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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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Wehrmacht
qu’un choc incertain avec l’armée tchécoslovaque affaiblirait. Mieux vaut, au
nom de la paix, sacrifier la Tchécoslovaquie démocratique aux appétits de
Hitler, dans le dos de l’URSS. L’accord est signé le 30. Dès que l’annonce en
parvient à Moscou, Staline réunit dans la salle à manger de son appartement,
située juste en dessous de son bureau du Kremlin, les membres du Bureau
politique avec Litvinov. Attablés de dix-huit heures à minuit, les oligarques
évoquent l’effondrement de la politique de sécurité collective avec les
démocraties menée depuis quatre ans. Staline, inquiet, la poursuit encore
quelques mois en tournant de plus en plus ses regards vers Berlin.
    Quel est le bilan provisoire de la Terreur ? Molotov
explique, quarante ans plus tard : « Nous devions passer par une
période de terreur […] parce qu’alors on n’avait pas le temps, on n’avait pas
la possibilité de faire toute la lumière [948] . »
La répression ne pouvait « admettre lenteur ou retenue », car « le
groupe des trotskystes, extrêmement hostile au léninisme, a passé toutes les
bornes et s’est déchaîné ». Molotov s’embrouille sur l’« entente »
entre les opposants et les gouvernements étrangers pour démembrer l’URSS. Il n’y
croit pas, il « l’exclu[t] totalement », mais soutient, un peu plus
tard, que l’accusation portée contre Trotsky et Boukharine d’avoir négocié avec
les impérialistes « été incontestablement prouvée » par des
documents, il est vrai, peut-être fabriqués, ajoute-t-il [949] . En fait, dit
Molotov, le NKVD et Iejov ont à la fois simplifié et amplifié la réalité des
faits et mélangé vérité et exagération, voire affabulation.
    En réalité, reconnaît-il, la répression visait à consolider
le pouvoir du groupe dirigeant : en n’épargnant personne, Staline voulait « garantir
des positions solides pendant et après la guerre, pendant une longue période ».
Il répète inlassablement que, sans la répression, certes entachée de « certaines
exagérations inévitables, quoique sérieuses », les discussions et conflits
d’idées auraient pu perdurer et déboucher sur une bataille interne jusque
pendant la guerre, ce qui aurait été évidemment très dommageable. Pourquoi y
aurait-il eu des luttes intestines au cours de la guerre ? Il ne le dit
pas, mais la suite le suggère : Staline est terrorisé à l’idée d’une
guerre, qu’il ne sait comment affronter après la liquidation du corps des
officiers. Ce faisant, il a toutefois préservé l’essentiel pour lui : il
est désormais irremplaçable. Cela le sauvera, lorsqu’il cédera pendant
plusieurs jours à la panique, en juin 1941. Tout en assimilant, à son
habitude, le groupe dirigeant à l’Union soviétique, Molotov laisse échapper les
véritables motifs de Staline et de son entourage : « Bien sûr les
exigences venaient de Staline, bien sûr on a forcé la note, mais je considère
que tout cela était admissible en vue de l’essentiel : conserver le
pouvoir [950] . »
On croirait entendre la voix même de Staline, trop prudent pour s’exprimer avec
cette franchise sur les raisons de la Grande Terreur.
    Si profond qu’ait été le goût de Staline pour le pouvoir, l’explication
de Molotov est un peu courte. Elle ne répond pas à la question : le
pouvoir dans l’intérêt de qui et pour quoi ? Le lieutenant de la Sécurité
d’État, Mechik, que Beria nommera en 1953 ministre de l’Intérieur de l’Ukraine,
et qui sombrera peu après avec lui, donne une réponse. Lorsqu’il interroge l’ancien
Secrétaire général des Jeunesses communistes, Miltchakov, il laisse un instant
de côté le rituel de la trahison, du sabotage, de l’espionnage et de l’entente
avec la Gestapo, l’Intelligence Service et les services secrets japonais. Il
lui explique que l’Union soviétique change de régime et que les gens de sa
génération ont fait leur temps : « La situation a changé. Il nous
faut un nouveau régime renouvelé et avant tout un pouvoir fort, dirigé par un
"patron" fort. L’époque de Staline est arrivée, et avec lui de
nouveaux individus qui occupent toutes les positions dans l’appareil. À l’avant-garde
marche la garde de Staline, les tchékistes […] nous sommes un parti dans le
Parti. Nous nettoierons du Parti la moitié de cette camelote, de cette
prétendue "vieille garde" et des gens liés à ces

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