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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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rue et arrêtent une centaine de participants,
aussitôt incarcérés. L’un des rares ouvriers socialistes de la ville,
Kandelaki, consulte Koba. Convaincu que les soldats ne tireront pas, celui-ci
propose aux ouvriers de se rendre en masse à la prison pour réclamer la
libération de leurs camarades et, en cas de refus, les invite à demander à être
arrêtés eux aussi.
    Le 9 mars, un long cortège se dirige vers la prison. Le
commandant de l’armée fait jeter 400 manifestants dans les geôles déjà
pleines à craquer. L’indignation gagne alors la population ouvrière de la
ville. Le lendemain, une colonne de 3 000 personnes arrive devant la
prison. Les officiers leur ordonnent de se disperser. Les manifestants
refusent, jettent des pierres sur les soldats qui tirent : 14 tués et
54 blessés. Koba, installé, selon Barbusse, « comme une cible à la
tête de la manifestation [96]  »,
n’est pas même égratigné. En fait de cible, nul ne l’a vu, sauf un commissaire
de police dont les juges rejetteront le témoignage. La police arrête près de 500 personnes
et les renvoie dans leur village.
    Le 12 mars, des centaines de manifestants participent
aux funérailles des victimes. Au cimetière, Koba lit une déclaration
enflammée : « Honneur à vous qui avez sacrifié votre vie pour le
triomphe de la vérité ! Honneur au sein qui vous a nourris ! Honneur
à vous dont le front est orné de la couronne du martyre et qui, de vos lèvres
pâles et tremblantes, nous avez encouragés à poursuivre la lutte à l’heure de
votre agonie. Honneur à vous dont les ombres planent au-dessus de nous et
murmurent à nos oreilles : Notre sang crie vengeance [97] . »
    Cette grève sanglante deviendra mythique. Dans les années 1930,
Staline en sera proclamé l’inspirateur et le dirigeant génial. En 1937, le
dramaturge géorgien Chalvou Dadiani y consacrera une pièce, De l’étincelle (d’où, bien entendu, jaillira la flamme !), jouée alors dans trois
théâtres de Tiflis, puis dans une dizaine de théâtres en 1949 pour le 70 e  anniversaire
du Secrétaire général. De janvier 1950 à avril 1953, le musée des
Cadeaux de Staline (destiné à recueillir les innombrables présents reçus lors
de cet anniversaire) remplacera au musée des Arts figuratifs Rembrandt par
Verpkhadzé peignant L’Expulsion de Staline de Batoum en 1903 ou Malkov
exaltant La Manifestation de Batoum. Pour les mencheviks, Koba a
transformé la grève en une émeute condamnée à l’échec ; en emmenant les
grévistes désarmés à l’assaut de la prison, il a provoqué la tuerie et l’expulsion
de plus de la moitié des ouvriers de l’usine. Pour eux, le combat glorieux n’est
qu’un fiasco. En réalité, le mouvement fut une explosion spontanée de colère et
de rage que le comité social-démocrate de Batoum n’avait pas les moyens de
diriger et que, d’ailleurs, dans son rapport au congrès de juillet-août 1903,
il évoquera sans en revendiquer la paternité.
    Mais la police veut en profiter pour décapiter le comité. Le
5 avril, des cosaques et des sergents de ville cernent à minuit une maison
où vient de prendre fin une réunion d’ouvriers de l’usine Mantachev. Ils y
découvrent un manifestant blessé, Kandelaki, et Koba, qui prétend être arrivé
de Gori après le 9 mars pour prendre une place d’employé de bureau. Le
commissaire Tchikhvadzé affirme pourtant qu’il se trouvait ce jour-là dans la
foule des manifestants, et la police embarque les deux hommes.
    Du 5 au 19 avril 1902, Koba est interné dans la
prison nauséabonde de Batoum. Pour se fabriquer un alibi, il jette par la
fenêtre de sa cellule deux papiers maladroits, trouvés par un passant qui les
porte à la police. Le premier dit : « Sosso Djougachvili est arrêté.
Informer immédiatement Kéké Djougachvili pour que celle-ci dise, si les
gendarmes lui demandent la date du départ de son fils de Gori, que celui-ci est
resté chez elle tout l’été et tout l’hiver jusqu’au 15 mars [98] . » Le second
donne des instructions à un instituteur social-démocrate nommément désigné qui,
ainsi livré à la police, est bientôt arrêté. Pour le commissaire, un individu
désireux de se ficeler un alibi a joué un rôle important dans les troubles
ouvriers de Batoum.
    Le 19 avril, on l’envoie dans la prison vétuste de
Koutaïs, grosse bourgade au centre de la Géorgie. Politiques et droit commun y
sont

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