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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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(dont Staline) contre 4. Le communisme de guerre, qui
subordonne toute l’activité économique à l’État centralisateur, bien que
moribond, continue à déployer ses effets de façon presque mécanique : le 20 novembre
toutes les entreprises employant plus de cinq travailleurs, si elles ont un
moteur, ou plus de dix, si elles n’en ont pas, sont nationalisées.
    Trotsky essaie de rationaliser le fonctionnement de ce
moribond, entreprise condamnée d’avance et dont il paiera longtemps les
traites. Que faire des 3 millions de soldats démobilisables dans un pays
exsangue, dévasté, ruiné, où des fantômes d’ouvriers rôdent dans des fantômes d’usines,
et où 4 500 000 orphelins, affamés et pouilleux, errent dans les
villes et les campagnes ? Les renvoyer à la vie civile, c’est les
condamner au chômage et au banditisme. Le IX e  congrès du Parti
(29 mars-4 avril 1920), qui condamne la « désertion du
travail », reprend la proposition de Trotsky de les organiser en « armées
du travail », utilisées à la coupe du bois, aux travaux de réfection, d’entretien,
de reconstruction. On ignore ce qu’en pense Staline, muet, une fois de plus,
tout au long du congrès, sauf à huis clos au sein de la commission sur les
syndicats. Mais il vote pour. Huit armées du travail sont créées.
    La première Armée du travail restaure des kilomètres de
voies ferrées encombrées de wagons délabrés et de détritus divers, mais les
soldats, harassés, ne rêvent que de démobilisation et les paysans de liberté du
commerce. Une fois les armées blanches battues et la guerre avec le « Polonais »
terminée, la paysannerie ne supporte plus les réquisitions. Pendant la guerre
civile, elle avait défendu tantôt sa terre contre les anciens propriétaires,
tantôt ses intérêts, bafoués par les réquisitions alimentaires, contre l’Armée
rouge, la crainte du retour des anciens propriétaires la ramenant du côté des
bolcheviks. Mais une fois la guerre finie, assurée d’être définitivement
maîtresse de la terre, elle se dresse contre ces derniers. En novembre 1920,
dans la région de Tambov, près de 50 000 paysans armés de fourches,
de haches, de fusils, de mitrailleuses et même de canons se soulèvent sous la
conduite d’un jeune militant SR, Antonov. Si l’Union de la paysannerie laborieuse
appelle les paysans à « renverser le pouvoir des bolcheviks-communistes [365]  », les
émeutiers se dressent contre les réquisitions, pour la liberté du commerce des
grains, non contre le régime lui-même. Ces émeutes paysannes locales ou
régionales, sans véritable perspective politique, dégénèrent souvent en
pillages. Un parti pourrait les fédérer, mais face au soulèvement de Tambov,
les SR eux-mêmes se divisent entre le soutien et l’abstention, alors que le
sort du régime ne tient qu’à un fil.
    La crise suscite dans le parti bolchevik une discussion
fiévreuse autour du rôle et du devenir des « syndicats » dans le
communisme de guerre. Trotsky, poussant jusqu’au bout la logique du système,
veut transformer les syndicats en organisations groupant les travailleurs pour
la production et luttant pour l’augmentation de la productivité du
travail ; il propose à cette fin de « secouer » la direction des
syndicats et d’en nommer les responsables. Il résume ses propositions par le
slogan « militariser les syndicats », expression que ses adversaires,
dont Staline, utiliseront à loisir contre lui à partir de 1923, quand il
opposera la démocratisation à la bureaucratisation galopante du Parti. Les
plates-formes fleurissent autour de cette question au moment où le communisme
de guerre agonise : celle de Trotsky et Boukharine, celle du centralisme
démocratique, celle de l’Opposition ouvrière, dirigée par Chliapnikov,
Medvedev, le président du syndicat des métallurgistes, Kisselev, le président
du syndicat des mineurs, et Alexandra Kollontai, qui réclame le transfert de la
gestion de l’économie aux syndicats et dénonce la bureaucratisation du Parti,
enfin la plate-forme dite des « Dix » (membres du Comité central) de
Lénine, Zinoviev et Staline.
    Depuis longtemps, ces deux derniers cherchaient à persuader
Lénine que Trotsky rassemblait des hommes contre lui, comme avant la guerre. La
« querelle syndicale », à l’occasion de laquelle chacun peut compter
ses partisans, leur permet de le convaincre. Dans la bataille publique

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