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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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contre Trotsky,
Staline, une fois encore en retrait, n’intervient qu’une seule fois avec un
article mesuré, intitulé « Nos divergences ». Prenant de la hauteur,
il distingue, dans une parodie de synthèse, « la méthode de la contrainte
(méthode militaire) et la méthode de la conviction (méthode syndicale) »,
mais, dit-il, la contrainte comprend des éléments subordonnés et auxiliaires de
conviction, laquelle à son tour renferme des éléments de contrainte tout aussi
subordonnés et auxiliaires… [366]
    Le 6 janvier 1921, sur proposition de Zinoviev,
les communistes de Petrograd demandent que les élections au Comité central se
fassent non plus sur la base des listes de candidats proposées par les
délégations régionales, mais à partir des votes sur les plates-formes
syndicales. Cela revient à programmer l’élimination de plusieurs signataires de
la plate-forme minoritaire de Trotsky. Le 12 janvier, le Comité central
adopte la proposition. Lénine veut donner une leçon aux initiateurs d’une
discussion à ses yeux malencontreuse dans un pays en lambeaux. L’État ne
perçoit plus les impôts qui, en janvier, représentent seulement 1 % de ses
recettes ; l’émission de papier-monnaie, dont le coût de production
dépasse la valeur réelle, fournit les 99 % restants. La production de
fonte représente 2 % de celle d’avant-guerre, celle de l’acier 2,4 % ;
dans certaines régions, le bois est le seul combustible d’une industrie
essentiellement artisanale. Un million d’ouvriers, affamés et absents la moitié
du temps, travaillent dans des usines aux machines vieillies, rafistolées au
petit bonheur, dont les pièces et la moitié de la production se trafiquent au
marché noir. En ce mois de janvier, les grèves secouent Petrograd, Moscou, la
province.
    C’est au cours de ce sinistre mois de janvier que Nadejda
Alliluieva met au monde son premier enfant, Vassili. L’appartement du Kremlin
est à nouveau un peu étroit, d’autant que, la guerre civile s’achevant, Staline
s’y trouve plus souvent. Il en demande un autre plus grand. Bien que son vieil
ami Abel Enoukidzé gère la répartition des appartements et malgré ses titres,
les choses traînent en longueur. Nadejda n’avait pu militer pendant sa
grossesse. La commission d’épuration du parti de son arrondissement l’exclut « pour
absence totale d’intérêt pour la vie du Parti [367]  ». Staline
n’intervient pas. Lénine demande la réintégration de l’exclue, mais ne parvient
à la faire réadmettre que comme simple stagiaire, contrainte de faire ses
preuves. Elle ne retrouvera son statut de membre titulaire qu’en 1924. Le parti
bolchevik ne vit pas encore à l’heure des chefs.
    Depuis décembre 1919, par une décision « archisecrète »,
selon le vœu de Lénine désireux d’éviter les remous dans un parti à la base
très égalitariste, une ration spéciale dite « académique » est
attribuée à 500 savants et spécialistes divers, étendue au cours de l’été 1920
aux responsables des quatorze commissariats du peuple, du Conseil supérieur de
l’économie nationale, du Conseil central des syndicats, à la Direction des statistiques
et aux membres de leurs familles (avec un maximum de quatre rations). À la fin
de 1920, 18 000 cadres politiques, savants, techniciens supérieurs et
spécialistes, en majorité non communistes, bénéficient de cette ration spéciale
qui leur permet de se nourrir et de travailler normalement. Elle est composée,
par mois, de 8 kilos de farine, 600 grammes de beurre, 1 litre d’huile,
200 grammes de thé, 400 grammes de sucre, 600 grammes de sel, 2 800 grammes
de gruau, 4 kilos de poisson (séché en général), 16 kilos de légumes
(en majorité des pommes de terre), 400 grammes de savon, 3 boîtes d’allumettes,
4 kilos de viande. Mais l’appareil considérera vite comme normaux ces
privilèges exceptionnels du temps de la guerre civile et voudra les pérenniser.
Ce sera l’une des premières mesures de Staline après son accession au poste de
Secrétaire général.
    Le monopole du pouvoir et la guerre civile facilitent le
développement de ces privilèges. La sœur du bolchevik Mouralov dénonce ainsi la
corruption des dirigeants de Stavropol dans le sud de la Russie : « Ici,
le mot communistes désigne des gens qui, avant tout, vivent bien, mangent à
satiété, ne font rien, boivent, ne se gênent pas pour mettre la

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