Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
Vom Netzwerk:
vieillards, ces
types aux opinions d’un autre âge. Nous avons déjà chassé un million de membres
du Parti… Les autres seront rééduqués […]. Ils prendront vos places dans tous
les appareils et apprécieront la confiance qui leur est faite [951] . » Ce jeune
lieutenant du NKVD répète ce que ses supérieurs lui ont expliqué. Les « opinions
d’un autre âge », c’est la révolution mondiale, l’égalitarisme, le rôle
historique de la classe ouvrière.
    L’historien anglais Robert Conquest reprend en gros l’explication
de Mechik, qu’il ne connaissait pas encore. Pour lui, Staline voulait « créer
un parti entièrement nouveau », stalinien, sur les ruines de l’ex-parti
bolchevik, et « une classe sociale privilégiée, [qui] n’avait aucun droit
de propriété sur les moyens de production [952]  ».
Boris Souvarine qualifie la période 1934-1939 de « contre-révolution »
aboutissant à la « liquidation de l’archéobolchevisme [953]  ». Pour l’ancien
Premier ministre de Boris Eltsine, Egor Gaïdar, la Terreur marque l’avènement d’une
nouvelle couche dirigeante, la « nomenklatura », qui « accéda
aux premiers rôles en 1937 » et dont le souci premier, dit-il, est de
réaliser non une « accumulation primitive » du capital, mais sa « consommation
primitive maximale [954]  »,
d’où sa volonté farouche d’élargir ses privilèges sociaux. La purge n’a aucun
fondement idéologique : aucun motif de cet ordre ne peut expliquer le
remplacement de Iejov par Beria, la liquidation d’Eikhe ou de Tchoubar, la
promotion de Malenkov ou de Voznessenski.
    Le 6 décembre, Staline adresse un signal clair aux
survivants de la tempête : il fait libérer Andrei Sverdlov, téléphone
lui-même à sa mère pour lui annoncer la nouvelle, l’informe que les
responsables de son arrestation seront sévèrement punis, et fait recruter par
le NKVD le suspect libéré qui passe subitement de l’autre côté de la barrière.
Deux jours plus tard, Iejov est libéré de ses fonctions et remplacé par Beria
au poste de commissaire à l’Intérieur (NKVD). Ce limogeage engendre des
illusions. En janvier 1939, plusieurs responsables locaux du Parti
reprochent au NKVD de maltraiter ses victimes. Staline, dans une lettre aux
secrétaires des Comités centraux de Républiques et de régions du Parti, aux
commissaires du peuple et aux chefs des sections régionales du NKVD, explique
qu’il est « obligatoire de continuer à appliquer les méthodes de pression
physique, admises par le Comité central [955]  ».
Quatre jours après la disgrâce de Iejov, il a d’ailleurs clairement montré que
la répression, régulée, ne cessait pas pour autant, en faisant arrêter Mikhail
Koltsov, la coqueluche de l’intelligentsia stalinienne.
    Dans un rapport au Bureau politique de janvier, Beria,
docile instrument de Staline, se demande s’il n’est pas « temps de moins
arrêter de gens car bientôt il n’y aura plus personne à jeter en prison ».
Le Comité central de février 1939 lance un signal rassurant aux nouveaux
promus : il condamne les « excès » et les « abus » du
NKVD de Iejov, dont Beria fait fusiller plusieurs centaines de collaborateurs.
En mars 1939, au XVIII e  congrès du Parti, qui élit Beria
membre suppléant du Bureau politique, Staline déclare : « Nous n’aurons
plus à employer la méthode de l’épuration massive [956] . » Massive,
non, mais permanente, oui. Khrouchtchev précise : « La terreur était
simplement devenue plus subtile et plus sélective [957] . » À la
saignée Staline substitue la tension permanente et l’axe de la répression se
déplace : elle se détourne du Parti vers la masse des ouvriers.
    Staline, après avoir envisagé et abandonné le procès du
Comintern, puis des diplomates, semble préparer un procès d’écrivains et d’artistes
« traîtres ». C’est sans doute à cette fin qu’il a fait arrêter
Mikhail Koltsov. Menchevik pendant sa jeunesse, Koltsov a multiplié les gages
de fidélité à Staline. Correspondant de la Pravda en Espagne pendant la
guerre civile, il y a appliqué sa politique avec une docilité qu’Hemingway
souligne dans le portrait qu’il en fait dans Pour qui sonne le glas, sous les traits du cynique Karpov. Le 12 décembre, il lit, à l’Union des
écrivains bondée, un rapport sur le Précis d’histoire du parti bolchevik. Lyrique, il annonce, sous les

Weitere Kostenlose Bücher