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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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la vie politique, il lui répond : « Je
ne peux pas y aller. Nous ne nous réunissons plus pour régler des affaires mais
pour nous battre la coulpe en jurant fidélité à Staline [805] . »
    L’arrestation à la mi-mai d’un personnage peu connu,
Holtzmann, donne une impulsion nouvelle à la préparation du procès. Ce
Holtzmann avoue avoir servi d’intermédiaire en 1931 et 1932 entre Trotsky et
Ivan Smirnov, l’ancien trotskyste repenti redevenu opposant au début de 1931.
Staline apprend alors qu’en 1932 un bloc d’opposants s’était formé, qui peut
renaître à tout instant. Il décide de l’écraser préventivement en le dénonçant
comme une entreprise terroriste et d’espionnage qui aurait transmis des
renseignements à la Gestapo en Allemagne. Même Iagoda est surpris par l’ampleur
inattendue de la machination, au point de noter sur des aveux extorqués par la
torture, l’intimidation ou les fausses promesses : « Pas vrai »,
« mensonge » « foutaises », « du vent », « impossible [806]  ». Le chef
du NKVD scelle ainsi son propre sort.
    Staline confie alors la direction des opérations à Iejov,
qui convoque dans sa datcha le chef-adjoint du NKVD, Agranov, pour une réunion
que ce dernier qualifie lui-même de « conspiratrice », c’est-à-dire
organisée à l’insu de Iagoda et du Bureau politique. Il lui transmet, dit-il, « les
indications de Staline sur les fautes commises par l’instruction dans l’affaire
du centre trotskyste », et il lui ordonne « de prendre les mesures
permettant de découvrir le centre trotskyste […] et le rôle personnel de
Trotsky dans cette affaire [807]  ».
Iejov dira au Comité central de février-mars 1937 : apprenant que
Moltchanov, adjoint de Iagoda, refusait de croire aux liens des terroristes et
de Trotsky avec la Gestapo, « Staline sentit que quelque chose clochait
dans cette affaire ; il me confia sa prise en charge et me fit nommer […]
pour contrôler l’instruction [808]  ».
Que les dirigeants du NKVD eux-mêmes traînent les pieds pour monter le procès
truqué dont Staline a besoin, souligne que tout le vieil appareil hérité de la
révolution, bien que dégénéré et vingt fois purgé, n’est pas fiable. Staline
doit donc à la fois briser la résistance sourde d’une partie de la population,
décimer de fond en comble le parti qu’il dirige et renouveler totalement son
appareil pour mieux se l’asservir.
    Le 19 juin 1936, Iagoda et Vychinski remettent à
Staline une liste de 82 trotskystes accusés d’appartenir à une
organisation antisoviétique terroriste. Mais Staline veut un procès mettant en
cause l’action concertée des « zinoviévistes », qui n’existent plus,
et des trotskystes, toujours actifs. Il charge Iejov d’en informer les
dirigeants du NKVD. À la fin juillet, Iejov envoie à Staline un projet de
lettre confidentielle aux organisations du Parti. Staline le corrige et ajoute
que n’a pas encore été à ce jour « découvert le rôle des trotskystes dans
l’assassinat de Kirov » et que « les zinoviévistes ont mené leur
activité terroriste en liaison directe avec Trotsky et les trotskystes [809]  ».
    Certains accusés, déjà laminés par des arrestations et des
procès antérieurs, tels Kamenev et Zinoviev, craquent vite. D’autres résistent,
comme Smirnov, qui poursuit une grève de la faim pendant treize jours. Le NKVD
recourt à tous les moyens pour les faire céder, coups, menaces contre la
famille, etc. Ainsi, le NKVD menace la femme de Smirnov, Safonova, si elle « n’avoue »
pas, de la passer à tabac, d’arrêter sa sœur et de déporter ses enfants.
Kamenev espère sauver ses trois enfants en « avouant ». Un accusé qui
ne figure pas au procès, l’ancien Secrétaire général de l’Internationale des
Jeunesses communistes, Chatzkine, se plaint dans une lettre à Staline, restée
sans réponse, que l’enquêteur lui ait déclaré : « Nous vous forcerons
à avouer que vous êtes un terroriste et vous le réfuterez dans l’autre monde [810]  », et lui ait
présenté un procès-verbal de ses aveux prétendus tapé à la machine en lui
déclarant : Ou vous signez ou on vous fusille sans jugement.
    Le 18 juillet 1936, en Espagne, les généraux se
soulèvent. Le gouvernement républicain, alerté, n’a pris aucune mesure
préventive. Les ouvriers et les paysans s’emparent des armes que le
gouvernement rechigne à leur donner

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