin, 183 membres du
Parti et 929 sans-parti. La majorité bénéficie des rations du Comité exécutif.
Les trois rapporteurs proposent de réduire la surface de la plupart des
appartements occupés par des dirigeants en divisant les grandes pièces, et de
réviser sensiblement les normes de ravitaillement, surtout celles des malades,
qui reçoivent en plus 2 œufs et 1 livre de pain par jour, étant donné
le grand nombre de « malades permanents, dont l’existence suscite le
mécontentement et l’indignation légitimes des masses travailleuses [370]  ».
    Les marins-paysans de l’île de Cronstadt, dans le golfe de
Petrograd, qui se soulèvent le 1 er  mars élaborent un programme
en quinze points, assez proche de celui de Tambov : réélection des
soviets, liberté de parole pour tous les partis socialistes, suppression des
barrages routiers, abolition des détachements de combat communistes, liberté
totale pour le paysan qui ne recourt pas à la main-d’œuvre salariée, liberté du
commerce. Une partie des communistes de l’île soutient cette plate-forme, dont
la devise devient : « Les soviets sans communistes », formule
pourtant absente du texte. La révolte est écrasée après dix jours de combats
furieux.
    Malgré les révoltes paysannes de Tambov et de la Sibérie
occidentale, la guerre civile tire à sa fin. Le bilan est accablant : l’Armée
rouge a perdu 980 000 hommes, dont les deux tiers ont succombé à des
blessures mal soignées, au manque d’hygiène et de médicaments, à la faim, au
froid, à la gangrène, au typhus, à la dysenterie. La majorité des six millions
de morts de la population civile ont péri pour les mêmes raisons. Des millions
d’orphelins miséreux ravagés de poux hantent les villes en ruine ; la
démobilisation de l’armée jette sur le pavé des hordes de soldats-paysans sans
travail. Le pays est exsangue. La famine rôde.
    Au X e  congrès du parti bolchevik, réuni du 8
au 16 mars, Lénine insiste sur l’isolement des communistes au pouvoir, le
Parti étant suspendu

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