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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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aux délégués que tous les
postulants étaient d’égale valeur. Staline avait pris son bulletin et l’avait
glissé dans l’urne sans y jeter un regard. Mais beaucoup de délégués avaient
rayé, individuellement ou par petits groupes, divers noms.
    S’appuyant sur le procès-verbal officiel des résultats
proclamés au congrès, selon lesquels il ne manqua à Staline que 3 voix,
Alla Kirillina conteste la mésaventure électorale de Staline. Il faut être bien
naïf pour prêter foi à ces documents contrôlés ou fabriqués par l’appareil.
Kirillina ajoute : s’il avait vraiment manqué 300 voix à Staline,
Khrouchtchev s’en serait souvenu. Mais ce jeune promu ne pouvait connaître que
le résultat officiel. Les témoignages de survivants confirment l’existence de
ces bulletins rayés : l’un d’eux se souvient que Staline fut rayé « 123
ou 125 fois [737]  ».
Or, Khrouchtchev le soulignera plus tard : ceux qui ont voté contre
Staline ne se recrutaient pas parmi les jeunes délégués promus par lui [738] .
    Une opposition souterraine s’est en effet manifestée à ce
congrès. Si la vision d’un Bureau politique divisé entre durs (Staline, Molotov,
Kaganovitch, Vorochilov) et libéraux (Ordjonikidzé, Kirov, Kouibychev) est une
invention hasardeuse de kremlinologues en mal de simplification, l’existence
dans la bureaucratie dirigeante et au sein du Parti d’un courant favorable à la
détente, après les dures années de la collectivisation, ne fait pas de doute.
Et c’est d’ailleurs pour feindre de la satisfaire que Staline a donné au
congrès la parole aux anciens opposants repentis et qu’il a placé sur la liste
des suppléants du Comité central Rykov, Boukharine et Tomski, dont le nom a
toujours valeur de symbole. Molotov conteste cette version des faits, mais
évoque l’existence d’un groupe opposé à Staline, même s’il en nie l’importance
et le sérieux. Il évoque ainsi le récit que lui fit Ovanessov, vétéran
bolchevik arménien qui haïssait Staline : Cheboldaiev, le secrétaire du
Caucase du Nord, avait réuni une dizaine de délégués « assez en vue pour
cette époque », mais dont Molotov ne se rappelle pas tous les noms. Au
cours d’une suspension de séance, ils organisèrent une réunion dans un coin de
la salle du congrès et proposèrent à Kirov d’avancer sa candidature au poste de
Secrétaire général. Kirov les rabroua : « Arrêtez de dire des bêtises !
Secrétaire général, moi ? Vous voulez rire ! » Molotov voit en
eux des « instables [739]  ».
Peut-être, mais ces instables étaient nombreux et Staline n’était pas homme à
les ignorer. Lev Chaoumian, délégué au congrès, confirmera, en mars 1964,
dans la Pravda, que « certains délégués, surtout ceux qui se
souvenaient du Testament de Lénine », commençaient à penser « qu’il
était temps d’enlever à Staline le poste de Secrétaire général pour le
transférer à une autre fonction [740]  ».
Ces « vieux cadres léninistes » entravaient sa dictature.
    Qu’un secrétaire de comité territorial du Parti organise une
réunion de fraction dans un coin de la salle du congrès, donc de façon visible,
« avec des militants assez en vue », pour proposer un candidat contre
Staline, révèle un malaise profond dans l’appareil. L’inventeur de faux
complots abracadabrants ne pouvait que prendre au sérieux celui-ci, dont le
caractère affiché traduisait la naïveté de ses auteurs. Staline dut
certainement s’interroger : pourquoi avaient-ils choisi Kirov contre lui ?
Quel motif les avait poussés à ce choix ? L’ami fidèle jouait-il un double
jeu ?
    Trois ans plus tard, dans son numéro de décembre 1936-janvier 1937,
la revue menchevique Le Messager socialiste publiera une prétendue « Lettre
d’un vieux bolchevik », rédigée par son rédacteur en chef, Boris
Nicolaievski, sur la base de ses conversations de 1936 à Paris avec Nicolas
Boukharine. La lettre en question présente Kirov comme le dirigeant d’une
opposition libérale à Staline, partisan d’une alliance avec les démocraties, de
l’abolition de la terreur et d’une réconciliation avec les anciens opposants.
Elle s’appuie sur le récit fantaisiste d’une réunion du Bureau politique du 16 octobre 1932,
où Kirov se serait opposé à la proposition de Staline de faire fusiller
Rioutine, mais à laquelle il n’a, en fait, pas assisté. En

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